dans l'air de plus en plus clair scintille encore cette larme... (pm)
ϟ you belong to the world, and when it screams your name back, don't pretend you don't hear it.
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Posté Lun 30 Juil - 16:00.
...ou faible flamme dans du verre, quand du sommeil des montagnes, monte une vapeur dorée.
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★ noms des participants: amadeus debussy et delilah setton. ★ statut du sujet: privé. ★ date: fin septembre (vers le 25). ★ heure: soirée. ★ météo: le dérèglement climatique rend le temps froid et gris. ★ saison: deuxième. ★ numéro et titre de l'intrigue globale en cours: épisode un : chamboulement. ★ numéro et titre de l'intrigue en cours: épisode un : la rentrée. ★ intervention de dominus: non merci. ★ récompenses: rien du tout.
Dernière édition par Delilah E. Setton le Lun 30 Juil - 16:05, édité 1 fois
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Posté Lun 30 Juil - 16:00.
Quelques jours seulement avaient passé lorsque nous retrouvâmes le dérèglement climatique de notre Académie. Le sursis qui avait effacé mes préoccupations pour me laisser me concentrer sur mon séjour londonien semblait s’effriter, laissant fondre cette carapace qui s’était hissé autour de mon cœur, le protégeant des plaies que mes retrouvailles avec Amadeus, si elles en avaient pansé certaines, auraient voulu y ouvrir. Je m’étais voulue forte pour lui, et à me remémorer ces instants à son chevet dans la fragile lueur d’une aube nouvelle, je m’étonnais de n’avoir pas fléchi sous le poids de mon appréhension, et d’avoir su parler d’une voix qui n’avait pas tremblé. Je connaissais si bien mon Amadeus, bien que je n’eus pas su sentir plus tôt les doutes qui lui mangeaient le ventre dans cette fuite qu’il croyait pouvoir me précipiter dans les bras d’un autre qui m’eut réconfortée… Oui, je le connaissais et je savais par cœur sa culpabilité ; je savais aussi la sincérité de ses sentiments, bien qu’il n’eut jamais confié à haute voix leur vérité tangible, accueillant mes aveux avec un remerciement déroutant, qui m’avait pourtant touchée plus que tous les autres mots. Je le connaissais et je ne souhaitais agiter son cœur, trop heureuse qu’il veuille encore de moi. Seulement mon cœur criait son besoin du temps pour panser les plaies, quand mon esprit le combattait de toute son impatience à chasser les démons qui s’étaient un moment posés sur nous. Je voulais le retrouver et ne le voulais pas à la fois, et pourtant l’amour que j’avais dit était une poignante réalité, et si je ne l’avais pas vraiment aimé, sans doute n’aurais-je pas eu besoin de temps pour me donner à nouveau à lui entièrement.
Le sursis… Je n’en avais plus. Les forces qu’il me restait, je les employais à cacher mon trouble quand les yeux de mon amour fouaillaient les miens, retenir l’imperceptible tressaillement qui me prenait à son contact. J’y travaillais avec une réussite telle qu’elle engendrait ma culpabilité à dissimuler parfaitement ce trouble à un Amadeus qui aurait sans doute voulu tout connaître de mes états d’âme. Mais je n’étais pas rancunière, et la totale compréhension de ses motivations à me quitter d’abord et me mentir ensuite, gommait la rancœur que je lui avais d’abord voué, avant que le silence d’une chambre ne me rappelle que je ne voulais surtout pas le perdre. Je comprenais qu’il eut souhaité fuir un mariage arrangé, croyant très sincèrement m’alléger du fardeau qu’il se croyait alors être pour moi, malgré cette explicite lueur dans mon regard, quand il s’immisçait intensément dans le sien.
Je comprenais, et pourtant personne n’aurait pu me demander d’être tout à fait prête à repartir de là où nous étions restés, sans qu’une retenue ne me commande de prendre un moment mes distances. Personne n’aurait pu me demander d’agiter ma talentueuse baguette pour évaporer si aisément la souffrance de longues journées noyées dans ce qui demeurait un mensonge. J’étais incapable de faire comme si rien de tout cela n’était arrivé, et Amadeus n’aurait pas voulu que je le fasse non plus d’ailleurs.
Rien n’était facile. En revoyant l’imposante découpe des bâtisses blanches dans un ciel froid, je me rappelai de quelle façon j’avais eu cette impression que la dérive climatique ne faisait qu’accompagner le cri de mon cœur qu’on broyait, et je me rendis compte que cette sensation curieuse ne s’était pas défaite de mes réflexions tortueuses. La lumière n’était pas revenue – pas encore. Rien n’était facile. Pourtant, j’avais l’intime conviction que cette séparation n’allait faire que rendre plus solide notre confiance – que j’espérais maintenant, peut-être naïvement, totale – et plus beaux encore nos jours, quand les nuages en redécouvriront l’éclat, s’écharpant dans un souvenir qui ne ferait alors plus que de nous unir. J’étais persuadée de tout ceci, et mon cœur se gonflait devant l’imagerie de cet avenir, que j’espérais pouvoir toucher bientôt du bout des doigts.
Mais malgré tout, il y avait cette blessure. Un instinct dont la profondeur secrète m’échappait, une conscience aiguë sortie de nulle part, me tenaillait de cette intuition. Comme si un coup encore ne m’était pas parvenu, attendant le moment opportun pour m’engloutir sous la cendre. Sans doute les sous-entendus qui m’avaient échappé dans les lettres de Cassandre remuaient-ils quelque chose, tannant mon inconscient des pensées de ce qu’avait bien pu faire Amadeus à Londres, émancipé de mon étreinte, pour mieux plonger peut-être dans celle d’une autre…
J’étais cette dichotomie entre la sérénité d’aveux que je croyais complets, et le relief d’une cicatrice encore à chaud. Mais j’étais bien trop soulagée de pouvoir encore glisser mes doigts entre ceux du jeune hadès pour me laisser lui montrer clairement ce trouble ; de toutes façons nous venions à peine de nous retrouver, et les prémisses d’une nouvelle relation étaient encore assez timides aussi de son côté pour que ma propre anxiété n’éveille une réelle alerte chez lui. Je refusais de l’inquiéter, et refusais le délai que réclamait mon cœur, comme une convalescence nécessaire qu’un malade qui veut vivre lui récuserait, fermant les yeux sur toutes conséquences. Il m’était impensable, en vérité, d’être quelque part entre deux. Si j’étais avec lui, alors j’étais à lui, pleinement. Un moment, dans ma solitude, j’avais cru m’être encore offerte en vain, mais nos retrouvailles me prouvaient le contraire, après tout.
Ce soir là, nous arrivâmes à Beauxbâtons et nos esprits se remplirent de souvenirs frémissants. Je me laissais aller à revoir encore cette nuit dont nous avions parlé encore, avec le regret de n’avoir pas été sobre à cet instant – peut-être cela aurait-il suffit à nous éviter tout cela, non ? S’il avait été convaincu de ma sincérité, peut-être aurait-il compris qu’en partant il ne laisserait d’une coquille vide, et ainsi m’aurait-il emmenée moi aussi loin de ce mariage dont l’ombre le reprenait inexorablement…
Je ne m’étais pas vraiment habituée aux affres que la sous-nutrition et les amphétamines avaient creusé dans son corps, que je me rappelais fort et imposant, la première fois que j’y avais laissé courir mes doigts intrépides. Je ne m’y étais pas habituée, et chaque regard porté sur les marques de ses souffrances était un lambeau de mon cœur qui se déchirait ; pourtant je n’évitais plus son regard comme je l’avais d’abord fait en entrant dans sa chambre à Sainte-Mangouste, et au contraire laissais courir des caresses timides et chastes le long de ses formes détériorées, réinventant le contour de son visage, la puissance des épaules, la fine musculature du torse, du ventre, comme si ainsi son ancienne force allait ressurgir. Je passais aussi parfois le bout de doigts précautionneux sur cette cicatrice à son cou, dont on avait fini par me raconter l’origine, combattant la pensée douloureuse que par ces plaies aurait pu s’échapper la vie de mon amour. Je voulais me promettre de veiller sur lui de façon à ce qu’il recouvre un corps rutilant d’assurance, à la hauteur de cette fougue hargneuse qui elle ne s’était pas délogée de son caractère, mais je me heurtais à la vérité saisissante que j’étais impuissante face à cela, que jamais il ne cesserait de prendre ces médicaments qui l’épuisaient s’ils lui permettaient d’arracher la perfection d’un concerto à son violon.
Ce soir là, je l’invitai à m’accompagner jusqu’à ma chambre universitaire, espérant ne croiser les regards troublés et curieux d’aucun autre. Aussi l’y menai-je, effaçant de ma mémoire en entrant la vue du fantôme que j’avais été encore perché devant sa fenêtre. « Désolée, ça ne ressemble à rien ici… » dis-je en épousant la pièce d’un geste de la main. Tout y était parfaitement impersonnel ; seuls des grimoires se bataillaient sur un bureau dont ils débordaient presque, et pourtant je n’avais que peu souvent soulevé leur couverture avec la conviction que j’aurais dû avoir à entamer les études dont j’avais toujours rêvé. Le lit était fait pour une unique personne, les robes abandonnées pour des tenues plus adaptées aux températures anormales pendaient dans l’armoire entrouverte. Je fis quelques pas dans la petite chambre, cherchant sûrement à me donner une contenance, et puis mes yeux se posèrent soudain sur le petit écrin de bois qui seul ornait ma table de chevet. Je tressaillis et mes joues s’empourprèrent légèrement, mais après avoir pensé à dissimulé ce témoignage de mes journées mélancoliques, j’y renonçai et me contentai d’ignorer sa présence, espérant secrètement qu’Amadeus la remarquerait.
Cette petite danseuse aux cheveux d’or qui n’avait cessé de tourner au son d’un clair de lune…
♦ Nota Bene : ta mère : : La clé du Cercle des Poètes Disparus
Posté Lun 30 Juil - 19:23.
Un frémissement mordit ma peau, frénétique il vint s'éprendre de ma nuque et tarda à glisser le long de l'échine pour mieux mourir au creux de mes reins. Regard vissé sur la silhouette majestueuse de Beauxbâtons, j'écoutais ce palpitant tambour battant qui me sommait de ne pas avancer d'avantage. L'appréhension vivace que sitôt le seuil de la glorieuse propriété passée, je serais livré au bon vouloir d'un mariage arrangé me tenaillait les entrailles et la gorge, chauffée à blanc par un silence trop lourd. Le courage pourtant ne m'avait jamais manqué, insufflé en mes veines comme l'étaient mon audace et mon arrogance, je peinais pourtant à darder ce destin écrasant droit dans les yeux. La main de ma jolie blonde enserrant doucement la mienne eut tôt fait cependant de me ramener à moi ; j'eus pour elle un regard empli de nobles sentiments, prunelles livrées aux flammes d'un amour qui n'était plus tu sinon par mes lèvres muettes. Lèvres par ailleurs gercées de non-dits qui ne glissaient pas encore sur leur galbe : j'ignorais s'il était judicieux de m'épancher en déclarations encensant notre idylle, au regard de cette culpabilité qui me broyait l'estomac. Situation délicate que je ne sus détourner qu'en ne me remettant au temps défilant sous nos yeux, en espérant qu'il ne suspende pas son vol. J'attendais en somme, le moment approprié pour livrer mon coeur à Delilah. Je ne souhaitais pas que mes mots brodés de sincérité et de transe amoureuse ne soient avoués à un moment éprouvant qui piquerait nos bustes alanguis. Je ne voulais pas de larmes, pas de remords... pas de culpabilité. Ce qui rendait l'exercice d'avantage ardu.
Suivant ma jolie blonde jusque sa chambre, j'humais d'avantage son parfum oublié que les effluves florales perdues sous le joug d'une froideur polaire. M'imprégnant de son odeur pour ne plus jamais en perdre la trace, je relevais avec délice quelques touches de vanille, pêche et jasmin. D'une langue complice de mon appétit glissant subrepticement sur mes lèvres, je ne sus dissimuler ce désir ardent pour la blonde de mes pensées. Si belle, si lumineuse, si fraîche. Loin d'elle c'était ma vie qui s'était peu à peu écoulée de mon être entier, aussi aujourd'hui me sentais-je revivre rien que par ce simple toucher, rien que par le délice d'humer son parfum qui rappelait à mes plus beaux souvenirs. Les doutes s'étaient éteints, tordus et rompus par les mots de ma douce qui sut pointer mes erreurs de jugements et les redresser pour que plus jamais, je n'écorche la sincérité de ses sentiments sous couvert d'un manque de confiance. Pourtant cette culpabilité subsistait, de celle qui ne me permettait pas de darder mon reflet dans un miroir sans lire le mot 'adultère' s'écrire sur mes traits portant l'opprobre de la honte. Des coups lents ne cessaient de toquer à mon estomac, remontant le long de mon coeur pour mieux l'asphyxier et cracher à mes lèvres cette vérité qu'elle méritait de savoir : je t'ai trompée.
Je déglutis difficilement lorsque nous passâmes le seuil de sa porte, l'air quelque peu absent et le regard coupable. Je me repris bien vite cependant, lorsque sa voix délicieuse voleta dans les airs : « Désolée, ça ne ressemble à rien ici… » Un bref sourire taquin et amusé voila mon visage tandis que je feintais ne rien voir. Ni le désordre accumulé suintant la tristesse et la mélancolie, ni ce néant qui happait son âme pour dessiner une chambre creuse et impersonnelle. C'était notre instant, à présent. Et rien ni personne n'avait décemment le droit de l'ébranler, puisque je me promettais à l'instant de reconstruire les bases de notre idylle avortée par mes soins. Brique par brique. Et s'il me fallait la construire jusqu'à mon dernier souffle, bradant mes heures de sommeil pour ce faire alors soit. Vaillant et amoureux, je refusais même d'en voir la fin car notre épopée était mon dernier des bastion. J'aimais à imaginer la princesse prisonnière de mes bras dans cette forteresse que nous construirions ensemble.
M'avançant vers la fenêtre, j'eus un regard curieux pour le paysage alentour qui me fit froncer des sourcils : le froid avait alourdi les branches et dépouillé les arbres de leurs feuillages, volant la multitude de couleurs à Beauxbâtons pour n'en laisser qu'un endroit terne et sans vie. Un soupir glacé et glaçant s'évada de mes lèvres, libérées de mon mutisme lorsqu'enfin mes pensées forcèrent l'étau de ma gorge à se desserrer. « Tout est mort ici. » soufflais-je avant de me redresser, prunelles vives se reflétant contre cette vitre qui laissa apparaître le visage émacié d'un jeune violoniste aux traits fins gommés par la fatigue et l'usure. Si jeune, et déjà désabusé. Refusant de toiser d'avantage mon reflet, vestiges d'un ancien moi plus fort et plus sain, je me retournais pour mieux croiser le doux regard de ma Delilah.
Mais dans la course, mes prunelles accrochèrent cet écrin de bois, ravivant les souvenirs de nos premiers émois. Pour ne pas que tu m'oublies, avais-je soufflé ce jour-là lorsque, persuadé que la demoiselle de mes songes ne reviendrait plus vers moi, j'osais au moins espérer que certaines de ses pensées puissent m'appartenir un jour. Elle ne m'avait pas oublié.
Quelques pas avancé vers le bureau où dormait la boite à musique, et je l'ouvris d'un geste alangui pour mieux laisser s'échapper ce clair de lune si chers à nos coeurs et à nos corps. Mes yeux emplis de désir et d'envie, de l'avoir dans mes bras, glissèrent jusqu'à son visage encore surpris tandis que je lui tendais galamment la main dans un sourire, invitant la douce à me rejoindre. Calant alors ma Delilah contre moi pour une danse improvisée, je me laissais porter par cette ivresse follement agréable qui s'éprit de tout mon être frémissant dès lors que la proximité des corps se fit sentir. Abaissant les barrières de la gêne, j'enfouis ainsi doucement mon visage dans le creux de son cou, humant à nouveau son parfum de pêche qui embrasait mon palpitant et lançait par à coups ces soubresauts d'envie rythmant ma respiration. « J'ai besoin de toi. » Un murmure, un souffle ardent, un frisson piqué de lubricité et d'envie. Je déposais un unique baiser sur son épiderme dont le goût de miel attisait encore mon appétit, avant de migrer mes lèvres jusqu'aux siennes dans une cavalcade sensuelle et mesurée. « J'ai envie de toi. » Un dernier regard brûlant d'intensité et je déposai enfin un baiser à la coupe de ses lèvres quand les miennes rutilaient de plaisir.
Une fois la douceur envolée et la modération annihilée, je peinais à me faire monstre de retenue. Le baiser se fit alangui, passionné, mordant, recueillant et volant chacune de ses caresses que sa bouche voluptueuse pouvait m'offrir. Et mes mains perdant toute prudence et gagnant en audace, de parcourir ses courbes avec délice, agrippant sensuellement les moindres courbes pouvant se nicher au creux de mes paumes affamées, griffant parfois ces monceaux de peau nue qui s'offraient à moi. D'une langue joueuse et querelleuse cherchant la sienne, il n'y avait plus d'innocence que je tentais d'épargner. Car si autrefois je craignais d'effrayer ma Delilah par trop d'envie, aujourd'hui j'apparaissais fougueux et insatiable. Pour témoins mes mains conquérantes qui s'éprirent de l'arc divin de ses cuisses et de son fessier, allant jusqu'à hisser la belle sur le bureau et de l'y assoir.
C'est alors que cet emportement soudain me rappela d'autres saveurs, d'autres lieux qui se targuaient de s'être imprégnés de cette même bestialité sensuelle. Je me stoppais soudain, comme frappé par une honnêteté désagréable : cet instant n'avait que trop le goût de mon adultère. Aussi pour dissimuler ma gêne et expliquer mon élan brisé, j'eus quelques mots troubles pour ma Delilah qui ne semblait pas comprendre : « Ca va trop vite, c'est trop tôt. » Piètre excuse que je ne pensais même pas, lorsque ce blocage me rouait de coups intérieurs. Je ne désirais pas qu'elle sache. Je ne désirais pas qu'elle sente cet autre parfum de femme qui narguait par quelques effluves à peine viables, mon cou, mes lèvres et mes mains éprises.
« Tout est mort ici. » Je détourai d’un regard sa silhouette amassée à la fenêtre, près de la chaise s’étant faite l’encensoir de mes peines et le témoin de ce monde en perdition, quand le froid mordant d’un septembre déréglé étendait sa coupe aux arbres nus, au ciel d’un précaire hiver. Il était dans l’air ce parfum de désillusion, qu’une propension hégémonique à la paix nouvelle ne pouvait s’efforcer de chasser totalement encore. Après la guerre, la dérive passive d’un monde semblait peut-être bien tranquille, mais cette brise qui engourdissait peu à peu toute chose endormait en même temps la joie de vivre et les élans de la révolte, tuant dans l’œuf l’ambition d’ajouter la couleur à ces paysages ternes et délavés. Je me rendis soudain compte combien ce que j’avais dit était vrai. Cette chambrée, réceptacle des doléances d’un cœur déchu, s’était teinte des mêmes inflexions mornes, et il me sembla évident alors qu’il était temps de rallumer la lumière. Je quittai mon immobilisme et glorifiai la bougie solitaire, qui s’édifiait dans de bien minces coulées de cire, témoins de l’ombre qui avait habité les lieux, d’une flamme enfantée du bout d’une habile baguette, que je posai à côté.
C’était une touche de chaleur dans la nuit d’un soir précoce, traduisant l’avancée de ténèbres bien plus sombres qu’on ne pouvait le croire dans nos rêves de sérénité. C’était le reflux pointilliste d’un soleil artificiel, qui décorait d’ombre joyeuses ces murs vides et froids ; c’était la semence fastueuse d’une atmosphère intimiste et douce, qui lentement léchait ce gel sempiternel autour d’un cœur fragile encore, faisant fondre cette retenue que j’exécrais. Restée debout près du bougeoir, je suivis Amadeus du regard quand il délivra ma danseuse du bout des doigts, renouant avec le contact du bois verni du petit objet de sa constitution. Dans l’amplitude volumineuse de l’air, les fils d’une musique si douce se posa sur nous. J’observai, un sourire timide se jouant de mes lèvres, l’ombre mouvante de la petite ballerine, qui s’était remise à tourner. « Non, pas tout, » m’entendis-je dire dans un souffle, surprise moi-même par l’optimisme dégagé de mes paroles.
Il y eut un sourire et cette main tendue, et mes doigts qui y glissèrent aussitôt, avides de ce contact qui m’avait tant manqué. Amadeus m’attira contre lui, amorçant les prémisses d’une lente danse, et je n’empêchai pas mes lourdes paupières de refermer un regard que j’abandonnai alors aux sensations de ce rêve que je vivais à nouveau. Fébrile jusqu’au bout des doigts, je constatai pourtant qu’il y avait toujours ce corps contre le mien qui m’entraînant dans cette valse improvisée, et réalisai alors que chaque seconde était empreinte de la plus profonde vérité. C’était là, c’était si tangible et pourtant incroyable… Nous étions là, debout, seuls, au creux de cette chambre abyssale d’où nous chassions les échos de souffrances alitées, rétablissant la plénitude d’un amour qui portait plus haut chaque seconde de notre temps. Nous étions là et nous dansions, nous accrochions à la précarité de cet instant que nous nous écharpions à préserver, désireux de consolider ensemble la noblesse de ce sentiment nous habitant. Devais-je y croire vraiment ? Ne m’adonnais-je pas à un mirage, aux tours insidieux d’une poussière qui filerait bientôt entre mes doigts ? Mon visage trouva pourtant refuge contre le torse d’Amadeus, enfoui dans l’étoffe de son vêtement que je respirais avec la sensation de retrouver cet air qui m’avait tant manqué ; des mains hagardes s’accrochaient aux épaules du brun, et moi je n’osais plus bouger, terrifiée à l’idée qu’un moindre mouvement eut brisé la fragilité de cette étreinte, révélant son unique constitution de fumée dans l’illusion des retrouvailles. Partout en moi s’étendait cette peur de le perdre encore, et partout aussi pointait l’euphorie de cet instant magique.
Je sentis dans notre danse le poids des instincts charnels qui l’agitaient tels que je les avais déjà devinés chez Cassandre, et mon impression se confirma quand un souffle me déchargea d’un frisson inévitable. « J'ai besoin de toi. » Je fermai les yeux plus fort encore, me serrai contre lui en une réponse aussi silencieuse qu'explicite, m’enivrant des sensations que ce simple murmure faisait courir sous ma peau, percevant nettement le désir s’éveiller au creux de mon être quand des lèvres arrachèrent à mon cou un baiser lubrique, cherchant ensuite les miennes pour s’en éprendre avec une passion communicative. Je perçus ce déchirement dans ma poitrine, mais la chaleur du ventre bataillait si fort contre la douleur que je me hissais plus haut, répondant avec toute l’audace d’une langue fougueuse et perdant des doigts tremblants dans sa chevelure, agrippant ainsi ce visage que j’aurais voulu sentir plus près encore. Je me souvenais pas avoir déjà goûté à un tel baiser à la coupe de lèvres qui ne désiraient autrefois que préserver cette chasteté qu’il s’imaginait bien plus profonde qu’elle ne l’était en réalité, car je désirais avec ardeur la passion des étreintes plus sauvages… Avec ces mains qui parcouraient mes formes sans cette retenue passée, je sentis remonter par à-coups ces soubresauts qui m’allumèrent d’une envie soudain démesurée pour cet homme ; je me découvris gourmande de ses courbes les plus secrètes, affamée de baisers que je réclamai encore à ses lèvres rougies.
Je sentis se hisser sous mes fesses l’appui de mon bureau, que j’achevai de débarrasser en poussant sans scrupule ces grimoires poussiéreux, m’accrochant à son cou quand les fantasmes distillaient leurs images séduisantes dans des pensées peu lucides, seulement pressées par les envie du corps et le battement sourd d’un cœur à nouveau vivant.
Seulement les mains cessèrent d’explorer mon corps frémissant, les lèvres se dérobant à la réclame des miennes quand seules quelques paroles vinrent gâcher si simplement l’instant. « Ca va trop vite, c'est trop tôt. » Mon regard s’enflammait d’indignation quand j’eus voulu lâcher un grognement de frustration, tant ces paroles avaient amorcé une nouvelle chute ; ça va trop vite… Oui, c’était bien cela qu’ahanait mon cœur maltraité par le réveil de mes instincts charnels l’ayant momentanément rendu muet ; un chapelet de picotements le souleva, et pourtant mes yeux semblèrent hurler quand même leur protestation quand ils se plantèrent dans ceux d’Amadeus. Alors qu’il allait s’éloigner, je me refusais à le laisser faire, glissant au dernier instant mes jambes autour de sa taille et employant toutes mes forces à le ramener près de moi. Je m’emparai de ses lèvres, fiévreuse et offerte déjà, désireuse de lui transmettre ma supplication silencieuse, d’épandre cette volonté qu’il me fasse sienne maintenant, et qu’il exorcise ces dernières ombres dont j’étais encore secouée, et dont je n’aspirais qu’à me débarrasser pour pouvoir à nouveau confier mon cœur à ses mains. Je déployai à l’embrasser des trésors d’une sensualité insoupçonnée chez la vertueuse Delilah, et pourtant, malgré les caresses audacieuses que je joignais à ce baiser, je sentais qu’il ne répondait que par obligation, soucieux de ne pas me frustrer, mais porté soudain loin du désir qu’il avait manifesté d’abord. Il était une porte fermée, une barrière dressée encore, un mur de ronces que je m’appliquerais à abattre coûte que coûte. Il était un barrage, une distance dans le répondant passif de ses gestes dépossédés, et je sentais qu’il rechignait à m’embrasser désormais, lui qui m’avait chuchoté si clairement cette envie…
Je ne me décourageai pas cependant, et le retenant toujours entre mes cuisses, j’ôtai rapidement un sous-pull qui dévoila une voluptueuse dentelle noire sur la peau claire de mes seins, à la naissance desquels venait mourir mes cheveux blonds. Je savais par cœur que cette vue n’aurait fait que relancer d’ordinaire ses ambitions nocturnes, et pourtant il se fit plus réticent encore quand je recommençai à l’embrasser non sans avoir attiré ses mains contre mes reins, finissant par échapper un gémissement de frustration. « Amadeus… » Je l’enjoignais à m’offrir ses caresses d’une invitation pressante, ma voix se brisant sur mes lèvres tremblantes, mon regard lui intimant avec exactitude la même chose, et pourtant…
Je ne sais pourquoi je ne lui demandai alors pas ce qu’il y avait, et pourquoi il semblait soudain me rejeter après m’avoir convoitée si longtemps et avec une telle ardeur… Peut-être avais-je compris, quelque part. Oui… je devais avoir senti l’imperceptible changement à la coupe de ses lèvres…
♦ Nota Bene : ta mère : : La clé du Cercle des Poètes Disparus
Posté Mar 31 Juil - 0:37.
/!\ NC-16
La pulpe de ses lèvres contre les miennes, exaltant mon désir et embrasant ma passion tel un éclat de lubricité m'entaillant la peau, n'avait de cesse de gorger mon coeur et ma chair de cette envie d'elle. Insatiable, intarissable, je me faisais vorace de ses courbes, cupide de ses baisers, quand encore assoiffé je stoppai la course langoureuse de mes caresses. Les poumons enhardis d'une excitation montante leur arrachant de longs râles frustrés lorsque mes doigts tressaillirent, impatients de rompre tout contact avec sa peau brûlante. Pardonne-moi Delilah, de te désirer si fort et de pourtant te renier au chevet de ton lit... Le souffle court et le regard fuyant, je secouais la tête lorsque je la sentis pressante, attisant d'avantage ma faim d'elle sans jamais l'apaiser. Forçant ma raison à abattre mes ardeurs, je tentais d'amorcer un pas en arrière, aveugle fou qui ne supportait plus de dessiner la chute divine de ses hanches quand je ne désirais plus que de me repentir. La culpabilité, farouche et vivace, m'assaillit de plein fouet et pompa jusqu'à mon palpitant les flux honteux des remords. Regard vissé au sol, le buste sifflant mes dernières hontes que je tentais d'exorciser, je ne parvenais pas cependant à perdre tout contact physique. Car ma main posée sur sa cuisse blanche ne semblait pas vouloir s'en défaire, caressant sensuellement ses rondeurs fertiles et pleines, cédant à mes avances par l'arc délicieux qu'il formait autour de ses hanches. Pardonne-moi Delilah, si je ne souhaite que voir tes courbes ployer de plaisir sous mon corps et mon étreinte pour te prendre tout entière. Les vagues brûlantes d'un désir oppressant me consumaient au moins autant que cette culpabilité foudroyante ; je me sentais tiraillé violemment de l'intérieur. Céder au plaisir de la chair ou accepter la famine de son être en lui avouant la vérité... ? Pardonne-moi Delilah, si j'ai pour délire charnel de prendre possession de tes tréfonds intimes et que je n'ignore pas le trouble secret qui te secoue lorsque mes mains fougueuses s'égarent sur toi.
Là entre ses lèvres fruités subsistait l'haleine érotique de nos baisers qui m'arracha malgré moi un soupir de frustration amouraché d'un gémissement d'envie. Mordant sa lèvre avec passion tout en s'y refusant, je sentais que mon corps cédait l'un à l'autre à mes deux démons : celui qui refusait de céder, et celui plus fougueux qui vociférait cette apparente lubricité pour elle. Il me suffisait pourtant de la déposer sur la fraîcheur de son lit, pour qu'enfin ses bras tendus vers mon buste chaud ne m'appellent à lui faire l'amour. Et je la sentirais, frêle silhouette sculptée dans le marbre le plus fragile, se courber sous les affres tortueux de ses gémissements de plaisir, quand de son corps contre le mien elle ondulerait sous l'ardeur d'un bassin quémandeur. Un gémissement de nouveau, naissant de mes fantasmes pourtant si facilement réalisables, et je ne lui offrais qu'un ersatz de baiser contre ses lèvres pressantes. Partagé entre l'envie de la repousser et celle de la faire mienne sur ce bureau, d'une bestialité pure mais d'une tendresse sincère. Et ce palpitant, indigne allié qui ne tenait pas la course et manquait de défaillir... Piètre compagnon, tu m'enivres et laisse à ma vue trouble que brume et tournis. « Delilah, écoute moi... » La parole s'effondre, les pulsions subsistent. Nos respirations s'entrechoquent et s'entremêlent, nos lèvres se cherchent et se refont, et j'ai comme le désir pressant de faire connaître à nos bassins cette même aventure. Mes mains crochetaient alors ses courbes plus farouchement lorsque je me sentais la force de lui dire non, et pourtant les jambes divines de ma Delilah eurent tôt fait de me mettre à terre. Trop divines pour être repoussées, trop viles puisqu'elles épousèrent volontiers mes hanches viriles aux siennes, frêles et saillantes, et je sentis ma convoitise s'enhardir et gronder, jusqu'à éveiller mon bas-ventre gorgé lui aussi de désir et de concupiscence. Un frisson me parcourut l'échine, me brûlant la peau comme il me piquait de mille épines lubriques, seulement ma culpabilité se fit si présente que je ne pus céder encore.
Ma main pourtant, vint remonter le long de la cuisse blanche, passant outre le tissu volage de la jupe et agrippant le sous-vêtement en dentelle qui ne s'offusqua pas de quelques doigts subrepticement glissés sous son couvert intimiste. La respiration saccadée, je me retrouvais de nouveau tiraillé : céder ou non. Fallait-il avouer à Delilah que cette nuit que nous nous apprêtions à passer, encensée de bestialité mordante et dispensée de toute retenue trop sage, je la devais à mon épanouissement peu moral appris dans le berceau de la capitale anglaise ? Que là-bas, si jamais je ne l'avais oubliée, d'autres femmes s'étaient glissées entre mes bras sans que jamais je n'eusse pour elles une chasteté noble et romantique ? Qu'avec ces amantes de passage, je n'avais été que vorace et durement fougueux comme je l'étais ce soir, tandis que jusqu'alors ma relation avec ma Delilah n'avait été que frugalité ? Je ne me souciais guère de la désacraliser à présent pourtant, car au contraire je ne souhaitais plus me retenir dans le creux de ses bras, faire office d'autant de douceur que de brutalité, libérer enfin toute la sauvagerie sensuelle et indomptable de notre idylle... Seulement la vision succincte que nos étreintes passionnées s'apparentaient à celles partagées avec Cicely me bloquaient outre mesure, par respect pour ma Delilah. Par blocage aussi, ne soyons pas hypocrite. « Amadeus… » Je tressaillis sous sa voix affamée, grommelant sensuellement cette envie qui lui secouait le buste et le bas-ventre. Résigné pourtant, je la repoussais de nouveau. D'un geste mollement convaincu, d'une résignation semi-feinte, d'une volonté à peine présente.
***
« Amadeus... » La voix charmeuse et ardente de Cicely glisse à mes oreilles tel un chant de sirène, et je dessine à mes lèvres un sourire dominateur. Le premier depuis notre rencontre. Et il n'est pas tant anodin car mes mains quémandeuses remontent à ses cuisses que j'encercle fiévreusement dans mes paumes lorsque les remontant le long de ma taille, je dessine à son bassin l'écartement jouissif d'un arc lubrique, celui de ses cuisses qui s'ouvrent à mon passage. Et de soupirs alanguis qui émanent à l'unisson de nos lèvres, elle jouit d'être ma captive tandis que je lui fais l'amour contre cette porte, pauvre témoin qui recueille les ongles plantés de la tigresse.
***
« Non je... » Je revins à moi aussi vite que mes esprits me quittèrent, d'un bond qui m'extirpa de l'étreinte pourtant chaude et désirable de ma Delilah. Un pincement pourtant jouissif au bord des lèvres, je tentais d'exorciser ma culpabilité en ne cédant pas ce soir. Terrible torture qui lacérait mon corps entier, lequel se tordait de frustration quand je ne désirais plus que de lécher d'une langue mouillée les contours de sa poitrine qu'elle m'avait offert en ôtant son sous-pull. Mon regard envieux ne put que s'y poser d'ailleurs un court instant malgré moi, avant de reprendre la course de mes pensées : mes mains quittant sa peau et encerclant avec douceur son visage frustré, je tentais maladroitement de m'expliquer. « Si tu savais comme je me retiens Deli... Mais crois-moi... Crois-moi c'est plus judicieux d'attendre un peu finalement. Je me suis emporté. » soufflais-je non sans sentir dans mon buste cette oppression piquante et désagréable, cette douleur qui ne cessait de me scander combien j'étais stupide de refuser une nuit aussi belle et sauvage que celle-ci, seulement pour couvrir ma culpabilité.
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Posté Mar 31 Juil - 11:28.
« Delilah, écoute moi... » murmura t-il sans la conviction que les pics d’un désir vorace lui arrachait à l’instar de toute crédibilité, et si son esprit semblait s’attacher à l’arracher à mes bras pressants, quelques mots se trouvaient vite démentis par l’esquisse sensuelle de paumes intrépides s’appropriant le galbe de mes cuisses blanches, remontant sous l’étoffe ces caresses intimistes qui décuplaient le désir et égarait des soupirs lascifs au contour de mes lèvres rougies par les baisers. Que me demandait-il, quand il déchaînait en moi ces démons lubriques si longtemps refoulés et bridés par ses soins plus longtemps encore… Il semblait s’opérer sous le couvert d’un crâne une bataille sanglante livrée entre deux bêtes que tout opposait, et dont les retombées se faisaient les filins qui guidaient, chez Amadeus, des gestes bien contradictoires ; un moment il laissait déferler sur ma peau l’essence de cette libido florissante, et l’instant d’après il s’offusquait d’une réserve affichant sa réticence à mes baisers, l’esquisse d’un mouvement qui l’aurait dégagé de cette spirale érotique et sauvage, qui déjà m’avait absorbée sans un retour possible. Mais quand il me demandait de l’écouter, de lui laisser peut-être la seconde de répit qui lui suffirait à clarifier la hiérarchie de ses pensées sinistres, à m’informer aussi du combat alimentant son soliloque coupable, je me refusais à ouvrir ces vannes qu’il tentait de forcer malgré la brutalité de son désir, les consolidant de toute ma force.
Je ne voulais pas écouter.
J’étais une misérable aveugle, une sourde affolée ; ou plutôt ce cœur agité d’un désespoir qui l’appliquait à s’entourer les yeux d’un bandeau noir, comprimant d’une paume moite ces tympans pour qu’ils ne perçoivent pas les mots qui transpiraient de son front même. J’étais ce lambeau d’une chair à vif qui décortiquait son honneur tout entier pour passer outre l’implosion de cette révélation muette, aliénée se jetant au gouffre corps et âme, quitte à humilier toute fierté en allant jusqu’à couvrir Amadeus de supplications coites, funestes prières translatées par des gestes aussi explicites que flous.
Je ne voulais pas écouter. Je ne voulais pas savoir.
Mais il semblait que ces volontés retranchées, qui puisaient des ressources que jamais je ne m’étais connues, ne parvenaient à diluer le tiraillement incessant de mon amant, qui encore une fois échappait à mon étreinte, quand pourtant je lui offrais clairement ce corps affamé de sa virilité. Vanité de gestes devenus aussi implorants que pitoyables… Il s’évinçait de mon étreinte, se soustrayait à l’ardeur de mes baisers quémandeurs, se dérobait à mon appel suppliant… il fuyait quand son corps était pourtant toujours cette peau à vif tendue si prestement vers les secrets de ma féminité. « Non je... » Un instinct alarmant m’appliqua à capturer encore ses lèvres pour le faire taire, mais ses mains quittaient le creux des reins et les rondeurs d’une jambe, pour venir glisser le long d’un visage fouaillé par la frustration. « Si tu savais comme je me retiens Deli... Mais crois-moi... Crois-moi c'est plus judicieux d'attendre un peu finalement. Je me suis emporté. » À l'idée qu'il me délaisse en cet instant il est quelque chose qui naît alors, et cela se propage sous la peau, se mêlant au feu de ma passion pour en confectionner un mélange explosif au goût d’autodestruction ; et cela remonte en soubresauts jusqu’au cœur assailli, s’épanchant jusqu’à ces yeux dans lequel je sens poindre le picotement des larmes. Ce goût si amer qui jaillit dans la bouche, cette terrible désillusion… Si tu m’avais prise Amadeus, peut-être la douleur se serait-elle pas ravivée…
Le souffle était court et haletant, joignant à l’ardeur d’une envie charnelle les impitoyables affres d’un cœur révulsé dans sa peine. L’air n’alimentait plus ces poumons qui suffoquaient, jusqu’à ce que je ne reprise de justesse l’expression d’un visage sur lequel était passé, en un imperceptible éclair, la traduction de ces rumeurs mélancoliques. Je ravalai brillamment le débit menaçant de larmes, leur interdisant de venir gâcher cette chance qui s’amenuisait un peu plus encore, mincie dans le refus qu’Amadeus me portait. Faisant la sourde oreille aux cris d’un cœur mièvre, je crachai sur ma misère et la balayait de mon mieux, posant mes mains sur celles qui entouraient mon visage et étreignant de mes doigts ceux de mon amour. Je m’appliquai à planter dans ses orbes brumeuses un regard essoufflé d’érotisme et d’une volonté pleine, répondant fermement à son chuchotement. « Je ne veux pas attendre. » Sans défaire l’emmêlement de nos phalanges, je portai ses mains à ma poitrine et leur intimait de ne pas rechigner à la recueillir cette fois, affamée de ses caresses. Tandis que l’hésitation dichotomique hantait toujours ses gestes de leur insupportable retenue, je m’accrochai à son cou pour vite ôter cette jupe dont la tissu synthétique engrangeait trop la chaleur qui s’emparait de ma peau, et aussitôt attirer encore le bassin de mon amant contre moi, étouffant un gémissement quand je ne voulais plus sentir la distance infernale de ces vêtements empêchant encore notre union passionnelle.
« Emporte-toi encore… » ajoutai-je quand mes mains tremblantes lui subtilisaient de force le haut de son accoutrement, révélant à ma vue ce torse aminci mais que les soulèvements rapides allumaient du témoignage de son envie, ne faisant qu’ajouter à la mienne. Je ne m’arrêtai pas là cependant, jetée toute entière maintenant et plus suppliante que jamais, horriblement pressée à l’idée qu’il me fasse l’amour, avant que les plaies ne se soient trop rouvertes et ne me fassent me ranger à ses arguments aussi fébriles qu’ils sonnaient creux. Des doigts miraculeusement habiles malgré la fougue qui les secouait virent arracher d’un coup sec une ceinture qui termina sa course en un cliquetis triomphant sur le sol de cette chambre, où la chaleur de notre étreinte devait raviver la ferveur de notre existence contiguë, et ces mêmes doigts défirent un pantalon qui chuinta en s’effondrant aux pieds d’Amadeus, vaincu par ma volonté aveugle. Il n’y avait plus rien dans mon esprit dévoré par le feu qui saccageait mon ventre, si ce n’est l’écho d’une pensée obsessionnelle, qui régissait les gestes urgents du pantin que j’étais. Prends-moi, prends-moi je t’en supplie… lui criait mon regard, quand je collai mon corps au sien pour mieux sentir à travers de derniers remparts cette envie qui le dressait contre moi, irréfutable preuve qu’il exécrait l’idée d’attendre avant de m’assujettir à ses va-et-vient langoureux.
Je voulais qu’il s’abandonne et me laisse l’accueillir, qu’il se réapproprie ce corps qui brûlait pour lui, conquérant d’un cœur qui n’appartenait qu’à lui malgré ses torsions souffreteuses… J’espérais follement qu’il ne me résisterait pas, prête à tout pour abattre ces grossiers remparts qui l’agitaient encore de son hésitation. Alors je glissai une main sur son torse tandis que l’autre accrochait encore sa nuque, et me répandait en un trajet de caresses voluptueuses, qui se firent enfin plus audacieuses en franchissant la lisière d’un dernier vêtement, s’appropriant l’ultime secret d’une virilité qui devait bientôt me prendre toute entière, pour lui communiquer de cette caresse sensuelle tout le feu qui m’enivrait. Lorsque mes lèvres attrapèrent encore celles d’Amadeus sans que les doigts ne desserrent leur emprise, elles s’en émancipèrent vite pour attraper le lobe d’une oreille dans laquelle je déposai ce murmure aguicheur qui, je l’espérais, anéantirait les dernières réserves. « Je ne veux pas attendre… »
Je ne veux pas écouter, je ne veux pas savoir, ni connaître les images qui défilent dans ton esprit soumis à pareille torture… Je ne veux pas.
Car je sais déjà.
Dernière édition par Delilah E. Setton le Mar 31 Juil - 13:22, édité 2 fois
♦ Nota Bene : ta mère : : La clé du Cercle des Poètes Disparus
Posté Mar 31 Juil - 12:57.
Tout lourd de fièvre, la peau m'y brûle. Quand de ma gorge étriquée je tente en vain d'y faire passer les dernières salves de salive pâteuse et rare, asséchée par cette respiration trop rapide secouant fébrilement mon buste. J'essaie déraisonnablement de ne pas céder alors que la tentation est grande, si grande qu'elle arrache malgré moi des gémissements d'envie et de frustration à mes lèvres semi-closes. Car je les scelle pour mieux faire barrière à sa langue humide d'érotisme, langue que je chéris pourtant et sur laquelle je fantasme lorsque je la vois s'égarer sur ma peau dans mes visions d'envie. J'essaie de souffler son prénom, affaibli par mes démons lubriques qui gagnent du terrain sur ma raison, dans l'espoir vain qu'elle ne m'écoute, qu'elle ne me laisse éclaircir mes pensées et défricher mon esprit. Je crains cependant que cette volonté mollement avancée ne la convainc pas, qu'elle refuse mes suppliques et ne jure que par mes frissons exquis. Cette vague haletante m'est pourtant difficilement contrôlable, tout autant que mon corps ainsi que ce membre viril et impatient tendus par l'envie , et je peine à étreindre mes ardeurs d'une secousse se voulant raisonnable. La fièvre s'est emparée de moi et elle embrase mon être entier, maladie curable que par ses baisers et l'abandon de son corps, elle s'empare de ma peau brûlante, de mes lèvres affamées, de mon corps transi qui se tord de douleur frustrante. « Je ne veux pas attendre. » Je frémis, je m'égare, je me perds sous son regard libidineux qui se heurte au mien. J'ai ce sentiment farouche d'être un impie que l'on torture parce qu'il adule la mauvaise idole. Et j'adule Delilah, j'adule ses formes, de sa poitrine laiteuse à la chair de ses jambes et jusqu'à l'entre-cuisse. Je l'adule mais je doute que ce soit le bon jour pour prier ; ce n'est pas mon Sabbat, pas aujourd'hui. Diable Delilah ne veux-tu rien entendre, alors que je me plie de désir et que je retiens les rênes invisibles de ces démons lubriques. Lesquels j'en suis sûr te feront goûter mon adultère, par la liberté soudaine dont ils bénéficient. Plus de retenue, plus de fausse chasteté, plus d'étreinte romanesque. De la lubricité à l'état pur, violentée par de la tendre sauvagerie, desservie par des morsures affamées et des griffures possessives.
A l'heure qu'il est je ne sais plus rien. Ivre d'envie et courbé de frustration. Je peine à réfléchir tant mon propre corps ne m'obéit plus ; car même mes mains audacieuses trahissent mes grands sermons qui lui demandent de rester chaste pour ce soir. Mais si ce soir nous est interdit, alors quand ? Cette question qui n'est pas tant bénigne me traverse l'esprit et abat quelques autres remparts bien fébriles de ma raison. Mon souffle court et haletant se perd sur sa peau nue, et je lutte, farouchement, pour ne pas caresser de mon regard cette poitrine offerte que je voudrais baiser de mes lèvres goulues. Las. C'est sans compter sur la délicieuse amante qui, j'en suis sûr, a su lire en mes prunelles affamées tout cet appétit qui m'assaille, car ses mains s'emportent et guident les miennes jusque les monts fertiles de ses seins rebondis. Un soupir de soulagement écarte les lèvres du prétendant, quand encore et toujours c'est la raison qui le retient. Raison qui cogne contre ma boite crânienne à m'en donner le tournis, car si je soutiens le regard de Delilah, paumes couvrant sa poitrine délicieuse, je demeure figé. Asphyxié, défaillant même tant l'envie me transperce de ses javelots fielleux. Elle me met au défi de ne pas céder et je tente sans vraiment le vouloir de reprendre mes esprits. J'ai peur qu'elle ne comprenne. Je crains qu'elle n'ait perçu ce substitut de parfum, minime mais bien présent lorsqu'on hume consciencieusement le creux de mon cou, là où se nichent les dernières effluves de l'adultère : la cannelle pour le caractère, la bergamote pour l'allure, la rose de mai pour la pointe de douceur. Le parfum de Cicely.
Je me reprends, je me pique, je vais pour tout lui avouer... Mais mon amante anticipe et fait glisser sa jupe sur ses cuisses blanches, laquelle finit sa course à terre dans un heurt étouffé d'étoffes. Je retiens mon souffle, je frissonne de lubricité, je sens mon coeur gorgé de désir mourir contre ma cage thoracique. Et alors même qu'elle me souffle quelques mots sous couvert de ses doigts qui déboutonnent ma chemise, je n'en peux plus, je cède, je m'abandonne. J'arrache à ses lèvres un baiser langoureux, le plus insatiable, le plus passionné, le plus vorace même et le plus sauvage qu'il ne m'est été donné de lui voler. Je mutile sa lèvre inférieure de mes incisive amoureuse, quand ma langue jusque là trop sage vient chercher avidement la sienne. Mes mains en suivent la course et dégrafent aisément le sous-vêtement de dentelles qui rejoint l'autre vêtement. Et de sa poitrine dénudée j'en considère un hommage par ma bouche qui enfin s'y égare par des baisers tendres et voluptueux, par une langue joueuse et douce, tandis que je la serre d'avantage contre moi, envieux de la sentir contre ma peau. Ses doigts glissant dans la jungle de mes cheveux épars animent d'avantage ma fougue et mon envie. La lubricité bat la raison. Je m'abandonne.
Retrouver contre sa peau nos souvenirs et nos premier émois, ce parfum délicieux que je ne veux plus oublier, cette langueur sensuelle qui me plaisait tant à capturer lors de notre première nuit. Tant d'amour et de douceur, tant de bestialité pourtant. Mes derniers vêtements tombent sous ses mains impatientes, et s'élève une voix aguicheuse qui achève les derniers soubresauts encore vivants de ma raison. « Je ne veux pas attendre… » « Non... Non moi non plus. » Les démons lubriques l'emportent, je ne suis plus tant schizophrène : au diable la prétendue vérité qui m'accuse d'adultère, non je ne l'ai pas été. Je préfère m'abandonner à son corps car il m'absout de tout. Ma main aussitôt se fait substitut au langage car elle arrache avec ferveur le dernier sous-vêtement qui recouvre la dernière intimité, laquelle s'humidifie de l'assaut et laisse entrer les douceurs chaudes de la bête toute haletante. Un râle de plaisir se heurte à ses lèvres que je retiens contre les miennes sous le joug de cet écartèlement jouissif. Je l'aime elle, ange à la taille qui plie où moi j'entre, comme elle m'accueillerait au ciel. Enfouissant mon visage dans le creux de son cou où j'y perds mes souffles enhardis, je cramponne à sa nuque mes doigts possessifs qui parfois s'égarent à son dos et la griffent, quand quelques morsures se plantent dans sa chair entre deux coups de reins embrasés par la fièvre. La notre.
Je l'aime, je l'assassine.
Dernière édition par Amadeus Debussy le Mar 31 Juil - 20:40, édité 1 fois
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Posté Mar 31 Juil - 20:27.
Le chuintement de la dentelle délivrant ma poitrine accueillit pour témoin le périple humide d’une langue audacieuse venu s’imprégner de ces courbes intimes où mourait ma chevelure, tandis que mes doigts s’égaraient dans la sienne, garantes de ces esquisses sensuelles déchargeant dans mon corps leurs frissons voluptueux. Je sentais céder cette digue, contre laquelle s’étaient pressés tant de désirs refoulés qu’ils détonaient désormais et déployaient leur splendeur, maintenant qu’Amadeus concédait à avouer qu’il n’était pas plus enclin à attendre que moi – preuves en étaient ces râles d’une frustration dont il avait d’abord armé le fléau contre lui-même. Le souvenir de nos premiers émois, de cette nuit secrète égarée entre l’herbe et les étoiles, guida ses images dans la brume dansante de mon regard perdu, me rappelant que déjà j’avais eu à abattre ce mur pour qu’enfin il me fasse sienne, à la différence qu’une effluve alcoolique ne dansait pas dans mes veines en ce soir de septembre. Je n’avais pas besoin d’être soûle pour que mon désir se décuple, car ses caresses et l’aura de son corps suffisaient à m’évanouir dans ce feu qui dévorait, d’une ivresse incomparable, ce ventre qui ne cherchait plus qu’à être comblé, entièrement comblé.
Mes doigts échappèrent la chaleur moite de sa virilité pour mieux laisser mon corps l’accueillir, quand guidé par une hégémonie bestiale il arracha les dernières dentelles, se mêlant brutalement à cette chair à vif, qui ne réclamait plus que de quoi palier à un manque devenu insupportable. L’arc de deux corps se courbant l’un vers l’autre s’effaça pour ne laisser qu’une unique union sauvage sur un bureau, dans l’ombre d’un soir perclus seulement des lueurs d’une bougie dansante. Alors qu’il entrait au zénith magistral de son empressement, mon gémissement de plaisir eut à peine le temps d’épandre ses inflexions tremblantes, car déjà des lèvres affamées venaient en recueillir l’essence quand je m’imprégnais toute entière de son être enfin retrouvé ; je m’accrochai à lui, me serrai contre son corps venu abraser mes ultimes secrets, se les appropriant tandis que moi, je m’embrasais.
Mais à l’instant où la violence de ce coup de bassin originel venait déferler en moi dans une vague d’un plaisir incandescent que je connaissais pour la première fois, un déchirement aussi aigu s’opéra quelque part, et les accents d’un cri inaudible se perdirent dans le soupir qu’Amadeus dévora d’un baiser, malgré les secrètes retrouvailles de nos deux intimités.
Il était quelque chose de différent, et c’était aussi terrible que c’en était imperceptible, mais je le sentais, c’était là, c’était indéniable : dans ces griffures venues dessiner sur mon dos les nervures de leur jouissance, dans ces morsures avides marquant la peau blanche de mon cou. Dans cette sauvagerie inhabituelle qu’il communiquait à ces reins enflammés, quand chaque mouvement était brutal, et quand chacun était un coup me déchirant de l’intérieur, autant qu’il soignait un cœur perdu par la gradation de ces vagues d’un plaisir possessif. Amadeus avait toujours fait preuve à mon égard de retenue, même dans les instants charnels ; la peur de briser celle qu’il avait longtemps considéré comme un ange dont la pureté intouchable ne pouvait accueillir les bas instincts d’une bête trop concupiscente. Mais la peur s’était évanouie en lui avec mes supplications. Tout cela n’était plus et il résidait à la place cet élan libéré, qui m’étouffait de larmes avortées autant qu’il m’arrachait les cris de mon plaisir.
Car cette libération totale ne rimait que trop bien avec initiation.
C’était quelque part dans les émois dégagés de sa chair, dans cette intériorité que je sentais, une infime mais très claire mutation, très pointue et sur laquelle je me brisais, quand l’instinctive révélation ouvrait de nouvelles brèches dans un cœur défaillant. Je la sentais. Je la sentais si fort, la présence d’une autre dont le parfum soudain me semblait suinter par tous les pores de sa peau, venin m’asphyxiant dans ma jouissance, me narguant d’avoir su s’attirer les trésors sensuels de mon Amadeus, que moi je peinais à convaincre de me faire l’amour…
Je me collai à son torse, perdant mon visage dans son cou, les doigts glissés dans ses cheveux qu’ils serraient si fort que les ongles lui en laisseraient sûrement des éraflures ; je me maintenais au plus près de lui et offrait mon cou à ses baisers pour mieux dérober à sa vue, une vue brouillée par l’allégresse d’un profond va-et-vient, ces yeux grands ouverts qui démentaient pourtant une voix dépérissant d’un plaisir paradoxal. Je regardai sans voir le parterre de nos vêtements si vite arrachés, écoutant les râles dont le souffle balayait ma chevelure, sentant contre moi son corps monter et descendre, monter et descendre… Un vide se creusait à chaque coup de reins, et pourtant je me cambrai contre lui en le laissant m’emmener, vers une immense paix qui aurait dû n’être pas accouplée à la souffrance, dans cet instant que je voulais salvateur. Je me cambrai et lui réclamai de venir encore, plus fort, brûlant, immense. Un goût d’autodestruction jouait contre mon palet, car j’étais perdue quelque part, écartelée entre le bonheur de cet instant tant convoité, et la déchirure de cette silencieuse révélation… Pourtant ce tiraillement était une pellicule invisible aux yeux de mon amour, ou peut-être inconsciente, mais tout le mal qui pouvait me tordre à son passage dominateur n’aurait pu m’empêcher de le pousser encore contre moi, de l’inviter à me mener plus haut que ces sommets déjà atteints par une nuit d’ivresse.
Je le voulais, c’était ce qui dominait tout le reste ; je le voulais peu importe cette femme que je percevais à travers lui, et qui peut-être lui avait donné plus de plaisir que je n’en serais jamais capable.
Le cœur et la raison s’alliaient aux tremblements d’un corps abandonné à cette lumière qui s’écoulait en moi désormais pour en chasser l’apparence de la douleur, et seuls ces yeux grands ouverts qu’Amadeus ne pouvait voir témoignaient du basculement intérieur. Pouvais-je lui en vouloir ? J’avais après tout vécu consciemment aux crochets d’envies que lui pensait à jamais hors de ma portée, et la déliquescence de cet amour des corps entre lui et une autre ne pouvait réellement porter le nom d’adultère.
La valse de nos corps enflammés dénaturait toute notion du temps, et ma propre perdition achevait de m’égarer par ailleurs, aussi n’avais-je aucune idée de l’heure de la nuit qui arracha nos derniers râles, lors que nous nous unissions dans l’acmée de toute chose, soulevés dans un dernier à-coup. Le cœur battant et le souffle fébrile, je me lassai choir dans les bras d’Amadeus, m’abandonnant à cet instant suspendu dont nous recueillions la magie à travers nos halètements transcendés, quand tremblants et immobiles, emmêlés encore l’un à l’autre, nous ressentions pleinement une électrique sérénité. Calant mon visage contre son torse, j’étais encore affaiblie par le joug de ma douleur secrète, gardant de ces échanges sauvages une déchirure qui saignait encore, bien que l’ardeur de mon plaisir eut été sincèrement violente et volcanique. Aussi fermais-je les yeux pour y noyer mes larmes asséchées, tentant de repousser l’image despotique de cette femme au visage fantomatique, qui l’avait recueilli entre ses cuisses lubriques pour sans doute lui offrir des joies inégalables… Et priant pour qu’il mette sur le compte de cette étreinte bouleversante les tressaillements qui parcouraient encore ma peau.
♦ Nota Bene : ta mère : : La clé du Cercle des Poètes Disparus
Posté Mer 1 Aoû - 12:15.
Le plaisir irradia en mes veines, battant la course jusqu'à mon palpitant, les nervures de mes doigts, le creux de ma nuque en sueur, je pouvais souffler à présent un soupir d'aise qui succéda à ces longs râles de plaisir. Repu de ses formes, de son corps, de ses baisers, je ne rompis pas la douceur de nos caresses cependant lorsque encore unis nous nous abandonnions l'un à l'autre, épuisés par ces délicieuses retrouvailles. La sérénité me gagna, magnifique accalmie qui m'embrasa tout entier quand transpirant encore d'un orgasme plaisant, je serrais ma Delilah au plus près de moi avant de dégager de son cou blanc ses cheveux filandreux. Avide encore d'y déposer des monceaux de baisers tendres, comme pour panser les marques légères de ces morsures que je ne lui avais jamais prodigué. Ces retrouvailles avaient le goût d'un renouveau ; j'avais désacralisé ma sainte par un emportement sauvage mais tendre, accordant enfin à son image les pourtours d'une lascivité que je refusais de voir auparavant. Être moi-même, sans craindre de la perdre en lui dévoilant ce moi ténébreux, fougueux et brut, avait quelque chose de libérateur... Et pourtant dans sa respiration fébrile je percevais soudain les soubresauts d'un malêtre qui piqua mon inquiétude. De mon bassin quittant le sien, je me redressai et portai à son menton fin mes doigts encore tremblants de nos émois, quand cherchant à croiser son regard du sien j'avais saisi que quelque chose n'allait pas. Je soufflai alors son nom dans un demi sourire à la fois tendre et inquiet ; mon coeur loupa un battement lorsqu'il comprit qu'il pouvait à tout moment lire dans ses yeux toute la peine qui ne seyait pourtant pas à une chevauchée tendre et aimante. Lorsqu'il s'aperçut que durant tout le long de l'étreinte, jamais il n'avait croisé ses prunelles tendres, trop occupé à encourager mon corps de lui faire l'amour et mes lèvres de se nicher en son cou laiteux.
A l'appel de son nom la jolie blonde n'eut d'autres choix que de braquer son regard clair sur mon visage inquiet, troublé par son attitude qui me lacéra les entrailles. Et tant d'insultes fusèrent en mon esprit contre moi-même, tant de colère froide, tant de dégoût aussi peut-être... Lorsque je me rendis compte à travers les contours humides de ses yeux que les quelques tressaillements ayant balayé son corps frêle étaient peut-être pour certains des frissons de désarroi. J'entendis la pulse de mon palpitant s'accélérer quand mes pupilles se dilatèrent par l'effroi ; est-ce que... « Je t'ai fait du mal ? » Je déglutis difficilement tant l'idée m'était insupportable. Doucement, comme un pardon tacite, ma main remonta le long de sa joue en une caresse légère et termina sa course sur la courbe de son cou, lieu de tous les recueillements libidineux de mes lèvres et de mes incisives. Posant mes doigts sur les quelques traces de morsures apparentes, je me demandais alors s'il avait été judicieux de s'emporter autant. Regrettant les battements fougueux de mes reins et l'emportement de mon envie, je décidais néanmoins de ne me pas laisser aller aux spéculations cette fois. Refusant de commettre cette nouvelle erreur, je préférais ne pas broder d'idées incongrues à mon esprit, préférant lui arracher la vérité de sa gorge serrée quitte à ce qu'elle ne soit virulente. « Pourquoi tu ne m'as pas dit d'arrêter ? » Les angoisses plissaient mon front comme elles crispaient ma mâchoire. Peut-être avais-je tort, peut-être que mon inquiétude grossissait mes appréhensions, peut-être... Pourtant j'étais entièrement persuadé de ce chagrin qui l'habitait tant je pouvais le sentir jusque sur le galbe de ses lèvres, tant je pouvais le goûter par ses joues fardées légèrement d'un sel humide. Tant je savais, imperturbable, que Delilah était et demeurerait mon âme soeur et que rien ni personne ne pouvait nous ôter cette communion nouvelle.
Mais malgré mes questions secouées d'appréhension, je ne lui laissai guère le temps encore de me répondre, car un « Viens. » amoureux balaya le galbe de mes lèvres tandis que je prenais l'amante dans mes bras, soulevant son corps un peu tremblant. De nos émois ou de sa peine lancinante, des deux à la fois peut-être... Au fond, voulais-je vraiment le savoir ? Creusant dans mes bras la courbe d'un arceau pour mieux y caler le creux de ses jambes pendantes ainsi que son dos, je ne pus m'empêcher de tressaillir de soulagement lorsque je sentis ses mains douces se nouer derrière ma nuque. Humant au plus près son parfum une dernière fois, je déposai ma Delilah sur son lit, fis l'affront malgré toutes mes suppositions de me caler contre elle, et remontai la couverture duveteuse sur nos corps nus. La serrant dans mes bras pour ne plus jamais la lâcher, quand déposant pieusement un baiser sur son front je ne désirais plus qu'écouter la musique la plus délicieuse au monde : les battements de son coeur sur un air de clair de lune.
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Posté Jeu 2 Aoû - 22:26.
Le souffle d’un prénom grimpa jusqu’aux tympans, les syllabes se diffusant lentement dans l’esprit engourdi qui mit un certain temps avant de reconnaître en ce seul mot le nom du corps fébrile qui l’habitait ; je posai mes yeux dans ceux d’Amadeus et mon insidieuse crainte qu’il ne saisisse l’étendue d’un trouble interne se réalisa quand à ses lèvres s’échouèrent des paroles qui m’indignèrent. J’eus envie de les repousser, de les balayer dans un coin où elles pourraient pourrir, de toutes mes forces, mais mes forces m’abandonnaient et je me savais incapable d’un moindre chuchotis, si je ne voulais pas que les sanglots cassent la voix et n’achèvent de trahir ce qui n’était visible, peut-être, que dans les yeux – ces grands yeux dont le bleu était fouaillé par le saccage des images qui y flottaient encore, spectres glacials qui me gelaient le sang. « Pourquoi tu ne m'as pas dit d'arrêter ? » Coupable de l’avoir laissé glissé dans l’inquiétude où je ne voulais pas le mettre malgré ma découverte silencieuse, je n’arrivais plus cependant à me détacher de ses prunelles sombres, où le bout de mes larmes y cherchaient quelque chose pour les retenir de couler, la sincérité d’un amour dont une pure folie me fit douter l’espace d’une infime seconde, avant que ne remonte sur ma joue cette main émanant de sentiments réels, palpables bien que tus encore par les mots timides. Ma gorge serrée s’appliquait à étrangler jusqu’aux idées qui tentaient de s’enfiler dans une approximative cohérence, qui toutefois ne parvenait à retrouver le chemin de mes lèvres. Alors, le regardant toujours, j’attrapai cette main qui choyait la peau d’un cou dévorée de baisers délicieux, étreignant de mes doigts ceux de mon amant, désireuse de lui procurer un soulagement silencieux.
« Viens. » Et, sans me laisser le temps de descendre de mon piédestal dégrisé, Amadeus recueillit dans ses bras ce corps encore fébrile d’avoir été l’encensoir d’un enchevêtrement de sentiments si dichotomiques. Enjoignant mes mains derrière son cou, infiniment reconnaissante qu’il m’enlace et m’emmène et ne dise plus rien, je posai ma joue contre son épaule et fermai les yeux, employant toutes mes forces à désamorcer le piège d’un corps sans visage découvrant l’arc lubrique de ses cuisses dans un rire froid, à démystifier ce qui m’apparaissait comme l’archétype de l’impie, quand la compagne d’Amadeus avait peut-être été une jeune femme très respectable, ne sachant trop ce qui était, au fond, le pire, entre les deux. Décousant point par point la toile tortueuse de ma fantasmagorie, je sentis les paupières toujours closes des draps se couler contre mon dos, et leur fraîcheur m’apaisa, tout comme la présence d’Amadeus qui s’était glissé à mes côtés, et dont je m’appliquai, en rouvrant les yeux, à redessiner lentement le torse sous la couverture, comme pour m’assurer qu’il était là, bien là – qu’il n’allait pas s’évaporer à l’instar d’un mirage d’un instant à l’autre.
Les secondes, peut-être les minutes, posèrent sur nous leur silence, me privant moi de la sérénité que je réclamai pourtant avec tant de ferveur, ou du sommeil qui m’aurait emmenée dans l’oubli de ma révélation. Les yeux ouverts s’étaient perdus dans le vague, me rappelant désagréablement la manière que j’avais eu de les perdre de la même façon, dans le jour naissant d’un matin de mai si particulier. Je sentais mon cœur cogner, et celui d’Amadeus sous la main que j’avais posée sur sa poitrine, couvant le précieux rythme de sa respiration. Je le sentais me lancer, quelque part au creux du ventre ; l’impression que cette femme impie était entrée en moi avec mon amour me révulsais, m’emplissant de dégoût et de culpabilité, tant je haïssais penser de telles horreurs de celle que je ne connaissais même pas, quand elle n’avait pas même été à l’origine d’un réel adultère, et quand je n’avais que l’intuition profonde qu’elle avait existé.
Toutefois je ne me débarrassais pas de sa pensée. Elle était un écho qui cognait dans mon crâne, cette spirale me donnant le tournis ; une blessure qui saignait. Plus les secondes passaient, et plus je me sentais défaillir sans rien en montrer… Et puis, tout à coup, j’entendis ma voix détonner dans l’air de cette nuit paradoxale, affaiblie légèrement. « Je ne t'ai pas dit d'arrêter parce que c’était parfait, Amadeus, c’était… » Les mots me manquaient. Les phrases s’éparpillaient, perdaient toute leur valeur quand je ne faisais pourtant que dire la plus vraie des vérités ; je perdais le fil et la fin que je ne mâchais que de balbutiements inintelligibles. Chassant les restes de cette première tentative, car je savais qu’il savais que j’allais mal, et qu’il ne voudrait me croire qu’on connaissant l’objet de ma soudaine souffrance, je continuai : « seulement… » Les mots s’étaient cette fois inscrits avec une clarté aveuglante dans mon esprit. Pancartes énormes barrant toute autre réflexion, ils s’échouaient pourtant sur les vannes de lèvres que je ne desserrai plus, se brisant dans ma gorge sur la poupe de mon appréhension. Ils se mêlaient au nœud qui m’étranglait et dont je ne trouvai plus le bout. Je tremblai un peu à nouveau, incisant dans mes lèvres une tranchée qui m’aidait à ravaler des larmes qui ne couleraient pas. Je voulais hurler ces mots. Je voulais les hurler et qu’ils résonnent et qu’ils accueillent une quelconque explication, ou seulement les hurler pour qu’ils cessent de tordre mon esprit malade, et de me rendre folle. Je voulais les hurler, me déchirer les cordes vocales à leur passage tranchant, mais ils se contentaient d’être le poison qui me tuait.
Me recroquevillant encore un peu dans cette étreinte dont je ne demandais qu’à sentir la douceur sur une peau hérissée de son fardeau hyperbolique, je me fis toute petite contre Amadeus, priant pour qu’il reste, quels que soient les mots qui finalement écharperaient mes lèvres ; priant pour qu’il demeure là à me serrer comme si j’étais la seule, comme si rien d’autre n’existant ; suppliant les entités les plus improbables pour qu’il ne devienne pas froid, pour qu’il ne se renferme pas, ne m’en veuille pas… Pour qu’il reste. Pour qu’il reste toujours.
Retranchée dans une timidité trahissant ma crainte qu’il ne s’énerve à entendre mes murmures, ma voix résonna d’inflexions étranges, comme si elle était loin de nous, comme si elle voulait qu’on l’entende mais sans atteindre vraiment les oreilles de ses destinataires. « Il y a eu… quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ? » Je me serrai encore contre lui, révoltée contre ma faiblesse, qui m’avait fait dire ce que j’aurais voulu cacher, afin de ne pas l’agiter d’un trouble pareil au mien, et que la nuit de nos réelles retrouvailles, la nuit scellant notre véritable union, se soit achevée dans la quiétude et la légèreté d’un bonheur… J’aurais voulu être capable de garder les yeux ouverts en veillant sur son précieux sommeil, soulagée, réconfortée de le voir dormir en paix quand j’assumai pleinement le poids qui m’écrasait la poitrine de ses non-dits…
« Ne dis rien, » ajoutai-je précipitamment, ne voulant soudainement plus savoir. Mais c’était trop tard. Croire mièvrement qu’il allait se taire et acquiescer gentiment aurait été se fourvoyer sur sa personnalité flamboyante et impulsive, ces caractères qui précisément, de toutes façons, me faisaient l’aimer plus que de raison.
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Posté Dim 5 Aoû - 1:19.
La fraîcheur des draps m'accueillit en ces instants glacés, qui par le gel de mes appréhensions muées en un instinct protecteur semblaient assassiner le temps comme pour le suspendre encore. Son corps frêle contre le mien, je laissais courir distraitement la tendresse de mes doigts sur sa peau vaincue de mille baisers, l'esprit absent mais le regard fixe absorbé par le néant d'un plafond bien triste. J'inspirais fébrilement quelques bouffées d'air, fragiles par les poumons soutenant un travail timide ; car j'avais peur de manquer ne serait-ce qu'un tressaillement, un frisson, un souffle las ou soupirant, qui n'exalte la peau de ma douce ou ne passe la splendeur de ses lèvres. J'avais peur, moi fier arrogant au port de tête altier et au tempérament fougueux, que ne s'échappent de ma dulcinée quelques mots ou quelques signes venant nourrir mon appréhension me piquant chaque parcelle de mon corps et de mes organes. Avide de déglutir en silence, d'estomper ce souffle érotiquement fatigué par nos ébats, de gommer les frémissements tus sur ses bras laiteux gratifiés de mes caresses, j'attendais pieusement que la belle ne se livre. Qu'elle parle ou qu'elle se taise, pourvu que je recueille en mon sein toutes ses peines et tout son chagrin, tout son mal et toutes ses terreurs, étouffés dans le nid de mon amour que je voyais ce soir comme tortionnaire. Ma main possessive agrippa un peu plus sa chair lorsque ces pensées frappèrent à mon esprit ; le bourreau qui ne l'était pas tant craignait tant l'envolée de sa si belle victime qu'il en eut pour sûr, attaché la geôlière à son lit afin de garantir sa captivité. Je me haïssais lorsque je pensais ainsi. Et mon coeur en émois tremblants de cogner éhontément contre un buste sourd, serein de s'être levé goulument lors de nos ébats sauvages, ignorant les larmes tues de la dulcinée. Mon corps repu s'endormait dans une sublime accalmie, quand mon esprit torturé pointait à son encontre le flingue de ma culpabilité : et si vraiment, je lui avais fait du mal ? Mon front se lissa sous ce courroux passager, quand mon estomac se tordit sous le joug d'un mal qui me rongeait aussi. Mais ma main elle, tendre et douce, glissait furtivement sur sa peau de velours comme une preuve amoureuse de plus, la volonté de la maintenir en vie contre moi, de ne jamais la laisser partir, de l'aimer jusque dans ses larmes.
Le heurt des étoffes annonça un corps ayant la pantomime des pleureuses ; je sentis contre moi se mouvoir des formes graciles mais fatiguées. Harassées par un mal vicieux que je ne sus déceler, mais qui vinrent se blottir tout contre les miennes. Quand de nos courbes il n'en fut dessiné qu'une seule sous l'esquisse de ses draps, j'eus malgré moi un soupir transi mais secoué par la culpabilité. Elle, souffreteuse par l'emportement bestial, demeurant sainte jusque dans son silence recueillant ses dernières douleurs nichées dans mes râles de plaisir... Ma nuque se crispa comme j'arc-boutais mon dos contre le matelas, le temps d'étirer les muscles raidis par les roucoulades intenses portées à bout de bras, et j'eus tout à loisir de fixer ce maudit plafond de mes yeux inquiets. En attente qu'elle ne parle ou ne décide de s'endormir, blottie là dans mes bras qui n'aspiraient qu'à la protéger, je suspendais mon souffle comme me châtiant moi-même. « Je ne t'ai pas dit d'arrêter parce que c’était parfait, Amadeus, c’était… » Enfin elle parla, éteignant la clameur de mes angoisses qui se lisaient comme des tombeaux ouverts sur les pourtours de mes pupilles tant je ne pouvais dissimuler mon trouble. Je n'étais pas aussi doué que Delilah à ce jeu là, pourtant réputé pour mon flegme et mon impassibilité il me semblait que mon côté poète maudit m'inclinait à ne jamais savoir caché les torpeurs de mon âme. Je tournais donc mon regard soulagé sur la jolie blonde, tentant de lire sur ses traits la suite de ses dires qui dessinaient un 'mais' bien trop voyant. « Seulement… » Je me crispais alors, tentant en vain de ne pas mordre sa chair délicate par l'étau de mes doigts possessifs, attendant coeur battant que ne découle de ses lèvres rougies de morsures délicieuses toute cette vérité que j'attendais de découvrir impatiemment, idolâtrée et si haïe à la fois. L'homme aime souffrir, c'est bien pour cela qu'il tombe amoureux et se consacre en partie à la quête de la vérité...
Pinçant distraitement mes lèvres en un souffle retenu, je ne sus dire combien de secondes s'étaient écoulées depuis ses quelques mots avortés dans un tourment bien visible. Toisant son grand regard bleu humide de larmes il me semblait avoir compris, même inconsciemment, ce qu'elle avait dès lors ressenti. Je ne savais comment ni pourquoi, mais de ces retrouvailles achevées en une réelle communion j'avais à présent cette impression de pouvoir lire en elle malgré ces quelques parts d'ombre. De connecter mon myocarde au sien dans un dernier glas transi ou vaincu, de percevoir ses ressentis et ses doutes juste à travers le voile larmoyant de ses prunelles. Elle savait. Et de cette vérité tombant tel un couperet, je m'affûtais les entrailles et entaillais mon coeur par la honte et la culpabilité, la peine de la savoir si chagrinée, la peur de la perdre, la force de la retenir, la foi de l'avoir pour moi encore. Toujours. Et à jamais.
Mon appréhension était d'une véhémence passive, un peu figée, un peu suspendue, un peu brutale par le nombre faramineux d'émotions qu'elle portait. Je l'aime, je la tue. Je la veux, je la tord. Je l'adule, je la blasphème. Et je frissonne sous le joug de ces paroles qui sont encore tues mais qui vont naître bientôt sur les lèvres de la sainte. Lèvres mille fois désirées. Repaire de tous mes fantasmes, de tous mes amours et de tous mes maux. Ma nuque se crispe d'avantage, mon souffle est mort.
« Il y a eu… quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ? » Le silence se fit sacerdoce, précieux allié et à la fois odieux dénonciateur, il acheva de me faire avouer. Plantant mes prunelles brunes dans les siennes tellement plus claires, je ne sus percevoir quels émois me tiraillaient l'âme et la chair à cet instant. Moins de culpabilité que de peine à la voir si touchée cependant, car c'était bien son abattement, cette fatalité un peu phagocyte, cette résignation pieuse mais douloureuse qui m'empoignaient le coeur et me serraient la gorge. Je frissonnais sous couvert d'une honte tenace de n'avoir su tenir le secret d'avantage, mais diable si elle savait, seulement, combien je l'aimais et combien j'aurais souhaité gommer mes erreurs. Serrant d'avantage ma Delilah contre moi, je cherchais mes mots sans vraiment y parvenir tant mon esprit s'embrouillait avec force et conviction. Assommé par sa lucidité, j'aspirais à ne jamais perdre en contact son corps du mien quand j'y calais un peu plus mon torse, perdu dans la torpeur de mon silence. Ce désir saisissant de parler me rongeait pour autant la gorge, mais celle-ci demeura aphone quelques instants encore. L'assommoir était puissant.
Que dire finalement, face à l'évidence même ? Oui, non, c'est compliqué... J'optai aussitôt pour la vérité, délaissant l'hypocrisie et la lâcheté. Car elle avait compris, et je me voyais bien mal la duper sur ce qui était saisissant. Je ne voulais pas, non plus, embaumer nos retrouvailles dans un mensonge qui rhabillait froidement notre idylle, sous couvert de fanfreluches trouées et de haillons. A quoi bon et pourquoi faire. Si je l'aime je ne peux lui cacher ce qu'elle sait déjà. Mais comment mettre des mots sur la complainte de mon adultère, en était-ce vraiment un par ailleurs ? Oui bien sûr. Sinon, pourquoi cette culpabilité franche... J'entrouvris les lèvres sur lesquelles je sentais déjà glisser le regret de mes erreurs, me promettant toutefois d'éviter toute excuse superflue, tout grand discours sonnant creux, toute paroles pouvant me prodiguer une quelconque défense derrière laquelle je pouvais me nicher. J'étais coupable et initiateur de ces larmes qui brillaient timidement derrière l'éclat de ces yeux dignes, qu'elle voulait forts et secs comme pour m'éviter tout grief.
Ma douce Delilah, gardienne de notre idylle tu te fustiges toi-même quand je suis l'unique meurtrier.
Trop tard. Ses mots rattrapèrent les miens à peine avortés, car se blottissant contre moi ma dulcinée murmura quelques injectives qui se voulaient sereines et qui pourtant dissimulaient une lourde peine. « Ne dis rien. » Sourd face son objection, je me redressai pour mieux m'appuyer sur l'avant-bras, dardant cette beauté vraie de mes yeux pénétrants. Et après un lourd silence dans lequel je cherchais éternellement mes mots, je me lançais dans ce qui me semblait un monologue sincère mais maladroit peut-être, refusant toutefois de laver mes erreurs, évitant le pathos, ménageant cependant ma bien-aimée autant que possible. Comment être sûr qu'elle ne se ressasserait pas cette idylle adultère encore et encore dans ses mauvais songes ? Minutieux, je semais ma confession avec la parcimonie des mots pesés. « Ce n'était qu'une passade. Nous n'allions nulle part elle et moi, et on le savait très bien. On ne le voulait pas, d'ailleurs. » Elle. Je sentis ma Delilah frémir rien qu'à ce pronom sur lequel elle devait broder bien des idées, bien des images, bien des doutes. D'une main caressant sa peau je me portais garant de toutes ses peines, avide de recueillir le moindre frémissement ou le moindre hoquet de torpeur pour mieux la bercer contre moi et étreindre toutes ses appréhensions. « Delilah j'étais tellement persuadé que je ne te reverrais plus. Te penser heureuse avec ton Nil me rendait malade... » Fantasmes brodés sous le couvert de fausses idées. Je savais pertinemment que j'avais été coupable de ne pas avoir entamé le dialogue des mois auparavant, confiant ainsi tous mes doutes et toutes mes fausses affirmations à Delilah. Aussi je vins renchérir aussitôt, avant même qu'elle ne puisse y glisser une objection quelconque : « Je ne me cherche pas d'excuses, j'ai tout gâché, j'ai été stupide et j'assume toutes mes erreurs. Deli... » D'une main glissée sous son menton délicat, je relevai le menton de la jolie martyr, soutenant dans ses prunelles claires toute la peine non sans un frisson coupable. « Tu es tout ce que j'ai et tout ce que j'ai toujours voulu. Aucune autre femme n'a su me combler autant que toi. Aucune autre ne me donnera ne serait-ce que la moitié de ce que tu m'as offert. Jamais. » Recueillant un doux baiser sur sa bouche rosée, presque timide afin de ne pas forcer la barrière de ses lèvres, je me surpris à murmurer d'avantage mes aveux, comme un secret tenu en écrin que pour nous deux. « Tu peux pleurer tu sais. » fis-je en toisant ses larmes retenues, qui sans nul doute devaient resserrer douloureusement l'étau de sa gorge. « Mais je boirais toutes tes larmes s'il le faut, jusqu'à ce que tu trouves la force de me pardonner. J'attendrais sans dépérir. Même si ça doit te prendre dix ans. » D'instinct et porté par ce désir de toujours sentir son corps contre le mien, comme une certitude qu'elle ne s'envolerait pas, je me faisais presque geôlier lorsque je me penchai pour embrasser sa joue, nichant mon visage au creux de son cou pour en humer le parfum. « Je t'ai perdue une fois par ma faute, je ne veux pas recommencer. » Un dernier aveu qui sincère, lui scandait combien je ne souhaitais que la garder près de moi.
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Posté Ven 17 Aoû - 15:06.
Paroles vaines, futiles et creuses, je le savais ; en attendais-je moins, au fond ? en le voyant déblayer mon maigre impératif d’un redressement signifiant tout ce rejet, toute l’abjection qu’il avait pour un silence dans lequel il aurait été trop facile de se complaire. Néanmoins ma maigre demande trouva preneur quand les secondes qui suivirent, longues et hagardes, se posèrent dans un intense silence sur nos corps fatigués, le temps retenant son souffle à mesure que je m’étouffais dans l’avortement des larmes, incapable pourtant d’extirper mon regard du sien l’ayant accroché, immobile et fragile, n’osant même frémir tant l’impression était forte. L’impression que la brèche pouvait, à tout instant, s’enfoncer encore dans l’agrès, vilaine fissure devenant la cassure de tous mes espoirs. Le contact de sa peau qui s’appliquait à me toucher toujours s’offusquait de devenir une froide brûlure sur la mienne, quand livrée à cette lourde quiétude j’avais l’esprit arraché à toute réflexion, dans l’invisible attente des mots que je prétendais pourtant lui interdire.
Il était sous un crâne si proche, au contraire, un bouillonnement bruissant, strate d’une intense réflexion dans laquelle s’entrechoquaient mille phrases balayées, mille émotions contradictoires ; j’entendais presque quel travail fourmillait jusqu’au bout des doigts de mon Amadeus, quand il refoulait impérieusement toute parole trahissant sa pensée, piochant religieusement dans le panel du poète maudit, dont l’inaudible sifflement soulevant la poitrine faisait écho au blanc soucieux de rétines qui transpiraient la culpabilité, exactement comme j’avais voulu l’éviter. Echoué. J’avais échoué, lamentablement. Tout gâché. Ne pouvais-je me contenter d’une belle nuit charnelle, de l’assurance interne que cette aventure, quelle qu’elle fut, était avortée ? Mais c’était compréhensible. Au fond, secrètement, j’espérais qu’il comprenait. D’ailleurs à voir la façon avec laquelle son regard me couvait, j’en étais certaine, et ça avait quelque chose de rassurant.
Quelque part, le grain d’un sablier acheva de s’écouler.
« Ce n'était qu'une passade. Nous n'allions nulle part elle et moi, et on le savait très bien. On ne le voulait pas, d'ailleurs. » Pas d’aveu éclatant dans l’échancrure d’un « oui, » quand son silence premier avait souligné la véracité de ma déjà certitude ; je lui étais reconnaissante d’ailleurs d’employer ces quelques mots, et bien que je ne pouvais empêcher le diapason d’un cœur de s’accorder au chant de la douleur, la caresse dont il gratifiait ma peau, comme pour apaiser d’un souffle la brûlure originelle, me faisait du bien, me rassurait. Mais malgré tout je m’aperçus que mon regard dérivait à nouveau sur l’océan de nos draps. « Delilah j'étais tellement persuadé que je ne te reverrais plus. Te penser heureuse avec ton Nil me rendait malade... » Mes lèvres s’entrouvrirent comme pour protester, mais le vide était tel que je n’en extrayait pas un son, aussi inintelligible fut-il. Mais il avait remarqué ma soudaine inspiration, ce jaillissement vers la vérité dont j’avais déjà balayé ses doutes et à laquelle je voulais qu’il s’accroche, surtout qu’il ne s’en départisse pas, craintive tout à coup que tout ne se descelle à nouveau, que le lien nouveau ne s’effrite, et que moi je ne retrouve l’écrin familier de mes abysses. Il avait remarqué et ce fut son tour de vaporiser le terreau de mes peurs pour qu’il n’en sorte pas de nouvelle. « Je ne me cherche pas d'excuses, j'ai tout gâché, j'ai été stupide et j'assume toutes mes erreurs. Deli... » Des doigts façonnés par le travail acharné du violoniste appliquèrent toute leur tendresse à redresser un menton trop fuyant, quand mon regard suivit lui-même ce geste pour couler dans celui d’Amadeus, le pénétrant, le fouaillant, plein d’espérance, sondant, mesurant toute l’ampleur de sa sincérité pour me l’administrer comme antidote. « Tu es tout ce que j'ai et tout ce que j'ai toujours voulu. Aucune autre femme n'a su me combler autant que toi. Aucune autre ne me donnera ne serait-ce que la moitié de ce que tu m'as offert. Jamais. » La brièveté d’un rapide baiser effaça le tremblement de mes lèvres, mais étourdie par ces paroles qui me révélaient concrètement pour la première fois la grandeur de son sentiment, je mis trop de temps à assimiler ce furtif contact pour être capable de lui répondre en l’embrassant à mon tour. Je me haïssais d’être ainsi figée, de paraître froide peut-être, quand ma cage thoracique n’était qu’un théâtre de flammes léchant un cœur tambourinant. Je me haïssais de ne savoir recevoir ces mots, d’apparaître seulement comme s’ils avaient glissé sur moi, rempart imperméable, car ce n’était pas le cas. À n’importe quel autre moment, je les aurais engrangés comme l’ultime élixir d’une vie bouillonnante, euphorique, transcendée ; peut-être aurais-je eu des crampes dans ces joues devenues sourires, ou aurais-je eu les joues rouges soudain. Je les aurais recueillis avec un tel bonheur…
À ne pas s’y méprendre : le bonheur était là. Mais il fricotait avec une peine encore trop forte pour trouver de quoi se manifester correctement. Les larmes, appelées par les encouragements compréhensifs d’Amadeus, remplacèrent honteusement le sourire qui aurait dû m’animer. Eparses et peu nombreuses, je les sentis pourtant rouler le long des joues, l’une d’elle osant sa course jusqu’à la naissance de ma poitrine. « Mais je boirais toutes tes larmes s'il le faut, jusqu'à ce que tu trouves la force de me pardonner. J'attendrais sans dépérir. Même si ça doit te prendre dix ans. » Il vint caler son visage contre mon cou, tandis que le filin des incisives rougissant des lèvres mordues trop fort dessinait sa blancheur cruelle sur une bouche tremblante. L’horreur m’envahissait tant je me trouvais au pied du mur, incapable d’effacer les tourments de mon imaginaire florissant quand ils m’accablaient encore, fantôme rieur, moqueur, dansant dans l’air sous mon regard égaré. L’horreur m’envahissait parce que je ne pouvais le chasser, ce fantôme, malgré tous mes efforts, malgré cette étreinte que je désirais plus que tout et que pourtant je sentais mon corps repousser, le cœur à vif battant pour seul témoignage de ce désir de le sentir encore, quand mes bras ankylosés refusaient de s’accrocher à sa silhouette salvatrice. Je le voulais, je le voulais tellement, mais j’étais incapable du moindre geste… Statue de marbre, ou plutôt âme cloîtrée entre d’insurmontables parois, dans cette cage qui ne s’érigeait que pour instaurer une distance entre moi et ma douleur, mais que je voulais pourtant abattre. Me jeter dans ses bras quoi qu’il arrive, ignorer les visions qui me hantent, ou les laisser m’atteindre et me lacérer les sens indifféremment, du moment que je pouvais retrouver mon amour cru perdu. Mais je n’y parvenais pas. L’horreur dilatait des pupilles remplies d’effroi, et mon immobilisme me donnait la nausée à travers mes larmes. Je ne voulais pas qu’il attende, j’avais déjà connu pire que cela, je ne voulais pas attendre non plus. Trop heureuse qu’il soit là, que ça ne soit pas un rêve et que je puisse à nouveau m’offrir à ses bras, une et entière. Mais c’était plus fort que moi. Ce cœur d’ordinaire malléable au gré des sentiments, ce cœur sensible mais que je maniais à mon gré de ma force m’échappait, et je ne pouvais que prier pour qu’Amadeus ait la patience qu’il me promettait…
« Je t'ai perdue une fois par ma faute, je ne veux pas recommencer. » Enfin, je dénichai le fil, tirant dessus pour qu’une main fébrile se lève et vienne se mêler à sa chevelure d’ébène, timide comme si ce contact allait briser quelque chose entre nous. La boule dans la gorge ne se dénouait pas. Ô comme je voudrais te dire que la page est tournée, que je me fiche de tout cela, mais le goût amer m’encense et m’empêtre dans le souvenir récent de toutes ces désillusions… Depuis le mensonge jusqu’à cette autre, quelque chose m’empêchait de me livrer comme tout mon être le désirait pourtant. Malgré tout, je m’entendis, d’une voix méconnaissable mais miraculeusement maîtrisée, lui dire : « comprends que… tu ne m’as jamais perdue. » Je me défis de cette étreinte fragile, posant ma tête sur son torse en lui intimant de s’allonger à nouveau, étendue contre lui et m’enfermant dans mes ténèbres, yeux clos. Soucieuse qu’il ait pu voir mes traits rougis et fatigués, tant je me sens exténuée soudain, comme si j’avais subitement senti le poids de quelques dizaines d’années supplémentaires sur mes épaules. Epuisée, je sentais une imposante lassitude me guetter dans les replis de mon esprit tortueux, la repoussant encore un moment pour reprendre dans un souffle : « pas dix ans. » Une pause, puis j’alignais mes derniers mots, puisais dans mes dernières ressources. « Pas dix ans, mais il va me falloir… je sais pas. Un peu de temps. Je suis désolée, je… » Le réservoir s’essoufflait et tournait à vide, et j’achevais mon piteux discours en me serrant un peu plus contre lui, espérant de tout mon cœur qu’il traduirait ainsi l’amour que j’avais voulu lui rendre sans en trouver les mots.
Cruelle dichotomie ; j’étais entre l’euphorie sensuelle et le déchirement intérieur, entre la joie de recevoir ces paroles si précieuses et l’impossibilité d’en formuler à mon tour. Entre bonheur et mélancolie, voyant, pour la première fois de ma vie, ma volonté impuissante, enrageant, honteuse et coupable.
Yeux clos, j’ouvris la porte aux ombres qui entraînèrent mon cœur malade dans un sommeil sans rêves.
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dans l'air de plus en plus clair scintille encore cette larme... (pm)