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auguste&delilah ✈ il n'existe aucune nuit qui ne s'achève sur un matin, n'est-ce pas ?
ϟ you belong to the world, and when it screams your name back, don't pretend you don't hear it.
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Message Posté Lun 20 Fév - 11:51.
please, don't hold it against me




STATUT DU SUJET : privé.
NOM DES PARTICIPANTS : auguste debraie et delilah setton.
DATE : juste après la grande bataille.
HEURE : dans la matinée, je suppose.
METEO : gris, un temps sans soleil.
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE GLOBALE EN COURS : 010.
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE DU FORUM EN COURS : 009.
INTERVENTION DE DOMINUS TENEBRAE : non merci.


crédit: marlisle (livejournal) et sulky.


Dernière édition par Delilah E. Setton le Lun 20 Fév - 12:31, édité 1 fois
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Message Posté Lun 20 Fév - 11:52.

Combien de jours ont passé, depuis que les jardins ont été transfigurés en arènes de combats morbides ? L’impression que ça fait une éternité, et rien à la fois. Je ne sais pas si j’ai encore la notion du temps, car si l’orage a fini par se taire, notre monde reste comme suspendu entre ciel et terre, emprisonné dans cette fine pellicule grise que personne n’ose briser. Poussière, débris, sang terni par les cendres sont notre lot quotidien, alors que la bataille vient seulement de s’achever. Les nuages choyant notre ciel ont fini de s’infiltrer dans nos cœurs. Qui a gagné, qui a perdu ? Est-ce encore possible de s’autoriser la formulation de ces mots, alors que chacun de nous a tué aveuglément et vu mourir adultes, étudiants, jusqu’aux plus jeunes de l’académie… La brume condense mes pensées et je me sens si vide, si lasse, alors que mes pas suivent les corridors déserts de Beauxbâtons. Le souffle incessant des combats m’a désertée. Evaporée, l’effrayante incandescence des sorts filant, fusant, flamboyant jusqu’à vos corps, avec cet éclat cruel de mort qui ne cherche qu’à vous manger les tripes. Maintenant, il n’y a plus que cette fatigue. Les mains qui tremblent encore, les vêtements sales qu’on a pas eu le temps – ou bien le courage – de changer, les visages sur les joues desquelles les larmes d’épuisement et de désespoir ont fini par prendre racine. Exténuée. Je chasse les images des corps expirant, cesse d’imaginer toutes ces âmes pures qui s’envolent irrévocablement. J’aimerais bloquer ces jambes usées, me laisser choir là, contre ce mur, arrêter d’offrir mon regard au monde et laisser le néant l’engloutir dans un sommeil sans rêves. Pourtant, une force que jamais je n’aurais soupçonnée continue de tirer les ficelles, là-haut.

Mon regard suit les lézardes dont les plantes, encore enracinées dans la pierre par endroits, ont léché le mur sur toute sa longueur. Plus rien n’est blanc, plus rien n’est bleu. Le sol, les parois, les statues décapitées, tout est devenu gris. Gris poussière, gris sans-soleil, gris comme les souvenirs de la guerre civile. Les vers imaginaires se tortillent sous ma peau, l’acide me ronge le ventre et la chair. Pas une infime parcelle de mon corps ne me rappelle combien tout ça a été éprouvant. Mais je continue et trace mon chemin jusqu’à l’infirmerie, parce que je suis là, je suis entière, je tiens debout, alors ça va. Je me sens brisée dans tous les sens, tremblante d’épuisement, mais ça va. Faut bien garder dans nos cœur la lumière dont le soleil nous prive encore, ou bien nos corps s’abandonnerons au froid qui enlace les mains, les jambes, le visage. On n’a pas le droit de souffler sur l’optimisme que l’issue de la bataille s’efforce de nous insuffler tant bien que mal, on n’a pas le droit parce que ceux qui dorment pour toujours sous la cendre, sous les gravats des infâmes gradins, ils sont partis pour ça. Je me sens comme un crayon taillé jusqu’à ce qu’il en reste plus rien, ma tête tourne encore, mais j’en déterre les sombres pensées et leur tord le cou avant qu’elles ne m’ensevelissent complètement. Que mon incessant soliloque se taise enfin.

Depuis combien de temps suis-je en train de me traîner de cette façon ? Enfin, je m’engouffre dans l’infirmerie, et ne tarde pas à apercevoir celui que je cherche. À voir la façon dont ses traits sont tirés, je sens l’inquiétude qui coule jusque dans la bouche. Je m’approche et j’oublie que chaque pas m’épuise un peu plus. Amadeus m’a dit qu’il nous avait vu ensemble, sur le champ de bataille, mais j’ai presque oublié cette raison de ma venue alors que l’aube dans mes yeux détaille sa silhouette encore inconsciente entre les draps. La boule dans ma gorge, le regard qui s’engourdit de toutes les larmes que je ne pleurerai pourtant pas. L’air est lourd, lourd de pertes, lourd de l’entêtante fragrance des potions que l’infirmière court porter un peu partout. Je me demande comment elle ne devient pas folle, et continue de regarder le visage pâle d’Auguste, ses mèches blondes qui s’emmêlent autour de lui en lui conférant un genre d’aura divine. C’est drôle, je lui ai toujours trouvé un petit air d’ange, mais cette fois ça me frappe presque, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je continue de le regarder, je me suis arrêtée à côté du lit, je n’ose pas tourner la tête et identifier les autres corps qui sommeillent sur des nids de fortune dans la grande salle au parfum de médicaments. Derrière moi, j’entends vaguement l’écho de pas qui s’approchent. « Ca va aller. » L’infirmière incline la tête, dépose une préparation aux étranges couleurs sur la petite table de chevet encombrée. Je sens un triste sourire étirer mes traits fatigués. Un ami que je n’aurai pas perdu. Un ami qui pourra retrouver ses proches et continuer de poursuivre, tant bien que mal, ses rêves. Les pas s’éloignent, et j’approche silencieusement un tabouret abandonné sur lequel je m’assois en soufflant lentement. Les cordes semblent se desserrer un peu autour de mon cœur, je respire mieux, je m’accoutume presque à cette atmosphère austère qui vous laisse deviner la proximité inexorable de la mort.

Et puis j’attends avec une patience ineffable, même si les aiguilles doivent tourner au ralenti, oubliant à quel point ce bout de bois à trois pattes est inconfortable. Je fais confiance à l’infirmière, mais je veux que sa voix, à lui, m’annonce qu’il s’en sort bien. Et puis je me rappelle soudain des paroles d’Amadeus, et l’ombre d’un sourire achève d’expirer. Le silence est tellement pesant, maintenant, qu’il en semble irréel. Auguste est mon ami, et pourtant la joute verbale à laquelle il s’est livrée avec le violoniste est de renommée académicienne maintenant. Je ne sais pas exactement ce qu’ils se sont dit, je sais avoir entendu qu’Amadeus n’a pas mâché ses mots, et je redoute un peu ce qu’il a réellement pu lui balancer. Ce n’est pas qu’il soit méchant – je sais qu’une part de sensibilité, apparemment inconnue de tous, l’habite bel et bien. Mais je suis consciente qu’il est cru dans ses mots, et je ne voudrais pas qu’Auguste croit que je le… trahis, en quelque sorte, en étant avec le brun. J’ai peur qu’il ne comprenne pas à son réveil, qu’il ne veuille même plus me parler. Et pourtant, je reste immobile sur mon assise improvisée, j’attends. J’attends avec attention le moment où ses cils battront, libérant enfin son regard convalescent du sommeil dans lequel il est plongé.

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Message Posté Mar 21 Fév - 5:25.
Il venait de trouver. La potion avait un goût de pêche. Il lui avait semblé impossible de savoir, comme si le fer, le sang, envahissait encore et toujours sa bouche. Comme s'il s'était incrusté dans ses papilles. Et pour la première fois depuis la bataille il arrivait à sentir autre chose sur sa langue. La pêche. Il fallait bien avouer que, pour l'aider, il ingurgitait presque uniquement ça. Elles commençaient à l'écoeurer, ces foutues potions, mais il se rendait bien compte qu'elles le maintenaient en vie. Il sentait encore son corps faible, il avait encore l'impression que des milliers d'aiguilles traversaient sa peau, traversaient sa chaire. Et sans l'une de ces foutues potions il ne trouverait sans-doute jamais le sommeil. Sans cette potion au goût de pêche il n'arriverait pas à s'endormir, de ce sommeil profond, dénué de rêves, calme, reposant. C'était la seule qu'il arrivait à identifier jusque là, c'était celle qu'il préférait. Les autres semblaient toutes identiques. Une sorte de magma visqueux que l'infirmière lui faisait couler dans la gorge, bien trop souvent selon lui. Elles avaient des jolies couleurs, mais toutes le même aspect pâteux désagréable qu'il détestait. Une orange, une rose, une autre d'un beau vert tendre, un vert prairie intense, la couleur des jardins de l'école, au mois d'avril, dans la douceur du printemps. Les jardins. Il ne devait plus en rester grand-chose maintenant que les combats étaient terminés. Un grand champ de boue peut-être. Il lui restait en mémoire les vestiges d'une image, un souvenir un peu flou qui s'était incrusté dans son esprit peu avant que l'attaque ne le touche. Il se souvenait de la désolation qui les entourait tous. Il se souvenait de la terre souillée de sang, des lambeaux de bois éparpillés tout autour d'eux, des cadavres boueux. Il s'en tirait bien, finalement.

Il n'était pas le plus difficile des pensionnaires de l'infirmerie. Il était docile. Il prenait ses médicaments sans rechigner, sans un mot. Il se laissait complètement faire. Il n'avait pas tenté de se lever, pour retourner se battre à peine ses blessures pansées, il en était de toutes façons incapable, il ne hurlait pas à la mort sa douleur, il serrait les dents, il ne sanglotait pas des heures durant, il ne se l'était jamais autorisé, parce que son sort n'était pas le plus à plaindre. Il était en vie, il avait survécu, alors il était presque heureux de souffrir tous ces maux. C'est ce qu'ils lui disaient, c'est ce qu'ils lui criaient : tu es en vie. Il bénissait donc chaque minute de vie supplémentaire, il bénissait chaque instant qui lui était accordé de vivre. Il bénissait l'infirmière et ses potions immondes, il bénissait les potions immondes de le sauver. Il bénissait tout et tout le monde. Et surtout il le bénissait lui. Il l'avait sauvé, il le savait. C'est lui qui l'avait traîné jusqu'à la racine, malgré qu'il n'ait été qu'un poids mort, certainement beaucoup trop lourd. Il l'avait sauvé. Et il était très certainement le meilleur médicament que l'on puisse lui donner. Il était là, chaque jour, assis à ses côtés, à le regarder dormir bien souvent. Artémis passait parfois sa main dans ses cheveux, trop doux, comme s'il craignait de lui faire mal, comme s'il craignait de briser une poupée de porcelaine trop fragile pour ses doigts maladroit. Et Auguste se sentait bien sous ses caresses, son corps se souvenait de la douceur, il se souvenait de ses gestes, et c'était comme si tout allait soudainement beaucoup mieux.

Puis il s'endormait, un goût de pêche dans la bouche, ses yeux posés sur lui, à ses côtés, presque toujours à ses côtés. Et là tout allait bien, là tout s'arrangeait, là il allait mieux. C'était avant tout une impression, il en était bien conscient, s'il allait mieux c'était surtout grâce aux soins de l'infirmière, mais il aimait cette sensation de bien-être que seule la présence du brun lui laissait éprouver. Il aimait l'illusion qu'il pouvait être guéri par sa seule présence. Puis il s'endormait, apaisé. Il se reposait enfin, des quelques minutes, des quelques heures tout au plus qu'il avait passé éveillé. Il savait qu'il allait mieux. Anastasie lui avait dit. L'infirmière l'avait informé qu'il avait presque récupéré la totalité du sang qu'il lui manquait. Merveilleuses potions. Elle était l'une des seules à pouvoir être mise au courant de ce genre de choses. Elle était sa seule parente à l'académie, du moins elle l'était en temps normal. Mais Aliénor était venue se battre, emmenant avec elle quelques anciens membres du Cercle des Poètes Disparus à la tête duquel elle avait été en son temps. Et comme pour se remémorer de bons souvenirs, ils l'avaient suivi, et ils s'étaient battus ensemble, pour leur école, pour leurs enfants, pour l'avenir du monde magique. Elle avait appris au cours de la bataille ce qui était arrivé à son fils, mais elle n'avait pas arrêté de lutter pour autant. Elle avait eu confiance en lui, elle avait cru en lui, elle n'avait pas imaginé un seul instant qu'il puisse mourir. Elle était revenue bien plus tard, lui laissant le temps de se rétablir, lui laissant le temps de se retrouver, lui laissant du temps avec son filleul, juste pour eux deux. Elle avait aidé autant qu'elle avait pu pour s'occuper, pour ne pas trop s'inquiéter, pour ne pas penser à la tête blonde alitée qu'elle chérissait tant. Sa grand-mère n'avaient pas été informée de son état. Il s'y était opposé, aussi farouchement qu'il lui en était possible. Il ne voulait pas l'inquiéter. Sa vie était maintenant hors de danger, et même s'il lui faudrait encore du temps pour se rétablir, il était sauvé. Il ne voulait pas la voir débarquer à son chevet, pas parce qu'elle l'aurait dérangé, au contraire sa présence l'aurait sans doutes rassuré, mais il ne voulait pas lui infliger la dureté de ses choix. Il ne voulait pas lui imposer l'égoïsme de ses actes. Il avait donc défendu sa mère, sa soeur, sa meilleure amie, ou même son petit ami de prévenir la matriarche. Bien sûr on lui avait donné des nouvelles, mais on avait un peu menti, on avait omis quelques détails, quelques blessures. Mais il n'y avait de toutes façons rien à craindre, il s'en tirerait.

Il sombra dans le sommeil, un sommeil au goût de pêche, une fois de plus.

Une présence à ses côtés le tira de ses songes. Il n'avait pas réussi à sentir qui se tenait, près de lui. Il n'arrivait pas à ouvrir les yeux, pas qu'il n'en ait pas la force, simplement que la lumière lui semblait trop vive. Il avait l'impression qu'elle lui brûlait les rétines à travers la peau de ses paupières, aussi il n'osait imaginer ce qu'il se passerait une fois qu'il les ouvrirait. Mais il dut bientôt s'y résoudre, sa curiosité l'y poussait, tandis que le tiraillement de ses chaires reprenait dans tout son corps et que sa gorge asséchée réclamait une eau salvatrice. S'il voulait ne plus avoir mal, s'il voulait boire, s'il voulait voir qui se tenait à ses côtés, s'il voulait savoir à qui appartenait cette respiration qu'il ne reconnaissait pas, il devait ouvrir les yeux. Alors, il les ouvrit. Ses cils se mirent à battre, barrière fragile de ses pupilles engourdies contre les rayons agressifs de l'astre. Il posa immédiatement son regard sur elle. Il ne savait pas trop comment réagir, il était un peu gêné. Oui c'était cela. Il était gêné, parce qu'il se souvenait de ce qu'il avait vu et qu'il ne savait pas comment il devait réagir. Mais sa présence ce matin-là lui faisait un bien fou. Il l'appréciait. Il se décida donc à briser ce silence un peu pesant qu'il y avait eu le temps de s'installer entre eux, durant les quelques secondes où leurs yeux s'étaient croisés.

Salut.

Un simple mot, rien de plus, un peu rauque, rendu sec par sa gorge déshydratée, par l'engourdissement de son sommeil. Mais il y avait dans ses yeux cernés toute la douceur que ce petit mot n'arrivait pas à exprimer. Il détourna finalement le regard, le portant sur le verre d'eau posé sur sa table de chevet. Il avait vraiment soif. Dans un geste lent, douloureux, un geste qui lui arracha une grimace, mais pourtant plein d'élégance, il attrapa le verre. Il tenta de l'amener jusqu'à lui, mais ses doigts encore trop faibles ne le serraient pas assez fort. Il alla donc exploser en de nombreux morceaux sur les dalles blanches de la salle. Il était encore trop tôt pour faire ça tout seul. Les aiguilles plantées dans sa peau se faisait de plus en plus aiguisées et douloureuses. Mais fidèle à lui-même, il ne voulait pas inquiéter son ami, alors il arborait son habituel masque inébranlable. Un masque livide.
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Message Posté Jeu 23 Fév - 23:22.

Le temps égraine les minutes dans sa course et chiffonne mon cœur à la pensée qu’il n’ouvrira peut-être pas les yeux aujourd’hui. Si la cruauté de puissants sortilèges déferle encore dans ses veines, alors le sommeil de plomb, maintenu par le flux des potions colorées, ne soulèvera probablement pas sa chape avant des heures. Hagarde, fébrile, tendue, je laisse mes doigts glisser sur le bois et tresser les nœuds rêches de cette matière brute, me rappelant avec un pincement au cœur que nombreux sont les arbres à être tombés pendant la bataille. Mon regard, lui, reste concentré sur le point culminant de mon attention, et fouille les traits d’Auguste à la recherche d’un moindre signe. Son immobilité me perturberait presque, car ses traits sont exempts des imperceptibles soubresauts animant les corps, lors qu’un rêve diffuse ses images chimériques, injectant sous la peau l’éternelle danse des sentiments que n’interrompt pas la berceuse de Morphée. Ses traits sont statiques et pâles, et on dirait presque une statue taillée avec finesse. Ses cheveux tressant toujours cette aura cadrant son front comme une couronne, achèvent de donner à son visage un aspect de doux surréalisme. Te réveilleras-tu, petit prince ? La douceur de mon regard le couve toujours dans l’attente fiévreuse. J’ignore s’il va émerger d’ici une minute, une heure, une journée, mais je refuse de me lever, de sortir, de le laisser. Peut-être que, quelque part, une intuition me chuchote que l’attente s’écourte. Combien de temps s’écoule encore avant que je ne saisisse l’imperceptible plissement reconnectant à la vie ses lourdes paupières ? Un sourire naissant soulignant mes lèvres rougies, j’observe, attendrie, le battement de ses cils s’accélérant le temps qu’il s’accoutume à la lumière. Celle-ci n’est pas si contrastée, car l’infirmière a pris soin de tirer un peu les teintures, mais les teintures sont déchirées et la nuit du sommeil aveugle Auguste l’espace d’un instant. Une fois la vision rééduquée et capable de discerner l’environnement dans lequel il baigne depuis quelques jours maintenant, c’est vers moi qu’il tourne son beau regard bleu. Il a perdu sa teinte électrique qui le rendait si fascinant, s’est terni en route, mais je sais que ce n’est qu’une question de temps pour qu’il retrouve les étincelles de vie qui y pétillaient. Dedans, je lis en m’y plongeant le continuel épuisement qui régit les journées d’Auguste de sa loi drastique, ainsi que la souffrance qui doit encore froisser chaque parcelle de son corps. Mais, en m’y laissant voguer, je trouve aussi une vague de bonheur – le bonheur d’être encore là et, j’en ai l’impression, le soulagement de me trouver à son chevet. Toutefois, une légère gêne flotte dans le silence que je n’ose pas rompre, et je pense qu’elle est due à notre situation encore complexe, à Amadeus, lui, moi.

« Salut. » J’entends, dans les tonalités rocailleuses de sa voix engourdie, tout ce que j’ai perçu dans ses prunelles fatiguées. La voix est éraillée, au même titre que sa gorge semble éraflée d’une déshydratation momentanée. Mais la lueur au fond des yeux, elle est infiniment douce. Je sens un soulagement volcanique réchauffer mon corps jusqu’au bout des doigts, en comprenant qu’il ne m’en veut probablement pas. Je rassemble tout ce que j’avais d’éparpillé dans mes émotions fluctuantes pour lui offrir un sourire qu’il distinguera, cette fois, inclinant doucement la tête en soufflant : « Auguste. » Le bien fou que ça me fait, de pouvoir prononcer son nom et l’interpeller avec. C'est comme si je venais de me rappeler comment on fait pour respirer. La peur que j’aurais pu le perdre s’autorise enfin à se dissiper : il est là. Il est encore là. Puis l’ange détourne les yeux et fixe le grappin de sa volonté intacte sur le verre d’eau narguant sa gorge sèche, depuis la table de chevet. Il dégage une main, la tend. Une grimace passe sur ses traits. Dans une douleur qui ne lui laisse pas encore de répit, il se saisit du verre, mes les forces lui manque et c’est dans un bruit diffus de cassure que les morceaux se répandent au sol, libérant le liquide qui se met à ramper entre les dalles. Je m’en veux soudain de l’avoir laissé faire, parce qu’il est encore trop tôt et que son rétablissement ne doit pas être prématuré, afin d’être assuré. Le réflexe m’expulse de mon assise et j’ignore les protestations de mes jambes lourdes. Mes genoux plient dans un craquement sinistre, mais imperturbable, je sors ma baguette, la pointe sur les débris de verre. « Reparo. » Le récipient se reconstitue sous mes yeux, me laissant le saisir et le remplir d’un aguamenti. Les sorts dont je viens de me servir me semble trivialement basiques, en comparaison des incantations complexes utilisées pendant la guerre. J’aimerais tant n’avoir plus à me servir que de ceux-là. Simples, bienfaiteurs. J’exècre les formules destructrices ayant martelé mes tympans durant ces longues heures distendues.

Me redressant, je me penche sur la silhouette ankylosée de mon ami et porte le verre à ses lèvres, le laissant boire à son rythme de petites goulées. Ses traits sont tirés, et une trace sombre cercle son regard des marques de la fatigue, mais le contact d’une eau bienfaitrice semble lui faire beaucoup de bien. Une fois le récipient vide, je le dépose sur la table et me laisse choir à nouveau sur le tabouret, l’approchant du lit dans un raclement trouant une seconde le silence inquiétant. Les mots se bousculent à la coupe de mes lèvres, et je ne sais lesquels choisir, ni par où commencer. Alors je pioche au hasard, et entame par une touche d’un humour léger qui, je l’espère, lui changera un peu les idées. « Un vrai héros de guerre ! » Je souris, le désignant du menton d’un geste tendre. « Si tu pensais nous abandonner, je crois bien que c’est raté. » Mon faible rire ressemble plus à un souffle, mais je sais qu’il sent, dans ma voix, tout le réconfort que je souhaite lui apporter. Je n’ai pas envie de lui rappeler la souffrance et les plaies qui se referment péniblement, le crissement des pierres contre sa peau lorsqu’il tombe frappé par l’éclair de lumière, le goût âcre du sang dans sa bouche. La vie ne l’a pas quitté, au contraire ; elle lui rend la maîtrise de son corps et l’affût de ses sens jour après jour, alors mieux vaut ne pas s’éterniser à parler de malheur lorsqu’il est possible de dédramatiser, n’est-ce pas ?

Je laisse un peu de temps passer et redeviens sérieuse, ce qui n’empêche pas la sérénité de rester mon maître mot. « Alors tu sais, finalement. » Un sourire pensif s’étale sur mes lèvres, et mon regard s’égare dans l’air au dessus des draps. Je ne sais comment lui en parler, alors je me dis que je vais le laisser répondre, et qu’ainsi lui-même me guidera sur la bonne voix, me faisant comprendre ce qu’il pense de tout ça. J’espère que ma relation avec Amadeus n’aura pas l'allure d’une quelconque trahison à notre amitié à ses yeux… mais je suis confiante, car je vois encore la douceur dans son regard. Une douceur à réchauffer les cœurs.

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