ILYAS & FULMINA
« Ha ha ha ! »

Un sourire s’étend sur ton visage alors que tu penses à toutes les provisions de farces et attrapes que tu as fait depuis le début de ta vie. Naturellement, cette mission que tu te dois d’effectuer avec un Russe à l’air sympathique te rappelle immanquablement toutes les bêtises que tu as pu effectuer à Poudlard, que ce soit toute seule, par ennui, ou avec Meryc, l’un de tes meilleurs amis. Tu sais bien que tu ne devrais pas te laisser influencer ainsi, et que tu devrais parfois songer à mieux te tenir. Cependant, tu n’y peux rien, et ça t’arrange presque d’avoir une bonne excuse pour faire ce que tu veux de ton année. Tu revois toutes ces explosions colorées, tu réentends tous tes fous rires. Tu souris. Tu sais que quand tu partiras, tu partiras heureuse. Tu as eu une belle vie, et maintenant, tu vas œuvrer pour la bonne cause. Tu repasses rapidement ton stock dans ta tête. Tu pourrais probablement demander à Meryc de t’en refiler s’il t’en manque. Néanmoins, tu penses que le compte est bon, surtout si le Russes est aussi callé que toi en la matière. Tu t’accroches solidement à ta petite sacoche. Personne ne penserait qu’il se cachait là-dedans des Bombabouses à n’en plus finir, des Feuxfous Fuseboum de toutes les sortes possibles et inimaginables (tu rêves de tous les utiliser depuis quelques années déjà et tu ne cesses de les accumuler pour cette raison) et d’autres petits bidules bien pratiques pour faire diversion. Si on oublie la confusion que cela devrait faire, ça devrait être bien joli et très lumineux. Tu regardes ta petite sacoche, bien fière de ton coup. Tu as réussi à y placer le sortilège qui permet de placer beaucoup plus de choses à l’intérieur qu’il n’y paraît de l’extérieur. Tu n’as néanmoins pas tout apporté, un exemplaire de chaque devrait faire l’affaire, histoire de convaincre le géant russe qui doit bien faire trois têtes de plus que toi que tu n’es pas débutante en la matière. Après tout, tu n’en sais rien, tu vas peut-être devoir travailler avec un macho qui ne pense qu’à lui. Tu soupires à cette pensée, mais tu préfères néanmoins t’en tenir à ta première impression : il t’avait semblé sympathique.

Tu es convaincue que c’est la chose à faire. Aider les résistants, faire diversion et tout ça. Tu ne vois pas pourquoi tu ne devrais pas, et puis tout ça doit avoir une fin et tu aimerais bien la voir de ton vivant. Tu sais que tu ne pourras pas raconter cette bataille épique à tes enfants, et pourtant tu penses quand même qu’y participer est la meilleure chose à faire. Personne ne se souviendra que tu as été là, que tu as fait quelque chose, mais ça t’es complètement égal. Tout ce que tu veux, c’est faire quelque chose qui te rendra fière, faire bouger les choses, permettre aux générations d’après de vivre dans un joli monde tout beau tout rose. Bon, tu n’es pas si naïve, tu sais bien que le monde ne sera jamais tout beau tout rose, mais tu ne peux qu’espérer que les résistants sortiront gagnants de leur bataille et que le monde deviendra meilleur. Meilleur. C’est tout ce que tu espères. Tu ne prétends pas vouloir l’idéal, car tu sais que c’est impossible. Mais si ça pouvait seulement être mieux, tu serais comblée.

Tu te lèves finalement, ta petite sacoche serrée contre toi, et tu te diriges tant bien que mal vers la salle à manger. Tu n’avais rien contre les Français, mais tu n’aimais pas vraiment leur Académie. C’était magnifique, c’était propre, c’était grandiose, mais c’était… Trop. Tu t’y perdrais, tu te sentais minuscule et tu avais impression d’être une intruse. Certes, Poudlard était également grand, magnifique et grandiose, mais tu t’y sentais chez toi, et ça faisait décidément toute la différence. Tu te retrouves finalement à ta destination, et tu vas t’installer sur une table dans le fond, un peu à l’écart des autres élèves pour ne pas qu’ils surprennent ta conversation avec le Russe, mais pas trop pour que toi et ton compagnon n’ayez pas l’air de comploter quelque chose de louche. D’ailleurs, parlant de ton compagnon, il a apparemment bien reçu (et compris) ton message, car tu le vois apparaître dans la porte. Tu lui fais des signes de la main pour s’assurer qu’il sait où tu es, puis tu l’observes.

Putin qu’il est grand.

Tu espères vraiment qu’il est sympathique, sinon tu vas te sentir intimidée pour le restant de cette charmante rencontre.

Ton uniforme te gratte. Tu as l'impression qu'il est horriblement râpeux, depuis que tu es arrivé en France. C'est peut-être la qualité de l'air, à ce que tu en sais. Ou la température. Ou toute autre chose. Tu ne sais pas. Par contre, tu sais que tu te dois de l'enlever, avant qu'il arrache ta peau. Ça tombe bien de toutes façons, tu as besoin de poches, et il n'en a aucune.
Alors que tu marches dans les couloirs de Beauxbâtons à la recherche de la pièce où toi et quelques autres Pouloudnistas dormaient, tu souris à quelques françaises, qui gloussent. Alors, tu souris pour toi-même. Avec tout ce qui s'était passé ces derniers temps, les crimes de l'Organisation, toi et Sheena, toi et Abel même... tu avais complètement oublié quel genre d'effet ton physique avait sur les gens. Ça faisait plutôt plaisir de voir que tu plaisais toujours, même si ça t'intéressait étonnement beaucoup moins qu'avant. Alors que tu pousses un porte, un français te rentre dedans, et grommelle quelque chose que tu ne peux comprendre. Et après on dira que ce sont les russes qui manquent d'éducation ! Tu secoues la tête, d'exaspération, et entre rapidement dans la chambre, avant de sortir un jean et un sweat gris de ta valise. Tout sauf l'uniforme. Tu en profites aussi pour sortir ton paquet de cigarettes moldues, ainsi que tes farces et attrapes.
Tes bébés.
Bon, ils ne sont pas vraiment tes bébés, c'est sûr. Tu ne les a pas créés, tu en es juste le propriétaire. En fait, tu es probablement aussi capable d'inventer quelque chose que Jed l'est de ne pas parler pendant tout une journée. Mais reste que tu apprécies ces objets plus que n'importes quels autres - drogues en tout genre exceptées, bien sûr. Rien n'est vraiment mieux que tes drogues.
En y réfléchissant bien, tu n'avais jamais pensé qu'elles pourraient vraiment servir. Enfin, servir la bonne cause en tout cas. Tu n'aurais jamais pensé être dans une quelconque résistance non plus, cela dit, et pourtant, c'était ce qui t'arrivais. Et maintenant, tu en étais au point de prévoir des diversions pour une guerre qui ferait s'affronter des élèves contre les sorciers les moins scrupuleux de la planète. Autant dire que vous aviez besoin de toutes les chances de votre côté, farces et attrapes comprises. Oreilles à rallonges, rêve éveillé, marécage portable, leurres explosifs, poudre d'obscurité instantanée, chapeau, gants et capes boucliers, bombabouses... tu avais prévus l'artillerie lourde, et tu espérais que la jeune fille blonde avec laquelle tu avais été associé en aurait fait autant. Le moindre produit pourrait sauver la vie de quelques personnes.

Tu enfiles tes vêtements, remplis tes poches, et allumes ta cigarette avant de retourner déambuler dans les couloirs français. Tu te sens beaucoup mieux ainsi, plus toi-même. Et c'est plutôt important compte tenu du fait que toi et cette anglais allaient mettre au point un plan qui pourrait éviter de nombreux blessés et morts. Tu n'avais pas le souvenir d'avoir jamais eu autant de responsabilités de ta vie. Tu n'aimais pas franchement ça d'ailleurs, l'insouciance était un sentiment beaucoup plus agréable. Mais il fallait bien que tu te rendes utiles, donc bon...
Tu tires sur ta cigarette sous le regard étonné de plusieurs élèves. Apparemment, fumer n'est pas un art très prisé dans l'enceinte du château. Tant pis. Tu ne changeras pas te bonnes vieilles habitudes pour quelques mécontents.
Alors que tu rejoins doucement ton lieu de rendez-vous, tu essayes de te rappeler les traits de la fille avec qui tu vas travailler. Blonde. Petite, aussi. Anglais, si on s'en réfère à son accent. Bizarre, aussi, peut-être. Elle t'a fait l'impression d'une poupée de chiffon, une tout petit fille qui n'avais absolument pas sa place dans une bataille comme celle-ci. Tu espérais qu'elle ne prendrait pas votre tâche comme un jeu, sinon, tu devrais te débrouiller seul du début à la fin, et tu n'aimais pas être seul. Mais après tout, ton impression pouvait être toute aussi mauvaise. Tu avais déjà appris depuis longtemps à te méfier de l'air fragile qu'avait certaines filles. Elles pouvaient être aussi dangereuses que toi et tes deux mètres.

Tu rentres dans ce que les français appellent leur salle à manger, et tu la cherches du regard. Tu remarques quelques cheveux roux à une table plus loin, ainsi que quelques uniformes de ta patrie. Tu ne préfères pas trop regarder qui est présent, pour ne pas t'éloigner de ton but premier, et tu t'avances directement vers celle que tu penses avoir reconnue.
Assise, elle est encore plus petite.
Tu lui fais un maigre sourire, et t'assoies en face d'elle, tirant toujours sur ta cigarette. Les regards se tournent un peu vers toi. Un géant brun, avec un air de russe mal réveillé, qui fume dans l'académie, qui s'assoit en face d'une petite anglaise. Il allait bien falloir qu'ils s'y fassent.

« Je m'appelle Ilyas. Tu es anglaise, c'est ça ? »

Au moins, tu sais un peu parler anglais.