Les vacances étaient enfin terminées, nous avions tous quittés le foyer familial et le soleil pour retourner à l'académie. La rentrée, les cours ... C'est partie pour une nouvelle année de connaissance. Notre premier cours ? ... Un rapide coup d'oeil sur l'emploi du temps : la métamorphose. Je pris donc mes affaires et me dirigea vers la salle de cours. Sur le chemin je vis que Rosie était également présente et qu'elle entrait dans la salle. On allait donc avoir le même cours, j'étais aux anges.

Mme Rowland était déjà présente dans la salle de cours lorsque j'entrais dans la salle. Elle salua les élèves sans pour autant nous regarder. Rien n'avait changé, les tables étaient toujours présentes, l'odeur de la craie embaumait la pièce. Sur le tableau noir était noté notre premier cours : L'alchimie.

Pas l'un des cours que je préférais, mais étant avide de connaissance, j'allai écouté avec beaucoup d'attention. J'avais même profité des vacances pour commencer à lire quelques ouvrages, j'espère que je n'allai pas être dépassé par les paroles de notre professeur. Les élèves arrivaient en masse prenant place et attendant que le cours commence.

Mme Rowland commença pour une introduction à son cours commençant par l'histoire de l'alchimie jusque là rien de nouveau. Puis, elle nous distribua un questionnaire et nous demanda si nous avions des questions à poser pour l'instant.

"Des questions ?"

C'est Rosie qui fut la seule à répondre. Je savais qu'elle était intelligente, on faisait souvent nos devoirs ensemble le soir, dans la chambre. On pouvait être tranquille.

"Nan aucune"

Je pris conscience qu'une main s'était levée dans la salle. Une élève que je ne connaissais pas vraiment. Elle devait avoir une question à poser. Mme Rowland lui donna la parole.

« Quand vous parlez de correspondances... C'est les correspondances de Baudelaire ou... ? »

Notre professeur fronça les sourcils avant de répondre d'un ton accusateur.

"Non. Il ne s'agit pas de littérature. Par correspondances, j'entends les points communs."

Après avoir répondu à la question, elle continua avec la suite du cours. Abordant le sujet sur les recherches de Nicolas Flamel.

"Comme vous le savez, Nicolas Flamel est un sorcier qui a vécu plusieurs centaines d'années. Combien exactement, seul l'ancien directeur de Poudlard, Albus Dumbledore aurait pu vous le dire puisqu'ils étaient amis. Quoiqu'il en soit, très tôt, Nicolas Flamel s'est passionné pour l'alchimie et n'a eu de cesse de travailler dessus jusqu'à obtenir un résultat. Il a ainsi créé la pierre philosophale. Quel était le but de la pierre ? Un petit morceau de la pierre s'est retrouvé entre les mains d'Harry Potter lors de l'assaut final. Nul ne sait comment d'autant qu'elle avait été détruite quelques années plus tôt. Mais passons Harry, qui s'est sacrifié est revenu à la vie grâce à l'invention de Flamel. Voici quelle a été l'importance de l'alchimie au cours du derniers siècle. C'est grâce à elle que la guerre a pris fin."

Elle se tut et regarda la salle. Quelque chose la tracassait ?

"Ecoutez ... Je sais que reprendre après ce qu'il s'est passé ici l'année passée est terrible. Je sais que vous pleurez des amis, des parents. Que les chaises vides vous font un effet bizarre. Mais nous devons avancer. Ils ne voudraient pas que nous restions à nous lamenter sur notre sort. Eux ne le peuvent pas. Alors pour eux, je vous demande de participer. Vous êtes jeunes, vous avez beaucoup à apprendre. Faire des erreurs, ce n'est pas grave, bien au contraire. C'est comme ça qu'on apprend"

Je ne savais pas quoi dire, certes elle venait de dire tout haut ce qu'on pensait tout bas, mais était-ce vraiment le moment ? Chacun avançait à son rythme, faisait son deuil à sa façon. Elle reprit la parole.

"Nous allons passer à un rappel de la pratique, cette fois. Redonnez-moi les sorts qui permettent de métamorphoser des objets, des êtres vivants en d'autres, de rendre à des objets ou des bêtes ou des êtres vivants leur apparence initiale."

Elle se tourna devant le tableau attendant nos réponses. C'est Micaëla qui prit la parole, répondant ainsi à la question.

« Les sorts de transferts en général, les transferts inter-espèces en particulier, qui permettraient de transformer un rat en oiseau, par exemple. »

Je n'aurais pas pu dire mieux moi-même.

« M…ais… Je vais enc…ore p…rovoqu…er une c…atastrophe… »

Le menton posé à même la table, Artémis lançait un regard pitoyable à Auguste, sachant pertinemment qu’il y serait, de toute façon, insensible. Pour être un Hestia, il en portait les couleurs avec sa fierté et sa discipline de préfet quand lui, pauvre Hypnos, traînait les pieds chaque fois qu’il s’agissait d’aller dans un cours de pratique. Et parmi toutes les disciplines qu’ils étaient susceptibles d’étudier, la Métamorphose était sans doute la plus dangereuse entre ses mains maladroites et sous son élocution hésitante. Pourtant, sous le regard insistant du garçon – qui devait sans doute mieux connaître que lui son emploi du temps d’Hypnos de neuvième année –, il soupira et se redressa. Ce n’était pas comme s’il n’allait pas y aller ; il voulait juste ne pas y aller là, maintenant, tout de suite. Quelle cruauté.

Sans conviction, il se traîna dans les couloirs, spéculant sur le thème du premier cours de l’année. S’il avait de la chance, le professeur commencerait par un cours théorique qui durerait toute l’heure et personne n’aura perdu de sourcils, lui en premier. Ce serait bien, ça, comme programme. Sans y faire attention, plongé dans ses pensées, Artémis pénétra dans la salle de classe, saluant mécaniquement son professeur sans noter les couleurs sombres qu’elle arborait, trop souvent quand avant, elle faisait partie de ces rares professeurs qui préféraient paraître décontractés plutôt que d’imposer leur autorité par l’austérité de leurs tenues et leurs visages sévères. Artémis trouvait tristes ces personnes qui ne se vêtaient que de couleurs ternes, comme si toute joie de vivre leur avait été aspirée. Et dans son monde peuplé de papillons étincelants, c’était déprimant.

Sans réfléchir, il s’installa, réflexe ou instinct, au fond de la classe, tout juste à côté de Zeppelin, histoire de se faire tout petit. Au fond, les professeurs ne devaient pas en être mécontents, vu sa médiocrité en matière de sortilèges, quels qu’ils soient ; alors autant qu’il reste dans son coin et qu’il en fasse le moins possible pour se faire remarquer. Après tout, certains le laissait même dormir parce qu’il n’était pas question de mettre la vie de leurs élèves en danger ; au moins, à dormir tout au fond de la classe, il n’embêtait personne et parvenait même à se faire oublier de ses professeurs. Ce qui, compte tenu de son mutisme privilégié, n’était pas bien difficile.

Sauf quand il était en cours avec Zeppelin.

L’alchimie ne l’inspirait pas plus que la Métamorphose en elle-même, quoiqu’il ne discernait pas encore parfaitement le rapport avec la matière qu’ils étaient censés étudier dans ce cours. Il ne fut pas plus éclairé, à part peut-être que cette science se rapprochait de la Métamorphose telle qu’aujourd’hui étudiée, lorsque le professeur débuta son cours ; il avait de toute façon perdu le fil dès qu’il fut question de philosophie, de microcosme et de macro-chose. Il s’y était efforcé, pourtant ; il était plein de bonne volonté – et n’avait, accessoirement, que la théorie pour parvenir au bout de ses études avec un diplôme décent. C’était seulement trop compliqué. Il n’avait déjà pas assimilé la première phrase qu’elle avait prononcée à propos de l’alchimie, alors parvenir à suivre le reste quand on n’avait pas compris le début, c’était légèrement compromis. Aussi, à l’instar de Zeppelin, étrangement calme aujourd’hui, il se mit à griffonner sur son parchemin jusqu’à ce qu’un autre lui apparaisse tout cuit dans le bec, juste sous son nez. Pris d’inattention sur le fait. Penaud, il prit les feuilles du bout des doigts, en tira une et fit passer le reste à ses voisins, pour mieux découvrir… qu’il n’en avait pas. il garda alors le reste des questionnaires, attendant de les remettre plus tard au professeur, et se pencha sur le sien. Oh, des questions, plein de questions sans réponses. Ce qui était drôle était encore qu’il ne les avait pas non plus.

« Des questions ? »

Oui. C’est quoi les réponses ? « Quand vous parlez de correspondances… C’est les correspondances de Baudelaire ou… ? »

Neh ? Artémis sortit de sa torpeur, ne serait-ce qu’à l’évocation du poète, et contempla Zeppelin, l’air de se demander pourquoi. Pourquoi elle disait ça, sans doute, mais il se demandait souvent pourquoi elle faisait ce qu’elle faisait pendant les cours, tout en la suivant, bien entendu. Parce qu’il s’ennuyait tout pareil, et que Zeppelin, bah, elle a toujours de drôles d’idées. Il l’aimait bien, même si ça lui valait de se faire remarquer par les professeurs.
« Non. Il ne s’agit pas de littérature. Par correspondances, j’entends les points communs. »

Voilà qui les avançait. Affalé sur sa table, il gratta les quelques bribes de réponses qui lui venaient à l’esprit, vestige d’une quelconque lecture personnelle, au Cercle des Poètes disparus ou ailleurs. Il ne savait pas grand-chose de l’alchimie, ou à tout le moins l’essentiel. Le gros essentiel, là, le truc que tout le monde sait. Comme lui. Artémis loucha vaguement du côté de Zeppelin, mais elle ne semblait pas en mener plus large que lui.

Un discours sur Nicolas Flamel et l’implication de sa création dans les Jours sombres suivit ce questionnaire laborieux, et Artémis se prit au jeu de contempler le reste de la classe, écoutant d’une oreille distraite ce qui ressemblait maintenant plus à du français que l’introduction de son cours mêlant micro et macro-truc. Il sursauta, presque, lorsque le registre changea soudainement, parlant de ces jours atroces qu’ils avaient vécus, quand il avait vu Auguste se faire attaquer, quand il avait vu Alix prisonnière sous les gravats, quand il avait vu… le reste. Et se sentit vaguement visé lorsqu’elle parla de faire des erreurs. Les explosions, ça comptent pour des erreurs, hein ?

« Nous allons passer à un rappel de la pratique, cette fois. Redonnez-moi les sorts qui permettent de métamorphoser des objets, des êtres vivants en d’autres, de rendre à des objets ou des êtres vivants leur apparence initiale. »

Oh non, de la pratique. Reculant dans sa chaise, Artémis s’affala davantage sur son bureau, cherchant à se faire tout petit. Peut-être vainement.