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[PM] Jeux de miroirs
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Message Posté Lun 7 Mai - 1:54.


Jeux de Miroirs
Bureau directorial de Beauxbâtons

★ noms des participants: Pénélope Courterois ¤ Matvei Sejdic
★ statut du sujet: Privé.
★ date: 21 août 2056.
★ heure: 21h45.
★ météo: Quelques nuages, brise fraîche.
★ saison: 2
★ numéro et titre de l'intrigue globale en cours: Prélude.
★ numéro et titre de l'intrigue en cours: Prélude.
★ intervention de dominus: Non.
★ récompenses: /





Dernière édition par Pénélope I. Courterois le Lun 7 Mai - 2:04, édité 2 fois
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Message Posté Lun 7 Mai - 1:59.

Il fait froid.

Août touche à sa fin, et pourtant un frisson s'acharne et s'obstine à te glacer. Là-bas, par la fenêtre ouverte de ton bureau, tu aperçois les rayons du soleil qui descend vers l'horizon. Une étrange impression t'étreint depuis plusieurs jours : comme si ta vie était devenue une longue succession de crépuscules enflammés, et qu'après leur défilé, il ne restera de toi que quelques cendres éparses.

La vérité, c'est que tu as peur. Peur d'hier, peur de demain – peur qu'on te fasse payer tes erreurs en t'empêchant de remplir ta mission envers tes élèves. Peur que tout s'effondre à nouveau, peur que tout s'écroule sous tes pas encore une fois. Peur pour Aubépine, peur pour Gaïa. Peur de croiser le regard clair de Matvei et de fondre en larmes devant ses reproches. Peur de croiser les yeux songeurs de William et d'y lire le mépris le plus profond.

Peur, tout simplement. Parce que tout ça, c'est trop, pour toi. Tu gardes ton poste, tu restes la directrice de Beauxbâtons – tes actes héroïques dans la bataille ont équilibré les longs mois de ta collaboration silencieuse, mais tu sais que tu n'as pas été pardonnée et que celle que l'on admirait autrefois sans partage est décriée aujourd'hui. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tout cela doit t'arriver, à toi ? Aubépine est saine et sauve et personne n'a pu faire le lien entre elle et toi, mais tu sais bien qu'un jour viendra où tout cela finira par se savoir. Est-elle préparée pour ça ? L'es-tu, toi ? Et Matvei, dans tout ça ?

Que va-t-il se passer à la rentrée ? Ces étudiants dont la moitié te hait quand l'autre t'adore, vont-ils te faire confiance à nouveau et se plier à ta gestion ? Qu'arrivera-t-il quand tes détracteurs croiseront tes partisans, quand ceux qui ont souffert sous un joug cruel et ont pâti de ta passivité s'opposeront à ceux qui t'ont vue se dresser entre la mort et eux ? Tu as peur, Pénélope, tu es même terrifiée en voyant la rentrée approcher. On attend de toi force et solidité, alors que tu te sens aussi fragile et vulnérable qu'un poussin nouveau-né.

S'enfuir, tout plaquer, partir loin et oublier. Idée tentante, le salut dans la fuite, s'installer quelque part où l'on ne te connaît pas, repartir de zéro et te bâtir une nouvelle vie, loin des mensonges, de la trahison et du chaos. La paix, pour toi, enfin, délivrée du poids de ces responsabilités qui t'étouffent peu à peu. Mais que penseront tes élèves ? Ceux qui s'en remettent à toi, ceux qui veulent encore une fois te confier leur vie et leur avenir, ceux qui ont déposé leur existence entre tes mains et attendent ta protection et ta présence ? Ceux-là seraient blessés irrémédiablement, et ne méritent pas de payer pour ta faiblesse. Non, pour ceux-là, pour Gaïa et ses pairs, tu ne peux pas partir, quand bien même l'envie t'en tenaille férocement.

Pensive, tu t'approches du battant ouvert de la fenêtre. La brise de la soirée est fraîche et tu frissonnes encore, mais la chaleur mourante du soleil te réchauffera encore quelques minutes. Alors, malheureuse et solitaire, tu t'accoudes à l'encadrement de bois et tu perds ton regard dans les nuages, oublieuse du reste du monde et de la pile de papiers à remplir sur ton bureau, sans même prêter attention à l'ouverture de la porte dans ton dos. La paix, au moins pour quelques instants... Juste un moment.
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Message Posté Mer 9 Mai - 7:42.
    La rentrée scolaire allait bientôt avoir lieu et ce n'était pas pour Beauxbâtons que Matvei était en France pour la deuxième fois de l'été, mais bien pour l'Université sur Vaux-les-Pins. Il avait une rencontre avec la rectrice de ce campus d'organisée, Malphéda Graymalkin l'accompagnant dans ce périple, pour mettre au point les dernières finalités avant la rentrée des étudiants. C'était un moment où il avait beaucoup trop de travail et sortir de son bureau, de l'Angleterre, lui faisait du bien. Il avait été en Russie, la semaine précédente, pour les mêmes formalités et parler avec Ivan-Petrov, la rectrice du campus de Dürmstrang, et dans quelques jours, il allait se rendre à Poudlard pour faire de même avec le recteur qui y siégeait. C'était exigeant, mais ça lui plaisait. Bien plus que de rester enfermé avec les dossiers sur les gobelins.
    Difficile de figurer à quel point parfois, ce travail l'ennuyait alors qu'au fond, il aimait bien être Ministre. Enfin, hors des guerres civiles et des tentatives de meurtre, il lui plaisait bien.

    Assis sur un banc au milieu de Vaux-les-Pins, le Ministre regardait l'Académie, qu'il pouvait voir au loin. Il savait que Pénélope était revenue, déjà, qu'elle avait passé tout l'été à reconstruire son école et à assister ceux qui étaient là. Il ne l'avait pas vue depuis la Bataille de la Troisième Tâche, il ne lui avait pas non plu parlé depuis. Il ne avait même pas s,il avait vraiment envie de le faire.
    Il devait le faire, par contre.
    Il se leva du banc et épousseta son pantalon, puis partit pour l'Académie. Des barques étaient encore disponibles pour descendre de L'autre côté de la rivière et il arriva en peu de temps aux portes de l'école de sorcellerie. L'Auror qui y montait la garde le fit entrer après un salut plus que respectueux. Il connaissait déjà la direction pour le bureau de Pénélope et il s'y rendit donc sans demander son chemin, souriant à peine aux professeurs croisés dans les couloirs. Le soleil mourait par les fenêtres ouvertes de l'école, son feu traçant durement ses traits fatigués par les nuits sans sommeil et le voyage.

    C'est devant la porte du bureau de Pénélope qu'il 'arrêta quelques minutes avant de frapper, puis d'entrer. Il n'avait déjà plus de souffle. La femme était appuyée à la fenêtre, le vent froid faisant légèrement bouger ses cheveux. Il resta planté là, les bras ballants, avant de s'avancer un peu plus et de se râcler la gorge pour discrètement annoncer sa présence. Sa voix était basse, un peu hésitante, son accent moins roulant, moins flagrant :

    « J'étais de passage et je... je devais venirr te parrler. »

    Il avait besoin de venir lui parler, plutôt.
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Message Posté Mer 9 Mai - 8:22.
Tu n'entends plus rien. Tu es loin, Pénélope – très loin, en vérité. Tes pensées sont toutes concentrées sur Aubépine. Les rangées de tombes que tu t'en vas fleurir, seule, au début de chaque nuit, t'ont bien plus atteinte que tu ne le laisses paraître. Imaginer ta fille dans l'une d'elle... Cette vision d'horreur te fait frissonner. Tu as joué un jeu très dangereux, et le prix qu'il t'en a coûté a pris bien plus que tu ne pouvais te permettre de donner. Tu es détruite, Pénélope, brisée, cassée à l'intérieur – tu n'es plus que cendres et tourments, sous ce joli visage impassible qui n'a plus souri depuis trois mois. Au fond, tu es morte déjà. Toi la joie et l'énergie faites femme, aujourd'hui tu penses au noir de l'oubli, à ce salut qui t'emmènerait loin du désespoir... A une belle tombe de marbre étincelant près de celles qui sont alignées, là-bas, dans ce jardin où erre ton regard.

Partir et oublier, oui. Tes pensées s'envolent, s'emballent, s'affolent. La lassitude se fait pesante sur tes épaules, et tu ne parviens pas à trouver le repos. Des idées folles te traversent la tête. Un instant, tu agrippes le rebord de la fenêtre de tes mains – enjamber le chambranle, passer une jambe, puis l'autre – à cette hauteur, tu n'aurais qu'à prendre à peine ton élan, et le sol viendrait t'embrasser bien assez tôt, tranchant net le fil de ton existence, t'empêchant de commettre d'autres péchés plus avant.

Mais on t'interrompt. Une voix familière dans ton dos – cet accent chantant, les consonances slaves d'un anglais étranger. Cascade de sons gutturaux étrangement poétiques, parfum exotique de ces froides contrées sibériennes qui ne l'ont jamais quitté malgré son poste en Angleterre, loin de ses neiges natales. Le bruit de la porte qui se referme – pudeur, discrétion, retenue et bonnes manières. Une seule personne correspond à tous ces critères.

Matvei.

Evidemment.

Il fallait que ce soit lui. Impossible maintenant de t'envoler par la fenêtre ouverte pour résoudre le dilemme éthique de l'ensemble des parents de tes élèves et imposer un changement de direction. Connaissant ce russe obstiné, il serait bien capable de t'en empêcher, « pour ton bien ». Non, tu vas t'arranger pour qu'il vide les lieux, et ensuite tu iras au bout de ton idée. Tout cela devient trop dur à supporter. Délibérément, impitoyablement, tu refoules au fond de ton être les balbutiements éperdus du glaçon qui te sert aujourd'hui de cœur. Un reste de chaleur semble s'attarder dans ta poitrine – tu l'étouffes sauvagement. Pénélope Courterois a trahi. Pénélope Courterois est indigne. Pénélope Courterois n'a plus le droit de rien ressentir. Ce soir, Pénélope Courterois doit disparaître, et Matvei Sejdic ne doit en aucun cas n'avoir son mot à dire. Toi la forte, toi la brave, tu as eu la preuve de ton incompétence, de ta faiblesse, de l'ampleur du mal que tu peux contribuer à répandre, et ce en dépit même de ta propre volonté.

Il est trop dangereux pour toi de continuer à lutter.

Pour l'instant, tu dois éliminer l'importun. Tu ne te retournes même pas vers lui – il ne verra de toi que ton dos. Tu ne lui adresseras que quelques mots, juste ce qu'il faut pour le blesser dans son être généreux et le faire déguerpir pour laisser le champ libre à tes idées morbides. S'il faut, tu le blesseras – sans écouter la part refoulée de ton être encore sensible, blessée, qui hurle à la mort dans les tréfonds de ton âme. Cette part de toi qui pleure à longs sanglots désespérés, parfois, lorsque tu n'y prends pas garde. Cette part de toi qui voudrait parfois lutter et s'obstiner – cette part de toi qui te fait souffrir, et te réveille parfois pantelante, le visage baigné de larmes et les lèvres ouvertes sur un gémissement silencieux.

« Va-t'en. Je n'ai pas envie de te parler. Ce n'est pas bon pour toi de te voir associé à une femme aussi méprisable que moi – à une traîtresse qui a collaboré. »
Tu as presque réussi à effacer toute trace de tumulte intérieur dans les intonations de ta voix. Le tremblement de tes doigts, et la raideur de tes épaules. Quoi qu'il advienne, tu ne te retourneras pas.

Il ne faut pas qu'il soit là quand tu... sauteras.
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Message Posté Ven 11 Mai - 1:10.
    Qu faisait-elle ? En entrant dans le bureau, son regard acéré, animal, avait pu capter le mouvement bif de ses mains agrippant le cadre de la fenêtre, mais Pénélope s'était interrompue dan son geste figée dans l'acte par ses mots. Aussi splendide soit le coucher de soleil français, il ne pouvait tout de même pas comprendre toute la tension qui émanait de la femme. Il pouvait la sentir jusqu'ici, la palper presque, et c'était quelque chose qui ne lui plaisait définitivement pas. Le silence accueillit ses mots, les laissant mourir et s'éteindre pendant qu'il faisait quelques autres pas prudents, refermant doucement la porte derrière lui pour qu'ils soient dans l'intimité. Il pouvait voir la femme maîtriser cette émotion qui faisait trembler son corps mince et c'est seulement lorsqu'elle lui dit de partir que Matvei se rendit compte que quelque chose clochait réellement.
    Son visage se fit inquiet et qu'elle lui dise de partir le convainquit qu'il ne le ferait pas avant qu'ils n'aient pas discuté.

    « Non. »

    Son ton était ferme. Autant que celui de la directrice. Il ne partirait pas et probablement le savait-elle quand elle lui avait dit cela. Il était plus buté qu'un hippogriffe et ça n'allait pas changer uniquement pour ses beaux yeux. Une rafale de vent plus forte vint secouer jusqu'à ses propres vêtements, amenant à lui l'odeur de la fin de l'été du Sud de la France. Il avait apprécié son voyage dans ce pays avec son épouse, en juillet, et son cours passage ici était bénéfique pour ses nerfs, pour son sommeil aussi. Il n'avait seulement pas pensé se frapper à un mur en venant visiter Pénélope. Matvei enleva son veston et le laissa sur un des fauteuils devant le bureau de la femme, détaillant le bureau avec attention. Il n'avait pas pris le temps de le faire, la dernière fois qu'il était venu à Beauxbâtons. Pour des raisons évidentes, soulignons-le. Peu importe. Il revint à Pénélope, désormais immobile. Es mots résonnaient encore entre ses deux oreilles et il tentait d'y trouver une réponse pour la convaincre de lui parler. Elle s'obstinait à lui tourner le dos, ce qui le mettait grandement mal à l'aise. Il voulait voir son visage, lire dans ses yeux si expressifs, comprendre, peut-être, même, tout ce qu'elle ne lui dirait probablement pas. Sa voix était basse, posée, comme s'il craignait d'effrayer un animal sauvage. N'était-ce pas cela, un peu ? Il ne savait que peu de choses de Pénélope, tout compte fait, elle était encore une personne à apprivoiser, à connaître.

    « Je crrois que tu avais tes rraisons de fairre. Et je ne crrrois pas que tu sois méprrisable. Loin de là. Un silence. Rregarrrde-moi. »
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Message Posté Ven 11 Mai - 1:59.
Il est tellement buté. Borné, insistant, obstiné. Tu voudrais presque le frapper. Mais pour cela, il faudrait te retourner, et alors il pourrait peut-être saisir dans ton regard ton appel à l'éternité. Et le connaissant – un peu – tu te doutes qu'il cherchera à t'en empêcher. Tu sais bien que tu es égoïste, au fond de vouloir tout laisser tomber. Mais après tout cela, le sang, les larmes, la mort, tu ne parviens simplement à t'en détacher. Pourtant, tu sais que tu pourrais lutter – finir de reconstruire ton école, par exemple. Mais les reproches, les regards, les murmures sur ton passage... C'en devient insupportable, pesant. Étouffant. Tu sens la méfiance de tes élèves – du moins d'une partie d'entre eux, et tu n'en peux plus. Et tu te sens coupable – tellement coupable, pour les morts. Comment supporter ça ?

Et Matvei qui vient s'en mêler. Qui te parle, dans ton dos. Son accent slave te fait frissonner. De quel droit vient-il se mêler de tout cela ? Tu te rappelles du jour où Beauxbâtons s'est libérée. Tu l'as croisé pendant la bataille. Son regard sur toi, le doute, l'incrédulité. Dans ses yeux à lui, cela t'a transpercé le cœur. Depuis, tu meurs un peu plus chaque jour, à l'intérieur. Si lui ne peut croire en toi, alors qui le pourra ? Tu ne veux pas passer le restant de ta vie à te défendre, à résister. Tu voudrais simplement que l'on te laisse oublier...

Tu aurais dû te douter qu'il refuserait d'obtempérer. De son accent chantant, il t'explique. Qu'il pense que tu avais « des raisons ». Comme s'il attendait, par ces simples mots, qu'ils appellent ta confession. A quoi s'attend-il ? A des aveux, à des explications ? Un sourire amer se dessine sur tes lèvres, alors qu'un souffle chaud de cette brise d'août vient agiter tes mèches blondes. Un silence tombe de nouveau. Tu entends, au loin, le chant des oiseaux. Comme s'ils célébraient un quelconque renouveau, alors que toi, tu n'as plus rien en toi, plus rien de beau. Puis il parle, encore. T'ordonne de te retourner. Matvei tout craché. Pas de formule de politesse, pas de fioritures. Droit au but, comme toujours, d'après le peu que tu sais de lui. Tu ne peux t'empêcher de le respecter profondément malgré vos différends. A-t-il pressenti l'urgence ? Quelque chose d'inhabituel dans ta prestance ? Quoi qu'il en soit, tu n'obéiras pas. Pas cette fois.

« Non. »

Aussi ferme et butée que lui. Tu appuies ce déni d'un vif mouvement de tête. Tu l'as entendu bouger – tous tes sens sont à l'affût. Il a sûrement déposé sa veste – il fait tellement chaud, en cette écrasante journée d'été. Il s'est rapproché. Tu voudrais lui échapper, mais il est entre la porte et toi, et la seule issue serait de sauter par cette fenêtre à laquelle tu t'agrippes. Mais tu ne le feras pas tout de suite – pas devant lui. Il ne mérite pas ça. Tu sens son regard entre tes épaules – l'inconfort que cette sensation génère te fait te retourner, dans un geste irréfléchi. Les yeux au sol, sur ses chaussures, suivant les rainures du parquet, les dorures des murs, l'angle de la porte – tout, sauf son visage. Tu peux supporter qu'il te regarde – mais tu ne poseras pas les yeux sur lui. Tu as su conserver un zeste de dignité – et tu ne t'en départiras pas ce soir. Il a d'autres priorités maintenant...

« Toutes mes félicitations, pour ton mariage. Qu'il soit heureux et prospère. Et maintenant que les civilités ont été énoncées, va-t'en. Nous n'avons plus rien à nous dire. »


Dernière édition par Pénélope I. Courterois le Ven 11 Mai - 2:44, édité 1 fois
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Message Posté Ven 11 Mai - 2:20.
    En termes de buté, il avait apparemment trouvé quelqu'un qui l'était autant que lui.
    Son refus était aussi net que le sien, précédemment, et tout aussi clair. Ils n'allaient pas bouger de leurs positions. Elle ne le regarderait pas et il ne partirait pas. La soirée risquait d'être longue, donc. Il n'avait pas pensé qu'elle serait reposante, impossible qu'elle le soit même, mais il n'avait pas pensé que c'était ainsi qu'elle se dessinerait. Matvei ne bougea pas, pas plus que Pénélope, transformant la scène en un chef-d’œuvre d'immobilité. Un tableau. Il esquissa finalement un geste, un pas de plus, mais le retint et resta finalement à côté de ce fauteuil, ses mains se crispant sur son pantalon, se serrant un peu de nervosité, palliant à son visage en apparence calme malgré toute la fatigue qu'il y était lisible.
    Il était fatigué de se battre. Il n'avait pourtant pas le droit d'arrêter.
    Ses yeux pâles se fixèrent sur la nuque de la directrice jusqu'à ce qu'elle retourne vivement. Il ne réussit toutefois pas à capter son regard, celui-ci se déplaçant d'un point à l'autre de la pièce. Elle ne voulait réellement pas le regarder et tout était plus intéressant que lui, du parquet au plafond, des coutures de sa chemise à ses chaussures. Frustrant. Au moins elle était désormais face à lui, c'était ça de gagné... peut-être.

    Ses mots sonnèrent faux à l'oreille du Russe. Il n'était pas ici pour l'entendre le féliciter de son mariage avec Cassandre. Il n'avait pas besoin de cela, venant d'elle, et il savait que ce n'était qu'une parade pour tenter une nouvelle fois de se défaire de sa présence. Ses prunelles bifurquèrent sur la fenêtre ouverte, le soleil se couchait lentement et colorait le ciel de toutes les teintes imaginables pour l'esprit, avant de les faire revenir au visage de la directrice. Ça le fâchait qu'elle le chasse, qu'elle tente de le faire fuir.

    « Arrrête. Ce n'est pas un jeu, Pénélope. Tu sais trrès bien que je ne parrtirrai pas. »

    Il annonçait tout de suite ses couleurs. C'était clair.

    « De quoi as-tu peurr, pourr que tu n'oses pas me rregarrder ? »

    Cette fois, c'était de la provocation. Il lui prêtait de la peur sans même qu'il ache réellement si c'était la raison de pourquoi elle ne le regardait pas, il lui posait une question, il restait là, tout simplement à la regarder. Cette fois, il s'avança, de deux pas encore, réduisant l'écart entre eux. Matvei voulait comprendre, voulait parler, et pour une fois qu'il voulait parler... c'était quelque chose à noter soigneusement.
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Message Posté Ven 11 Mai - 2:43.
Spoiler:

Va-t-il enfin partir ? Tu en as assez de ces ombres, de ces faux semblants, de ce jeu de miroir auquel vous vous livrez, vous renvoyant l'un l'autre votre obstination et vote mauvaise volonté. Tu es chez toi ici, dans ton château, dans ton bureau, et tu refuses de te laisser questionner comme si l'Inquisition en personne avait choisi Matvei pour se réincarner. Comment lui dire, Ô Mona Lisa ? Comment lui avouer que tu as laissé ta fille, sa fille, non – votre fille, servir d'appât ? Que tu as finalement décidé de la sacrifier en toute connaissance de cause, et que cela fait de toi la pire mère de l'Humanité ? Impossible. Inconcevable. Inacceptable. Il ne saura rien et c'est bien comme ça. Tu sais bien, de toute manière, qu'il saura prendre soin d'Aubépine quand... Tu ne seras plus là.

Il ne partira pas, ce Russe buté. Tu le savais bien, de toute manière, quand il est entré dans ton bureau, s'immisçant dans tes pensées. Pourquoi faut-il que ce soit lui qui vienne te perturber ? Est-ce un signe du Destin que tu ne dois pas mettre un terme à cette existence qui te pèse tellement, qu'il y a encore du travail pour toi, demain ? Mais la solitude t'étouffe, Pénélope. Tu as tellement besoin qu'une personne te soutienne – un seul suffirait. Mais comment raconter ton histoire à quiconque, sans mettre ton enfant et le secret de son existence en danger ? Et te confesser à Matvei, lui avouer ta honte et ta faiblesse, non... Rien ne t'autorise à chercher son réconfort. Après toi, cette Cassandre inconnue se dresse maintenant entre vous. Ainsi soit-il...

« Peur ? Évidemment, que j'ai peur. Regarde ce qui s'est passé ici. Si tu as besoin d'une raison, viens là à côté de moi, et regarde par la fenêtre – regarde les tombes, là-bas, compte-les. Je connais chacun des noms qui y sont gravés. Ils sont morts à cause de moi, et je n'ai pas le droit d'être là. Je suis terrifiée. Je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai fait, et je ne serai jamais pardonnée. Autant partir, non ? Et m'effacer. Beauxbâtons mérite une bonne directrice. Je ne le suis plus aujourd'hui. »

La licorne d'argent qui t'a accompagnée toutes ces années traverse fugacement ton esprit. Ton Patronus était magnifique – fort, puissant, protecteur des innocents. Aujourd'hui... C'est un poussin qui s'échappe de ta baguette, les quelques rares fois où tu parviens à produire plus qu'un nuage de fumée argenté. La vérité, Pénélope, c'est que tu te découvres faible – et que cela te pétrifie.

« Pour l'amour du ciel, Matvei, pars. Je ne veux pas te parler. Non, ne me demande pas pourquoi – je refuse de te dire quoi que ce soit. Laisse-moi ici, ne te retourne pas. Certaines choses valent vraiment qu'on les oublie, et crois-moi, j'en fais partie. »

Tu n'as toujours pas croisé son regard. Ta voix est calme, plate, inexpressive – tu es calme et résolue. Pour toi ce soir, la route s'arrête ici. Il est temps qu'il le comprenne – après tout, les fleurs se fânent toutes un jour, et tu es une fille de France, une enfant des jardins. Si l'un d'entre eux s'est changé en cimetière, alors, il est temps pour toi de partir à ton tour, n'est-ce pas ?
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Message Posté Ven 11 Mai - 6:37.
    Sa présence l'irritait. Il pouvait le voir, le sentir, son sixième sens, son instinct animal développé avec les années et l'entraînement, lui faisait savoir qu'il n'était pas le bienvenu dans ce bureau. Il ne quittait pourtant pas, il s'entêtait dans sa présence. La confrontation a au moins de positif, si on peut le dire ainsi, que Pénélope se décidait enfin à lui parler réellement. À lui parler ce qui lui faisait peur, ainsi donc avait-il eu raison de lui prêter ce sentiment, de pourquoi elle n'osait pas le regarder. Elle craignait son regard, peut-être ? Sans doute. Il n'avait pas besoin de regarder pour voir jardin qui était désormais devenu un cimetière arborant des tombes blanches et inquiétantes, symboles de tous ces enfants sacrifiés. Il s'en sentait également responsable, tout comme Ryan l'était, comme Pénélope l'était, comme Dashwood l'était, comme Blatzeim devait l'être du fond de sa tombe. Lui avait avait été sacrifié au combat, défendant son école comme la prunelle de es yeux, et c'était sa veuve qui portait le deuil et l'horreur au fond de ses yeux. Ils avaient tous été blessés, ils avaient tous soufferts.

    Si Matvei était fâché de ses précédentes paroles, là, il l'était encore plus. Et il restait tout de même maître de lui-même. C'était mieux comme ça : s'il commençait à crier ou à dire des injure,s ça n'allait pas être très drôle. De ses longues enjambées, il arriva jusqu'à elle. Sa colère était sourde, mais palpable, aussi froide que tout ce qu'il pouvait dégager. Et même si la présence de Pénélope le réchauffait, en cet instant, il n'était que déception. Il était déçu d'être chassé comme un intrus de ce bureau, de cette vie, alors que tout ce qu'il désirait, c'était des explications. Des explications qu'il serait peut-être le seul à vouloir entendre.

    « La seule chose que tu ne devrrais pas te parrdonner, c'est de ne pas te rrelever. »

    Plus froid que ce qu'il avait voulu être, mais franc.

    Elle était tombée et ne se relevait pas. C'était de ça dont il était déçu. Elle était forte, pourtant, elle était faite de lumière, et aujourd'hui, cette lumière était éteinte. Fatiguée. Lasse. C'était ce que la directrice de Beauxbâtons lui semblait. Il leva a main et la glissa rapidement sous son menton, le faisant se relever légèrement, mais il ne réussit tout de même pas à capter son regard. Jamais. Sa main retomba et il reprit, insistant, mais calme :

    « Pourrquoi ? Je ne suis pas un inconnu, je sais que tu ne peux pas avoirr collaborré parrce que tu crroyais vrraiment à ce que l'Orrganisation rracontait. Tu avais peurr pourr Arriel, pourr chacun de tes élèves, tu étais là. Tu ne me ferras pas crroirre à moi que tu l'as fait de plein grré. »
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Message Posté Ven 11 Mai - 7:00.
Diable d'homme. Ô combien tu voudrais le haïr ! Rendre tout cela bien plus facile, comme lui comme pour toi. Vous dresser l'un contre l'autre et passer l'issue du conflit en dommage collatéral. Mais malheureusement, tu ne peux pas. Il ne te laisse pas faire, opposant à ta vindicte féminine toute sa froideur slave, et quelque part, tu es déjà vaincue. Tu as rendu les armes au moment où il a mis les pieds dans ton bureau, et tu le sais, loin sous la surface, tu l'as pressenti dès ses premières paroles. Et cependant tu échappes encore à son regard, alors qu'il a ton visage dans sa main et de biens chaudes paroles aux lèvres. Il te lâche, recule – qu'attend-il de toi ? Comment pourrais-tu encore te relever, après ça ?

Tu en as vus, des dignitaires. Depuis la chute de l'Organisation. Combien de fois sont-ils venus dans ton bureau, exiger des explications que tu te refuses à fournir ? Tu t'es obstinée, avec cette détermination teintée de désespoir qui caractérise tes moments de veille depuis le massacre. Et là... Un Russe entêté arrive, avec son accent chantant et la douceur de ses paroles, avec sa tendre sollicitude, et toi tu voudrais céder et avouer. Mais comment lui dire, Pénélope ? Que s'il n'avait qu'à toi, sa fille serait morte ? Tu ne parviens pas à te le pardonner, alors comment lui le pourrait-il ? Et les morts, et les blessés, les parents endeuillés et les enfants orphelins, comment pourraient-ils te pardonner, eux ?

« J'ai collaboré en toute connaissance de cause, je savais qu'ils étaient... mauvais. Mes raisons ne concernent que moi. »

Le premier bouton de sa chemise a reçu tes mots avec une belle impassibilité. Tu n'oses relever ton regard pour lire ce qui se passe dans le sien. Non vraiment, tout cela est insensé. Tu fais volte-face – Matvei ne voit plus que ton dos. Tes mains se crispent sur le cadre de la fenêtre et le vide t'appelle, de plus belle. Sais-il, ce Ministre étranger, combien tu es près d'en enjamber le rebord pour t'envoler vers un oubli salvateur ? Peut-être. Au fond, qu'il ne t'arrête pas, c'est sans doute un signe. Qu'est-ce qui te retient, alors ? Ces paroles qui brûlent tes lèvres, as-tu le droit de les exprimer sans démériter ? Tu baisses la tête. Étrangement, ton regard est flou – est-ce une larme qui s'en vient rouler sur ta joue ? Ton front vient s'appuyer contre le rebord de bois. Tes paupières se ferment, et une nouvelle larme s'échappe.

« Tu n'es pas un inconnu. Tu es le père de ma fille, et c'est ça qui rend tout tellement plus difficile, tu ne le vois donc pas ? »

Un murmure à peine plus élevé que le souffle du vent. Tu n'es même pas certaine qu'il t'ait entendue, tant ton filet de voix s'est fait ténu. Tu es tellement, tellement fatiguée, Pénélope. Si seulement le monde pouvait cesser de tanguer autour de toi – si seulement tu avais un appui sur lequel te reposer, et déposer pour quelques instants cette affreuse culpabilité qui te ronge, toute entière. Si seulement Matvei pouvait comprendre, et s'en aller – si seulement il pouvait comprendre, et te pardonner.
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Message Posté Ven 11 Mai - 7:46.
    Elle ne s'écarta pas, malgré cette toute nouvelle proximité. Il voyait seulement sa poitrine se soulever plus nerveusement, ses inspirations tenter de se faire longues et reposantes, alors qu'au contraire, son corps se tendait seulement de plus belle. Sa première réponse est dite face au Russe, avant qu'elle ne se retourne à nouveau pour fixer la France et son coucher de soleil incendiaire. Elle avait eu ses raisons. Comme lui aurait pu avoir les siennes d'entrer dans cette même Organisation, si son élection n'avait pas changé sa pensée... ou s'il n'avait pas été aussi droit, tout simplement. Matvei regarda par la fenêtre et senti un frisson de peur l'envahir, tordre ses entrailles. Regarder en bas. Plus belle erreur de sa soirée. Il étaient... hauts. Il imagina son corps, ou celui de Pénélope, tomber, se disloquer, se défaire, se casser. La peur monta, sourde, dans son ventre, jusqu'à lui lever le coeur. Il voyait les doigts de la femme se serrer sur le cadre de bois de la fenêtre, sa tête se baisser, il voyait le moindre de ses cheveux blonds se soulever dans le vent. La son de sa voix parvint à son oreille avec une clarté irréelle, comme si elle avait jeté un son d’amplification à son murmure. Brusquement, il l'écarta de la fenêtre pour la refermer avec nervosité, ses propres mains tremblant. Sa phobie l'empêchait de penser clairement. Il sentait les mains de Stjepan le pousser, encore, du haut du toit de leur maison, il voyait le corps de Pénélope s'écraser au sol, il revoyait le corps de Paula qu'il avait trouvé avec Ryan.
    Ses mains reposèrent un instant le cadre, le vent avait cessé, et seul le bruit de leurs respiration était audible. Il respirait fort, trop fort. Matvei ferma ses yeux momentanément et se retourna, reprenant contenance. Le vide. Le vide était au-dessous d'eux, importants acteurs de ce monde magique, et il serait sans doute toujours là.

    Il vit une larme sur sa joue. Deux. Leva sa main pour les effacer de son pouce, sa peau était chaude et tendre sous son toucher. Matvei aurait voulu sourire pour la rassurer, mai il n'en était pas capable.

    « Tu n'es pas une mauvaise perrsonne. »

    Piètre commentaire, s'il en était. Sa main s'attarda sur sa joue, la caressant doucement. Elle était une amie et il croyait être une personne sur laquelle elle pouvait compter.

    « Tu as fait des choix. Comme nous tous. Il se tut, les mots ne venant pas à son esprit. Cherrchais-tu à créer un quelconque mal, en acceptant cette alliance ? Non. Tu cherrchais la prrotection. Tu voulais fairre ce pourrquoi tu es à ce poste. »

    Ô comme il ne savait pas de quelle protection il parlait, cet idiot de Russe qui jouait au doux et au tendre. Il savait que la femme n'avait pas été de ceux qui avaient collaboré pour blesser et profiter de cette opportunité, mais bien de ceux qui avaient pensé faire le bon choix. Ceux qui avaient eu la baguette sous la gorge, tout simplement, et qui avaient courbé l'échine.
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Message Posté Ven 11 Mai - 8:13.
La fenêtre claque sinistrement lorsque Matvei la referme. Il t'a saisie, tirée à l'écart, avant de mettre le rempart des vitraux entre le vide et toi. Une déception traverse fugacement ton esprit – puis tu la repousses au loin. Le Destin a décidé, et tu vas rester là encore quelques minutes, à écouter la respiration du Ministre – forte, bien trop forte. La phobie du vide ? Il te semble bien qu'il a, un jour, mentionné vaguement quelques soucis de vertige, mais tu ne t'en es pas souvenue avant cet instant. En ce qui te concerne, le vide a toujours été ton ami – tu as toujours aimé danser en équilibre sur un fil. Provoquer la destinée. Et aujourd'hui, c'est elle, qui vient te rire au nez...

Il reprend contenance. Revient vers toi, essuie les larmes sur tes joues. Tant de patience, tant de douceur – tant de gentillesse que tu ne mérites pas, et cela te brise le cœur. Il cherche à te consoler, et le monde continue à marcher sur la tête. Que sait-il de toi, au fond ? Qu'as-tu fait pour mériter cette confiance instinctive qu'il semble te vouer ? Certes, vous avez une fille ensemble, mais seize ans ont passé depuis sa conception et il ne l'a appris que depuis quelques mois. Il y a bien également ces quelques étreintes volées, les braises toujours ardentes sous la cendre des années, mais cela justifie-t-il une telle confiance aveugle ?

Il ne devrait pas se fier à toi. Après tout, tu es en train de lui cacher un énorme secret, tu as mis en danger la vie de son enfant. Comment pourrait-il encore se fier à toi après cela ? Mais ta culpabilité s'alourdit encore. Tu ne mérites pas cette confiance – tu sens la honte et le remords s'agiter un peu plus. Et sa voix... Comment résister lorsqu'il emploie ce ton-là ? Tu sens, confusément, qu'il attendra le temps qu'il faudra pour t'arracher le secret de ta reddition, pour comprendre pourquoi, pourquoi au nom de Dieu, tu as choisi de te parjurer et de renier ta foi en la justice.

Tu voudrais parler. Les yeux toujours braqués au sol, tu sens les larmes menacer – tu les lèves au plafond, évitant soigneusement ses prunelles d'acier. Battant des cils pour retenir le flot qui menace de déborder en noyant ta résolution, tu tentes d'expliquer. Ta bouche s'ouvre, tes lèvres tremblent, mais ta gorge serrée ne semble vouloir passer aucun mot. Tu luttes pourtant – tu inspires à grands coups, et ton souffle se fait haché, court, entrecoupé, alors que ton cœur se met à battre par grandes saccades. Tu as formidablement honte, et terriblement peur – cette boule au ventre ne semble pas pouvoir disparaître, quand bien même tu le désires ardemment.

Et tu cèdes. Les yeux clos, tu laisses les sanglots secouer tes épaules par à-coups désordonnés. Un océan de larmes muettes se déverse soudain, et vaincue par ta faiblesse, tu t'agrippes des deux mains à sa chemise, avant d'enfouir ton visage dans son cou. Il est tellement, tellement grand – tu ne peux que tremper son col en silence, tremblant de tous tes membres sous la tension accumulée, sans pouvoir énoncer le moindre mot, cramponnée à ses épaules comme si elles pouvaient t'empêcher de couler sous la marée du chagrin. Inspirant à fond, te mordant les lèvres férocement pour maîtriser ta détresse, tu finis par articuler, dans un souffle perdu, la clé de ces longs mois de douleur.

« Aubépine ! »

Comme si ce nom suffisait et expliquait tout, tu continues à pleurer, tout doucement, en laissant la peur et le deuil s'exprimer enfin, et le laissant, lui, tenter de démêler l'écheveau embrouillé de ces manœuvres cachées. Tu n'oses toujours pas croiser son regard – il va comprendre, forcément, et dès cet instant, tu seras seule à nouveau. Tout ce que tu veux, c'est profiter, quelques minutes encore, de sa chaleur humaine. Ne plus être seule, face à une peine si immense qu'elle pourrait te broyer toute entière.
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Message Posté Ven 11 Mai - 9:10.
    Son entêtement avait du bon. Enfin, peut-être. Pénélope semblait avoir compris qu'à ce jeu qui n'en était pas vraiment un, il était très fort. Et qu'il détestait perdre, en général. Il n'était pas là pour jouer, cela dit, il était là pour comprendre et il n'allait pas partir avant qu'il soit un peu moins dans la brume que lors de son entrée. Matvei la vit lever les yeux au ciel, évitant encore soigneusement de regarder ses iris clairs, de croiser un regard qui lui semblerait peut-être trop froid, peut-être interrogateur et même accusateur alors qu'il n'en était rien. Ses lèvres articulaient des mots sans bruit, son regard semblait chercher quelque chose dans le plafond. Il savait qu'elle allait faillir, faiblir, craquer, mais il ne savait pas comment asséner le coup de grâce pour qu'elle lui dise la raison de ses actes. Il ne la connaissait pas assez, tout ce qu'il savait d'elle était ce que son instinct lui dictait. Sa respiration se saccadait, se coupait, et elle éclata finalement.

    Elle éclata comme un orage éclatait, comme une tempête, en longs sanglots muets, se cramponnant à la chemise du Ministre. Il n'avait jamais été doué pour ce genre de moment, il était totalement démuni devant une femme qui pleure, et il fit donc le seul geste sûr dans cette circonstance, soit la serrer contre lui. Il l'enveloppa de ses grands bras, la laissant tremper son col de ses larmes à loisir. Elle tremblait, elle tremblait si fort qu'il en tremblait également, en réponse à son corps. Une étreinte plus profonde, plus forte, pour qu'elle cesse de trembler, peut-être, mais rien ne pouvait la faire cesser de pleurer. Elle en avait besoin et il se devait d'être là. Un mot franchi ses lèvres. Un nom, en fait. Un nom qui fit réagir Matvei, le fit se tendre également, réfléchir à toute allure. Les merveilles d'un esprit ordonné, classé et rigoureux, la magie d'un être analytique, stratégique, qui pouvait conclure mieux que quiconque.
    La réflexion le choqua.
    Et pourtant, il ne la repoussa pas.
    Une fois, il s'était fait la réflexion. Que c'était peut-être Aubépine, le problème, l'épine plantée dans leur coeur et leur vie, que c'était peut-être elle qui était en danger tout ce temps. Il avait chassé l'idée en se disant qu'il n'était pas possible qu'on trouve qui étaient les parents de la jeune fille. Et pourtant... Matvei se mordit la lèvre inférieure et posa son menton sur le dessus de la tête de Pénélope, comme il le faisait avec Cassandre quand il la serrait dans ses bras. Cassandre magique et pleine de lumière, Pénélope éteinte et fanée. C'était si étrange. Il avait l'impression de vivre entre deux mondes.

    « Tu l'aimes. Et tu as eu peurr. »

    C'était normal. C'était tellement normal. Il craignait aussi pour ceux qui étaient de sa famille, il avait hurlé intérieurement quand il avait su Cassandre blessée, mais il n'avait pu rien faire. Parce qu'il avait le monde magique sur la bras et que sa femme en faisait partie comme elle faisait partie de sa vie. Matvei ferma les yeux. Il comprenait son erreur. Il aurait pu faire la même. Pour la même personne.
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Message Posté Ven 11 Mai - 9:57.
Tu te sens mieux. Un peu. Il est toujours aussi mal à l'aise devant les pleurs d'une femme, mais il essaie, et rien que cela te fait du bien. Il te serre dans ses bras, pose le menton sur ton front, et cela te réconforte, de te sentir protégée l'espace d'un instant. Comme si une partie de ce poids terrible qui t'écrase était passé de tes épaules à celles de Matvei, et que ce faisant, tu pouvais respirer à nouveau. Quelques mots qu'il te prodigue comme une baume sur une plaie à vif – ta respiration s'apaise un peu, même si tes larmes continuent à couler malgré toi, comme un fleuve en crue qui aurait brisé ses digues. Il te fait du bien, mais même ce réconfort, c'est comme si tu le volais sans y avoir vraiment droit. Il ne sait pas – il 'na vu que le sommet de l'iceberg, et tu vas devoir lui raconter l'ignominie dont tu as entaché ton âme. Comment lui dire, comment lui avouer, sans perdre instantanément cette chaleur dont il t'entoure ? Toi qui étais prête à sauter il y a quelques instants, tu te découvres soudain bien attachée à la vie finalement – mais vivre accablée par la culpabilité et le remords, ce n'est pas vivre, c'est souffrir : et dans ton cœur égoïste de mère, tu trouves que tu as bien déjà assez souffert comme ça, et qu'il est grand-temps que cela cesse.

Il faut le lui dire, pourtant. Il n'a pas encore compris, certainement, et cette erreur qu'il semble prêt à te pardonner, il ne l'a pas comprise. Ce n'est pas d'une erreur que tu es coupable, Pénélope : c'est d'une trahison, et pour un péché aussi grand nulle rédemption n'est permise, et l'absolution en elle-même serait une hérésie. Alors tu continues à murmurer dans son cou, à mi-voix et la gorge nouée, sans oser croiser ce regard que tu devines préoccupé et distant.

« Tu ne comprends pas. Ils savaient. Ils ont lu mes lettres, ils savaient pour elle... Ma collaboration contre sa vie. C'était leur prix. »

Tu avales à grand-peine ta salive. C'était la partie simple de ton aveu, la raison cohérente et logique de ta reddition à leurs menées. Mais tu t'apprêtes maintenant à avouer le reste, ce crime si grand que tu ne t'en relèves effectivement pas, et que tu traîneras sur ta conscience jusqu'à la fin de tes jours, sûrement. Ce crime affreux qui te vaudrait le rejet sans condition de ton enfant, et qui te vaudra le mépris de Matvei à coup sûr. Tu reprends, d'un ton entrecoupé, hésitant, si loin de la diction assurée à laquelle pourtant tu l'avais habitué.

« Mais quand j'ai vu les gradins s'effondrer Matvei... Mes élèves se battre, saigner, mourir, je n'ai... Je n'ai pas pu... J'ai renié ma promesse. Je me suis battue contre eux à mon tour, et je savais très bien qu'en le faisant, je... Je rompais notre contrat. J'ai sacrifié Aubépine. Je savais qu'elle mourrait en représailles, et je l'ai fait quand même. Et le pire, c'est que je regrette... De ne pas l'avoir fait plus tôt, comprends-tu ? J'aurais pu épargner tant de vies en échange de la sienne, et si j'avais une seconde chance, je n'hésiterais pas. Vois-tu à présent quel monstre je suis ? Matvei, j'ai failli tuer ta fille. »

Et ça m'a tuée à l'intérieur, poursuis-tu dans le secret de ton esprit. Telle la brebis à l'abattoir, tu as offert le cou de ta fille en sacrifice au boucher qui te tenait emprisonnée, et tu l'as fait en pleine connaissance de cause. Délibérément, tu as trahi la confiance d'Aubépine, et celle de Matvei qui pensait votre enfant en sécurité sous ta garde. Comment pourrait-il jamais te pardonner cela ? Comment ?

Et surtout, comment pourrais-tu un jour te pardonner tes propres péchés ?
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