Difficile d'imaginer être là après tout ce qui avait eu lieu entre ces murs.Beauxbâtons pensait ses plaies après la victoire des gradins, et l'académie retrouvait petit à petit sa splendeur. Caliane était appuyée contre le murs qui faisait place au calfeutrage peu habile qui avait prit la place de la tenture divine qui se tenait là autrefois. Certes le bout de tissus qui recouvrait les planches était moins poussiéreux, mais il n'avait pas la superbe de son prédécesseur. La fille hésitait bien entendu, comme tant d'autre à découvrir ce qui se cachait derrière ces quelques planches que ne tenait pas si bien que cela au mur. La curiosité, l’excitation de l'aventure, difficile de résister à l'appel de cette douce sirène. Et pourtant, elle restait là en cette fin d'après midi d'été.

La plupart des autres élèves étaient à profiter des derniers rayons de soleil de cette chaude journée. Se prélasser sur le gazon était certes tentant, mais avoir à supporter les cris de ses comparses, les rires. Regarder les chaudes effusions entre les couples se retrouvant après toutes ces épreuves et la séparation des vacances. Non, elle était bien là, seule avec elle même, comme à son habitude en quelque sorte.

Non pas qu'il n'y ait pas d'autres élèves dans les bâtiments, non, nombres d'entre eux recherchaient un peu de fraicheur à l'ombre de cette bâtisse ancestrale. Certains flânaient dans les rayonnages poussiéreux de la bibliothèque, cherchant a s'avancer pour l'année scolaire qui allait débuter sous peu ? D'autre aidaient encore à la reconstruction de leur chère école, leur deuxième chez-eux pour bon nombre d'entre eux. Caliane le ferait aussi sans doute, mais pour le moment, elle était là, se demandant si oui ou non, elle allait repousser la tenture pour ensuite extraire les planche de leur support. S'aventurer dans les entrailles de l'école. Trouver peut être un ancien membre de l'OS en fuite ? Cela serait palpitant, mais n'était rien d'autre que les divagations de l'esprit d'une adolescente sous l'emprise de l'ennui.

Et quand bien même elle mettrait son plan à exécution, il y avait bien trop de passage dans ce couloir pour oser le faire à cette heure de la journée. En pleine nuit, protéger par l'obscurité qui cacherait ses méfaits, oui. Mais alors que le soleil était encore haut dans le ciel ? Inenvisageable !

Par ailleurs, cette chère Alix arrivait de façon assez bruyante. Il était difficile de décrire ce que Caliane éprouvait pour cette jeune fille. Du dégout ? Du mépris ? C'était tout cela mélangé et plus encore. Caliane ne l'aimait pas, et encore, c'était un euphémisme. Lorsqu'elle et les autres l'avait découverte gisant sur le sol, elle n'avait pas été prise d'un élan de compassion pour cette pauvre jeune fille brisée comme d'autres personnes de leur groupe, non. Elle avait eu envie de passer son chemin. Cruel de sa part ? Peut être, mais si elle n'avait pas la force de s'accrocher à la vie et avait choisit la voie de la facilité, ce n'était pas Caliane qui allait tout faire pour la sauver ! Elle avait juste suivit le mouvement, se demandant ce qui allait advenir par la suite, curiosité malsaine quand tu nous tient !

Le petite blonde passant devant elle, ne la regardant même pas. Et Caliane ne put s’empêcher de dessiner une moue féroce sur son visage de poupon.

"Attention de ne pas te fracasser la tête D'Aramitz ..."

Fixant la petite tête de troll de la Dionysos, elle la vit lui lancer un regard qui se voulait sans aucun doute d'acier, dur et qui voulait sans aucun doute lui dire d'aller se faire voir, mais qui n'arrivait qu'à lui donner envie de se lancer dans la bataille. Sadisme de sa part oui, elle voulait se battre avec elle, ne comprenant pas toujours cette explosion de haine qui l'enflammait.
Son regard se posa ensuite sur l'amie d'Alix, qui marchait avec cette dernière et d'autres. Alors que le groupe continuait son chemin, ayant aperçut le regard qu'elle lui lançait, Caliane ne put s’empêcher de rétorquer .

"Quoi ?! "

Allait-elle passer son chemin et ainsi coller à l'image que les élève de l'académie se faisaient de l'élève de Hébé ? Car il était presque connu de tous que Micaëla avait pour habitude d'éviter les conflits. Pas à tout prix non, mais la jeune brunette ne s'attendait pas à ce que ce soit elle qui prenne la défense de notre suicidaire en chef !
Croisant ses bras fins et légèrement halés par des heures passées dehors sous le soleil de plomb qui avait été le lot de tous les français durant cet été quasi caniculaire, elle arqua un sourcil face à la question de son interlocutrice.

"Pourquoi ?"

La réponse semblait pourtant si évidente pour Caliane, et en même temps, pas tant que cela. Il y avait tellement de choses qui entraient en ligne de mire, comment expliquer cela d'une simple phrase ? Comment expliquer une réaction épidermique de la sorte si ce n'est par un joli "J'aimerais juste lui encastrer sa baguette dans son rectum ou tout autre orifice anatomique, je ne vois pas en quoi cela peut sembler étrange !". Cela dit bien évidement dit avec la désinvolture adéquate !
Même ceux présents avec elle cette fameuse nuit ne pouvaient comprendre ce qu'elle ressentait ! Cygnus avait certes un comportement et un caractère assez proche du sien, et pourtant, il s'était amouraché de la petite blonde ! Syndrome du chevalier en armure blanche ! Mais elle même n'ayant pas le même appareillage anatomique, ni n'étant guidée par la testostérone, et bien, elle voulait juste lui rendre la vie impossible !

Mais inutile d'envisager de répondre ça à Micaëla, non ! en plus de passer pour une personne dégénérée et perverse, elle ne serait pas plus avancée. Déjà que porter par son mauvaise humeur due à la chaleur, elle avait juste envie de faire un caprice et de la planter là, quid de la réponse ! Mais n'ayant pas été élevée ainsi, n'est ce pas, elle se devait d'être un minimum civilisée si elle ne voulait pas finir en objet d'étude pour le soin aux créatures magiques ! Et puis, elle n'avait rien contre la jeune fille...Elle haussa donc les épaules de façon négligée avant d'ajouter d'une voix toute à fait neutre.

"Au cas ou tu ne serais pas au courant, elle à tenté de se suicider..."

Mais de toute évidence, cette réponse n'était pas suffisante, et avec le recule, Caliane se rendit compte que cela pouvait sembler un peu sadique de vouloir enfoncer une adolescente qui avait tenté de mettre fin à ses jours. Mais n'ayant jamais eu pour vocations d'aller se donner des airs de madone, elle continua.

"J'ai un peu de mal avec la lâcheté... Et c'est un euphémisme."

Caliane observait tranquillement Micaëla. Elle semblait mal à l’aise, nerveuse, comme une proie effrayée en somme. Non pas que cela excita la jeune fille (quoi que… xD), elle n’était pas un prédateur à qui la peur fait se genre de chose. (De plus, imaginez la, salive aux lèvres, sauter sur la pauvre élève de Hébé, ça ferait désordre !)
Penchant doucement la tête sur le coté, attentive, elle la regarda approcher, et c’est tout juste sur le stress ne la faisait pas se tordre les mains.

« Ah… »

Ne s’était-elle pas attendue à cette réponse ? Pour quelle autre raison la jeune Caliane pourrait-elle détester Alix ? Ses cheveux trop blonds ? Ses fesses trop grosses ?

« Je ne sais pas... Moi je n'aurais pas le courage de faire ça, je crois. Affronter la mort en face, ce n'est pas vraiment quelque chose de facile. Même pour abandonner une vie qu'on ne supporte plus. »

A ces quelques mots, elle ne put réprimer un petit rire. Oui, vous avez bien lu, elle pouffa légèrement. Tentant de dissimuler ce fait en plaçant sa main devant ses lèvres. Elle tenta de se redonner une contenance.

« Désolée »

Se redressant, elle épousseta de la poussière imaginaire sur ses vêtements avant de répondre à son interlocutrice. Dire qu’elle ne partageait pas son point de vue serait encore loin du compte. Mais elle n’allait pas s’énerver non, si elle voulait se faire comprendre, il fallait qu’elle explique son point de vue sur la tentative de suicide de l’amie de Micaëla, et ce, avec des mots soigneusement choisis. Après tout, Elle n’était pas Alix, elle c’était une toute autre histoire, c’est avec plaisir qu’elle l’aurait coulée dans le lac de Durmstrang !

« Il n’y a aucun courage dans le fait de tenter de se tuer. C’est égoïste, lâche et pour ma part, également puéril ! Elle à tout simplement penser que non, elle n’allait pas se donner la peine de se battre, sans songer ne serait-ce qu’une seconde à ses proches ! »

Reprenant sa respiration pour se calmer les nerfs, elle flirtait avec l’envie déstabilisante d’aller trouver Alix pour la secouer dans tous les sens !

« Et même si ce n’était qu’un appel au secours comme disent certains, le moment était mal choisit pour faire son caprice d’enfant pourrie gâtée ! »

Ah ! Que cela faisait du bien de laisser sortir tout ça ! Elle avait beau avoir faire comprendre a cette petite suicidaire ce qu’elle pensait de sa tentative, elle n’avait qu’une envie, le crier au monde !

« Et puis... est-ce qu'il n'y a pas des cas de figure ou ce qui peut sembler lâche au prime abord, au fond, relève d'un grand courage ? »

Regardant tout d’un coup la petite blonde d’un regard interloqué, elle ne put s’empêcher de répondre.

« Comme ? Tout dépend de ce que tu sous-entends ! »

La jeune élève de l’écurie Hadès écouta attentivement son aînée, écoutant les excuses qu’elle trouvait à Alix. Après tout, elle été, ou avait été son amie. Pouvait-elle lui en vouloir de minorer l’acte qu’elle avait fait ? Si Micaëla perdait cette cécité quant au caractère d’Alix, cela ne pourrait que lui servir, il n’est jamais trop bon de se faire trop d’illusion au sujet des personnes que l’on côtoie. Mais ce n’était pas elle qui allait déchirer les derniers vestiges d’illusion qu’elle semblait encore chérir.

« Je te concède que c'est assez égoïste, au fond, mais je ne crois pas qu'on s'en rend vraiment compte quand on est dans cet état. Mais pour avoir perdu quelqu'un de proche, je sais ce que ressentent ceux qui restent. Quand c'est un accident, un coup du sort, on a déjà du mal à supporter le départ de ceux qu'on aime, alors quand ils partent de leur propre chef... Je crois qu'on n'arrive jamais à vraiment bien comprendre pourquoi, ni à se pardonner de n'avoir pas réussi à les aider... »

Caliane esquissa doucement un sourire. Son interlocutrice avait le compromis facile, ce qui était de toute évidence un bon point pour elle. Non pas que la jeune fille aimait qu’on lui dise qu’elle avait raison (quoi que cela n’est jamais totalement désagréable à entendre), mais elle se rendait juste compte que la position de Micaëla sur la tentative d’Alix n’était peut être pas si éloignée que la sienne, elle trait juste la jeune fille avec plus d’indulgence, chose dont elle se savait elle-même incapable !

« Pour être honnête avec toi, il n’y a pas de pardon à avoir. Elle doit juste assumer ses actes. Je veux dire, moi je n’ai jamais été proche d’elle, mais bon sang, à ta place, si elle avait été mon amie, elle aurait vite compris son erreur… »

Passant distraitement une main dans ses cheveux détachés, elle les ramassa sur un côté de sn visage, ayant bien trop chaud, de par la température ambiante.

« Il n'y a pas de bon moment pour ça, je crois... »

Caliane prit le temps de la réflexion, étant tout de même du genre impulsive dans son genre, elle ne voulait pas avoir de parole imprudente envers la jeune fille, ayant comme une sorte de compassion, non, ce n’était pas le terme adéquat, mais disons qu’elle ne voulait en rien la froisser.

« Avoues quand même que l’école n’avait vraiment pas besoin de ça, nous avions déjà assez le moral assez bas, sans que quelqu’un montre qu’elle pensait ne plus avoir aucun espoir, de choisir la fuite plutôt que le combat ! »

Car oui, tous avait souffert pendant que l’OS avait été au pouvoir, tous ! Et la grande majorité avait choisit de redresser la tête, de se battre pour ce qu’ils estimaient juste. Laisser tomber, c’était juste la voie de la facilité, le chemin que choisissaient les lâches.

« Je crois que ce qui me choque le plus, c'est qu'elle s'éloigne ainsi de ceux qu'elle a toujours connus. »

Non, Caliane n’allait pas faire un câlin tout mignon, tout gentil à Micaëla. D’une parce que ce n’était pas son genre, et de deux, il y avait des témoins, et que nom d’un scrout à pétard, elle avait une réputation à tenir ! Mais elle pouvait comprendre l’incompréhension qui semblait habiter Micaëla. Oui, si Irina ou son frère venait un jour à faire la même chose, et qu’ensuite ils s’éloignent d’elle, elle ne comprendrait pas, en souffrirait peut être encore plus que s’ils avaient trépassés… Douce torture récurrente en somme.

« Juste qu'il y doit bien y avoir d'autres moyens de se battre, et que foncer tête baissée dans la bataille n'est pas toujours la seule solution. Moi je ne sais pas faire ça. Je ne sais pas tenir tête, je n'aime pas les conflits. Mais... Est-ce que ce n'est pas aussi une façon de se battre que d'endurer, de garder la tête haute, de continuer à vivre, malgré les affronts, les railleries, les coups bas ? Ou est-ce que c'est lâche de ne pas répondre à la violence par la violence ? »

Ainsi elle avait prit cela pour elle ? Caliane elle-même n’était pas toujours pour foncer tête baisser dans le tas, c’était bien trop irréfléchi pour sa part. Non, Caliane était intelligente, et savait mener sa barque, aussi devait-elle réfléchir avant de passer à l’acte. Préférant d’ailleurs bien souvent agir dans la discrétion. Fourbe diraient certains ? Peut-être…

« Rassures toi Micaëla, je ne te trouve pas lâche. Patiente oui, mais pas lâche. Car en effet, foncer dans le tas n’est pour moi pas la chose la plus raisonnable à faire, parfois oui, mais pas tout le temps. Après, nous avons tous notre façon de faire face. Tu as la tienne, j’ai la mienne, et d’autres ont la leur. Et puis, il y a toute sorte de violence… La seule chose, c’est qu’il ne faut pas abandonner ta fierté pour la fouler du pied. »