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ϟ you belong to the world, and when it screams your name back, don't pretend you don't hear it.
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Message Posté Mar 6 Déc - 20:42.
be careful with what you're saying.




STATUT DU SUJET : privé.
NOM DES PARTICIPANTS : hermine dulac et augustin lefebvre.
DATE : début mai.
HEURE : dans la soirée.
METEO : temps clair et doux.
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE GLOBALE EN COURS : 009.
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE DU FORUM EN COURS : 008.
INTERVENTION DE DOMINUS TENEBRAE : non merci.


icons (c) mischievous wink et sugar slaughter.
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Message Posté Mar 6 Déc - 20:48.
hermine&augustin ✈ be careful with what you're saying. (pm) 786310MatthewBomer3



Elle est là. L’or de ses cheveux dispersés autour de son visage, halo illuminant sa peau opaline, s’égraine jusqu’à ses épaules en boucles évasives. Ses grands yeux miroitant d’un gris chatoyé de bleu me regardent furtivement, alors que ses fines lèvres laissent, d’un imperceptible mouvement, le souffle de son bonjour glisser jusqu’à mes tympans. La jeune fille, son sac flattant des hanches fines de femme en devenir, passe devant moi et gagne sa place, dans ma classe. Mais déjà, je suis ailleurs. Les voix de mes autres élèves glissent sur moi mais j’y suis imperméable ; seuls demeurent en ma mémoire, à vif, les iris mélancoliques de la jeune fille. Seules les sonorités de sa parole continuent de résonner en moi, réveillant tout à coup ces images qui n’avaient finalement jamais cessé de sommeiller en moi. Je ne soupçonne plus l’anormale façon dont mes yeux persistent à s’écarquiller, sous l’effet d’un choc sourd plutôt qu’à cause de ma surprise, bien qu’ils ne regardent à présent plus vraiment la file ordonnée d’élèves me saluant sans grand entrain… Cette voix. Ces prunelles irisées des lueurs d’un bleu-gris si singulier. Je… je les connais. Mes propres yeux ne voient désormais plus qu’à travers le temps, striés de ces images qu’ils n’avaient jamais voulu voir auparavant…

C’est comme un retour un arrière. C’est comme si je tombais encore dans l’abysse, chutais à travers ce précipice, ouvert sous mes pieds par le monstre qui, même m’ayant quitté, continue de me hanter inlassablement…

Je ne me suis jamais rappelé ce sombre jour avant que nos yeux ne se rencontrent. Le flou le plus complet, le noir même. Je ne gardais que le souvenir du nuage de fumée suspendant son vol à l’extrémité de ma baguette meurtrière… Oui, c’était là tout ce que je me rappelais consciemment. Jusqu’à ce qu’elle ne surgisse, dans l’extrême beauté de sa jeunesse florissante, et ne m’apporte cette lumière… Terrible lumière éclairant le sang qui traîne sur ma route, grand jour qui m’aveugle et me fige dans l’horreur ravivée de cet acte terrible… Ses traits me semblent maintenant si clairs, alors que tout m’apparaît soudain dans une netteté aux couleurs criardes. C’est comme si l’on m’avait jeté quelque chose à la figure, comme si une claque inattendu avait rougi ma peau de sa violence décuplée. Car ce souvenir revint de façon si brusque, et si brutale, que je m’en trouvais bel et bien frappé de plein fouet. Comment… comment avais-je pu oublier cette fillette, et comment ma mémoire avait-elle pu se démettre de son regard si bouleversant ? Que la dure réalité me rattrape…

Mon dieu, mais qu’ai-je fait… ?

***

Passée la saisissante surprise de ce souvenir, la réalité d’aujourd’hui – non moins saisissante – m’avait rattrapé, ouvert les yeux. Le regard de cette jeune femme avait été témoin des agissements de la bête que j’étais encore, lorsque j’avais formulé cet impardonnable sortilège il y avait de cela sept longues années. Et si je pouvais me la remémorer si clairement, moi dont les pensées avaient longtemps été troublées par la présence d’une autre identité, alors c’était l’évidence même qu’elle aussi, s’en rappelât. Depuis que cette révélation pourchassait mes rêves jusque dans les phases les plus profondes de mon sommeil, tout en moi me hurlait de la fuir. Ainsi, mes pas se détournaient de son chemin à la vue d’un croisement, mes prunelles évitaient les siennes. Même mes mots devaient s’arracher à mes lèvres lorsque je me devais de lui adresser la parole. De nouvelles griffes inquiétaient mon cœur, menaçant de braquer son noir côté à la face du monde, me noyant la nuit sans fin d’une cellule d’Azkaban. Ces griffes… ses griffes.

Elle parle, je suis perdu…

Les branches de mes lunettes se frayèrent un chemin à travers ma chevelure aussi peu ordonnée que d’habitude, prenant, guidées d’un geste fébrile, appui sur l’arête de mon nez. Mes mains encerclent le dossier déposé bien droit devant moi, lequel affiche fièrement le nom d’Hermine Cassandra Dulac. La fameuse question me taraudait depuis des mois, de savoir en quoi elle était reliée à la malheureuse aux jours de laquelle j’avais mis un terme bien trop hâtif – à l’époque également amante d’Angus, l’ami médicomage me fournissant mon régulier traitement. Alors j’avais fini par me décider à l’initiative, et donc par me procurer un dossier complet concernant mademoiselle Dulac – de sa naissance jusqu’à ses études, en passant par les détails familiaux. Ce n’était pas mon genre d’espionner mes élèves, loin de là – mais je m’en voyais pourtant dans l’obligation. Du bout des doigts, j’effleurai l’épaisse couverture, ayant un dernier regard pour ce prénom si futile à l’origine de mon anxiété. Mes yeux suivirent les courbes que diverses encres, traduites de différentes écritures, avaient tracées sur le parchemin jaunis des pages, s’attardant l’espace d’une demi-seconde, sautant d’un mot à l’autre avec l’agilité des lecteurs aguerris. À l’affût d’une moindre information. Les minutes s’écoulèrent me laissant bredouille, quand enfin un nom me sauta littéralement aux yeux, à la reconnaissance des ces syllabes s’attachant dans la singularité d’un prénom peu courant. Abelle. Je lus alors qu’elle n’était autre qu’une cousine éloignée de la jeune Dulac, et fus soudain étonné d’en venir à constater la conclusion suivante : si celle-ci avait véritablement témoigné de mon accès de violence, à l’époque, alors pourquoi n’en avait-elle jamais dit un mot à sa famille – laquelle avait cru à une simple disparition inexpliquée ? Est-ce parce qu’une enfant de six ans n’est pas apte à comprendre ce genre de choses ? Ou parce que ce fut bien trop choquant pour son jeune esprit, qui chassa de sa mémoire le souvenir d’un homme possédé, abattant de sang-froid sa grande cousine… ?

Mon cœur rata un battement, et je me laissai aller contre le dossier de ma chaise, expiant un long soupir usé. Mes yeux, surplombant ma salle de cours du haut de mon estrade, se promenèrent le long des tables délaissées, entrevoyant presque la silhouette de la blonde, installée sur l’un de ces fauteuils bien rangés. Le calme impassible de mes traits ne trahissait aucunement la tempête intérieure qui déchaînait ses vagues éperdues en moi, laissant s’échouer au bord de mon esprit un incalculable nombre de questions. Mais qu’étais-je censé faire à présent… Comment me procurer l’assurance qu’elle tairait mon noir secret ? Un pli soucieux creusa mon front tandis que j’imaginais ma véritable histoire éclater au grand jour, battement d’ailes du papillon qui déclenche un raz de marée à l’autre bout du monde. D’un seul coup, je me levai, écumant d’une rage soudaine, manquant de renverser ma chaise qui chancela un instant, valsant d’un pied sur l’autre. Mes poings recroquevillés à m’en blanchir les phalanges s’abattirent sur le bois vernis du bureau avec fureur et dans un bruit sourd, tandis que je sentais se tendre chacun de mes muscles sous une peau bouillante. L’accès de colère s’évanouit rapidement, me laissant déconcerté, la douleur lançant le dos de mes mains. Aussi je me redressai, me recomposant une superbe mine, ôtai des lunettes que je laissais ouvertes sur le dossier refermé. Dans un calme olympien, je poussai mon fauteuil contre le bord du bureau et m’éloignai vers le fond de la classe, rejoignant l’arrière-salle pour y chercher les affaires que j’y avais laissées. Il était temps de me retirer dans mes appartements, où j’aurais tout le loisir d’étudier ma préoccupante question.

Cependant lorsque je reparus, mon sac de cuir à la main, une silhouette s’était dessinée non loin de ma table de travail – silhouette que je ne connaissais que trop bien. Je m’approchai alors à grands pas, ramassai mes lorgnettes et posai précipitamment la sacoche sur le bureau, dissimulant le dossier de la belle. D’un naturel extrême, je posai mes yeux sur le visage d’Hermine, mes mains glissant au hasard les lunettes dans le cartable. « Bonsoir, mademoiselle Dulac. » Le calme posé de ma voix débordante d’assurance avait fini de me surprendre ; elle m’était caractéristique indissociable, même lorsqu’en moi s’agitaient les nuages de sombres jours. « Puis-je savoir ce qui vous amène ? » Je me figeai, gentleman, exerçant le charme de mon sourire lumineux tandis que mon regard, clair comme de l’eau de roche, s’infiltrait ouvertement dans le sien, afin de déterminer si elle avait vu son nom sur la couverture de cuir… C'est ça, Augustin ; fais comme si de rien n'était, comme si tu ne la fuyais pas déjà depuis des semaines.
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Message Posté Sam 24 Déc - 16:15.
    « Hermine Cassandra Dulac. » Le dossier est là, posé bien en évidence sur le bureau encombré. Curieuse et intriguée, la main d’Hermine se tend, effleure le papier. Son dossier. Que fait-il là, dans sa classe ? Pourquoi l’a-t-il en sa possession ? Une bouffée de chaleur incompréhensible rougit un instant ses joues. Mélange d’une crainte incontrôlable, étrange, et d’un léger plaisir. Il s’intéresse à elle. Mais pourquoi ?

    Et son bras vient battre contre son buste, alors qu’elle recule d’un pas, lâchant un instant le dossier du regard. Du fond de la classe, un bruit vient de la faire sursauter. C’est lui. Apparaissant dans l’encadrement de la porte qui mène à la réserve, il rejoint son bureau d’un pas leste, y déposant, avec une spontanéité douteuse, sa sacoche, qui vient recouvrir entièrement le dossier. Silencieuse, Hermine ne réagit pas.

    « Bonsoir, mademoiselle Dulac. Puis-je savoir ce qui vous amène ? »

    Ce qui l’amène ? Un instant surprise, Hermine bafouille. « Je… hum… » Son regard, lâchant finalement le sac, croise les prunelles inquisitrices du professeur. Et elle s’interrompt définitivement, troublée.

    Il ne faut plus qu’elle croise ses yeux.
    Non.
    Parce qu’elle ne supporte plus ces sensations étranges, qui l’envahissent chaque fois qu’il s’approche trop près d’elle, chaque fois qu’il la regarde, l’interpelle. Ce sentiment d’insécurité, d’adrénaline. Ce besoin d’imposer une distance entre eux, de reculer d’un pas, lui tourner le dos, quitter la salle ; fuir son regard persistant, dérangeant. Cette impression de déjà-vu, vague, inaccessible. Incompréhensible.
    Et enfin ce désir étrange. Désir d’intensifier, malgré tout, aussi désagréables soient-ils, ses autres ressentis, pour enfin pouvoir se les expliquer. S’approcher de lui, oser fixer ses prunelles, se décider à répondre à ses questions, assumer les siennes. Le provoquer, le chercher.
    Exciter ses incompréhensions, avant qu’elles ne se muent totalement en craintes déraisonnées. Les réveiller pour les décrypter.

    Pour comprendre, enfin. Comprendre pourquoi ses yeux clairs l’effrayent. Pourquoi ses paroles la mettent mal à l’aise. Pourquoi ses questions l’inquiètent. Pourquoi il se comporte ainsi avec elle. Tantôt froid, tantôt avenant. Tantôt fuyant, tantôt inquisiteur. Amical, ou agressif. Ouvert, ou inquiet. Tant de facettes de sa personnalité qu’il lui propose chaque jour, qu’il révèle à chacune de leurs altercations, perdant chaque fois un peu plus Hermine.

    Alors, elle replonge dans ses prunelles, ne résistant pas à l’envie, au besoin, d’enfin pouvoir s’expliquer les réactions qu’il génère en elle.
    Un mois. Un mois qu’elle n’a pas croisé ces yeux clairs, qu’elle ne s’est pas perdue dans leurs lueurs étranges, qu’elle n’a pas senti ce regard posé sur elle. Un mois, et rien n’a changé. Ses iris ont toujours cette froideur qui la frappait déjà, avant. Et comme avant, elle plonge dans leur abîme, se laissant emporter par ces mystères qu’elles laissent deviner et qui l’amadouent, l’attirent irrésistiblement, malgré ses craintes.

    Une image noirâtre. La brume, dehors, et la nuit. Une lampe allumée, seule source de lumière de la pièce. Des silhouettes. Deux. Trois ? Tout est flou. Indistinct. Loin.
    Des rires. Des paroles. Un sentiment de bien-être. De joie.
    Une violence. Et un cri. La peur. L’inquiétude.
    L’oubli.
    Le vide.
    Vide.

    Elle sursaute. Encore ces images. Toujours, ces images. Ses prunelles se détachent brusquement de celles du professeur, et la jeune femme recule instinctivement d’un pas craintif ; fuyant ce cauchemar incompréhensible, reculant maladroitement devant l’homme. Ce cauchemar… Traumatisant, car répété. Traumatisant, car il lui semble être un souvenir. Mais tout est tellement vague. Etrange.

    Il est étrange. Pourquoi provoque-t-il tout cela en elle ? Comment ses regards peuvent-ils réveiller en elle ce cauchemar ?

    Elle n’a toujours rien dit. Elle ne peut pas. Tétanisée, elle reste muette, à un pas de Lefebvre. Et alors qu’elle tangue sur ses pieds, elle devine le mur derrière, appui froid qu’elle vient de frôler. Son dos se colle à la pierre nue, y recherchant un dossier grâce auquel se stabiliser, un nouveau souffle par sa fraicheur accueillante, rassurante. Ses mains, qu’elle avait collées sur ventre par habitude, en entrant dans la salle, voient leurs poings se tendre, presque imperceptiblement.

    Encore cette sensation de peur incontrôlée. Incontrôlable. Peur qui la ronge, l’empoisonne. Il l’effraie. Réellement. Pourquoi ?

    Le regard d’Hermine se perd sur le bureau, fuyant définitivement celui, transperçant, de l’homme. Et ses prunelles se reposent sur le dossier, qu’elle devine sous la lourde sacoche qui le recouvre. Cette fois-ci, l’inquiétude tord ses traits, à savoir qu’il a cherché à en savoir plus sur elle.
    Elle veut s’en aller. Maintenant. Fuir. Fuir cet homme.

    « Je crois que je me suis trompée de salle, je euh cherchais le professeur de botanique. Désolée du dérangement. »

    Sa voix, cristalline, résonne étrangement en elle, à l’instar de son mensonge idiot.

    Quoiqu’il en soit, elle n’arrive pas à bouger. Plantée là, devant lui, elle reste immobile, comme hypnotisée. Ses prunelles n’arrivent plus à se détacher de son dossier. Il faut qu'elle fasse quelque chose. Qu'elle réagisse, reprenne contenance.

    « Je crois que je vais y aller. Je ne voudrais pas vous déranger. »

    Elle ne fait que s'enfoncer. Alors, elle se tait. Relève le regard, lui présentant ses prunelles perdues, effrayées et honteuses.


Dernière édition par Hermine C. Dulac le Mer 11 Juil - 20:05, édité 2 fois
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Message Posté Lun 2 Jan - 0:13.
Et sa voix incertaine de semer au hasard quelques syllabes égarées dans l’air, les laissant se planter dans un silence soudain dissonant, tandis que son regard chancèle entre mon cartable et moi-même, sans parvenir à trouver encore un point d’appui. Tu caches mal tes émotions Hermine, vois comme l’effroi dégouline le long de tes traits diaphanes, sens à quel point ta fébrilité m’est palpable… Ses quelques mots s’étranglent tandis qu’elle s’interrompt, rendant sa couronne au silence qu’elle n’a brisé que pour exciter le trouble que je cache. Sa silhouette fine de jeune femme m’apparaît soudain flamme effilée, ou plutôt pareille à l’ombre vacillante, qui menace de s’essouffler, de s’étrangler à chaque coup de vent. Infinie fragilité, voilà ce que son corps respire plus encore que la peur ; elle est frêle et effrayée. Je n’aurai aucun mal pour la pousser à l’obéissance. Voilà ce que la raison chuchote à mon esprit torturé, ne chassant pourtant pas l’inquiétude qui m’encercle. J’abhorre cette impression de voir mon destin suspendu à ses lèvres, fil prêt à se rompre dès lors où leur tendre rose s’agitera pour trahir le noir de secret de mes infamies.

Tout en elle désire me fuir, et pourtant c’est parfaitement statique, stoïque, qu’elle reste plantée là, incapable du moindre geste. L’indescriptible crainte que je lui inspire suinte par chaque pore de sa peau laiteuse, exaltant l’âcre parfum de sa peur que je sens jusqu’ici. Les doutes m’échappent : c’est certain, elle sait. Elle sait, elle se souvient ; son esprit souffre encore la terrible séquence dans ses moindres détails, et ne peut s’empêcher de se la repasser chaque fois que mon regard l’électrise. Elle sait. Elle sait, putain. Imperceptible, un muscle saillant se contracte brièvement à la naissance de ma mâchoire. Une seconde à peine s’est écoulée depuis qu’elle a parlé – qu’a t-elle dit, déjà ? – et c’est avec une patience royale que j’attends, imperturbable, les prémices d’un sourire avenant figés sur mes lèvres, qu’elle tranche à nouveau la brume épaisse de notre silence… Silence assourdissant des cris de nos consciences affolées. Dehors, c’est le calme plat, l’immobilité placide. Dedans, la tempête fait rage et me saccage, tout comme elle la dévaste. Je pose doucement mes mains à plat, légèrement écartées, contre la surface lisse du bureau. Hausse un sourcil interrogatif mais nullement oppressant, l’invitant à continuer, bienveillant. Et puis ses yeux daignent enfin accrocher les miens, ses grands yeux mélancoliques qui me tordent violemment les entrailles chaque fois que je les croise ; je soutiens son regard, impassible. Mais un sursaut vainement réprimé détonne en elle, secouant soudain son corps. Plus rien n’est inexplicable dans son comportement, j’ai enfin compris. Compris que si chaque enfant possède un monstre – toujours le même – pour hanter ses cauchemars, je suis celui qui la dévore, déracine la sérénité apparente berçant ordinairement son magnifique visage. Etrange comme je la trouve belle, cette jeune femme qui bouleverse mon existence et déchaîne en moi infâmes questionnements et accès d’une violence réprimée… Beauté craintive, beauté fugitive qui toujours s’échappera entre mes doigts… Car je sens que mon regard, que tu as connu hanté d’une pure folie, de pulsions meurtrières, te tétanise toute entière… Et si c’était toi que j’avais tuée ce soir-là, Hermine ? Peut-être n’en serais-je pas là, à chercher les bonnes mesures pour te faire taire… Je t’arracherai la langue s’il le faut.

« Je crois que je me suis trompée de salle, je euh cherchais le professeur de botanique. Désolée du dérangement. » Une longue inspiration s’infiltre par mes narines tandis que mon regard s’étrécit à peine, stupéfait, circonspect. Tu ne tueras pas ma vigilance ni n’endormiras mon scepticisme ; je vois clair en toi. Parle ma belle, parle mais n’escomptes pas me détourner de ton inconstant venin. « Je crois que je vais y aller. Je ne voudrais pas vous déranger, » finit-elle par reprendre, constatant que je ne réponds pas. Me redressant, je ramène à moi mes mains et contourne mon bureau, m’arrêtant à son côté. J’observe la jeune femme, face à moi, à présent toute proche du mur de pierres dont son dos vient à peine de décoller et me mets à sourire, me décidant enfin à répondre, d’un ton des plus décontractés, presque complice : « le professeur de botanique ? Il ne me semble pourtant pas que Monsieur Amasyan ait une salle attitrée dans l’enceinte du bâtiment. Mais peut-être ai-je raté quelque chose ? » Mon sourire s’élargit, se diffusant dans mon regard rieur qui pourtant ne quitte plus l’étrange gris de ses prunelles, les fixant avec une anormale insistance – seul élément pouvant trahir la tension que nous savons parfaitement exister entre nous, à cet instant. Derrière ma plaisanterie, je veux qu’elle comprenne que je ne suis pas dupe et qu’elle cesse de me prendre pour un imbécile. Alors, la scrutant à la dérobée, je me fais baryton despotique. « Pourquoi êtes-vous là ? » Les pincettes d’une politesse hypocrite sèchement rangées au placard, mon ton est cette fois sévère. Mon visage calme, refermé, laissant glisser son manteau espiègle pour enfiler un masque autoritaire. Je transperce toujours son regard et tente d’y lire ses pensées les plus profondes, me débitant un impitoyable passage à travers les ombres inquiètes m’y barrant le passage ; me faufilant, brutal et insipide, jusque dans les abîmes de son âme.

Elle va parler. Elle va parler. Elle va m’expliquer pourquoi elle a passé cette putain de porte ; les lames glacées de mes iris abrupts le lui ordonnent, menaçant son cœur de leur pointe affûtée. J’ai trop à perdre pour te laisser filer, vile proie qui cache bien son arme, pour mieux me l’enfoncer entre les reins dès lors que je lui tournerai le dos. J’ai trop à perdre pour t’accorder le bénéfice du doute… Peut-être parleras-tu, peut-être pas ; peu m’importe, je ne te connais pas, et qui sait si toi aussi tu ne dissimules pas ton véritable visage derrière un masque d’innocence ? Le contact de tes yeux froids me fait trembler mais ne me soulage pas ; les réponses y tournent inlassablement et je tourne avec elles, et je tombe, et je m’y noie ; je ne sais plus quoi penser alors je me contente de penser que tu dois oublier… Juste, oublier. Je glisse une main nonchalante dans ma poche, mais mes doigts crispés ne rencontrent pas le manche rugueux de ma baguette… Pourquoi la bête se retourne t-elle sous ma peau à ton contact, pourquoi le souvenir de mon impardonnable crime crépite t-il encore dans mes veines ? Pourquoi cette colère indubitable, cette pulsion qui contracte mes muscles à en blanchir mes phalanges ? Tout ça c’était fini… Alors pourquoi ta présence me perd t-elle à nouveau dans les méandres de la folie ? Je ne veux pas, je ne veux plus… Pourquoi a t-il fallu que tu saches ?

…mais peu importe, tu dois te taire.
Je t’arracherai la langue s’il le faut.

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Message Posté Dim 22 Avr - 5:20.
    Il s’approche. Il s’approche, et elle s’agite, incapable de contrôler ses poings qui se serrent un peu plus, un peu plus fort. Incapable de contrôler ses ongles, qui écorchent sa chair tendue sans qu’elle ne remarque la douleur, et ses inspirations, qui se font plus saccadées, plus hésitantes. Son pouls s’excite contre sa poitrine.

    Incompréhensible.

    Hermine cligne des yeux et hésite sur ses jambes, pour tenter de retrouver une contenance qui lui échappe et s’évanouit déjà. Pour tenter de desserrer les poings sans crisper ses muscles, calmer son cœur sans agiter ses pensées. Sa réaction est puérile, disproportionnée et risible. Qui est-il ? Un professeur. Son professeur. Mais après ? Rien. Elle ne le connait pas. Ne l’a jamais vu, en dehors des heures de cours, l’a à peine croisé dans l’école. Ils n’ont jamais réellement discuté, finalement. Il ne sait rien d’elle tout comme elle ne connait rien de lui. Pourquoi le craindre ? Pourquoi craindre un inconnu ?
    L’inquiétude de la jeune femme se tait, se fiant sans conviction aucune, mais avec une détermination sans faille, au jugement de sa raison. Cela semble tellement plus simple. De croire qu’elle n’a pas à avoir peur. D’oublier tous ces indices alarmants, toutes ces coïncidences troublantes. Le dossier sur le bureau du professeur. Son dossier personnel. Les images floues, qui la harcèlent sans raison, chaque fois qu’elle reste un peu trop longtemps en sa présence, qu’elle l’entend parler, qu’elle croise son regard, s’y accroche. Ces sentiments déstabilisants, féroces et durs qu’il réveille en elle. Cela semble tellement plus simple, de se bercer de cette douce illusion qu’il n’y a rien. Rien de plus que son imagination qui s’envole trop haut. Parce qu’ainsi, il suffit de lui brûler les ailes à l’oiseau trop ambitieux, pour que tous ces questionnements, toutes ces inquiétudes qu’il semait, s’effondrent et se brisent avec lui dans sa chute.

      « Le professeur de botanique ? Il ne me semble pourtant pas que Monsieur Amasyan ait une salle attitrée dans l’enceinte du bâtiment. Mais peut-être ai-je raté quelque chose ? »

    Et elle relève le regard. Croise à nouveau, celui sombre et profond de Lefebvre. Ses prunelles sont étonnamment agitées, ses iris brillent, toujours énigmatiques. Une once de provocation et une raillerie légère ont rejoint la sévérité apparente de ses traits, et un sourire mesuré étire déjà ses lèvres, incroyablement agaçant et dérangeant. Et le cœur de la jeune femme s’emballe alors que s’agite en elle un sentiment de frustration aussi soudain que violent. Derrière chaque mot de cet homme, derrière chacune de ses intonations, chacun de ses regards et le moindre de ses rictus, se cache plus. Se cachent d’autres paroles, des pensées différentes. Elle le ressent dans l’intensité des prunelles qui la scrutent, dans le calme et la mesure étonnants qui enveloppent le moindre des gestes du professeur, toutes ses mimiques, tous ses mots. Intriguée et provocatrice, elle le scrute sans gêne, tentant vainement de le faire ciller. Le bleu flou de ses yeux est une mer agitée. Un tourbillon de pensées muettes et de paroles avortées, qui semble désarçonner son propre esprit, silencieusement. Son visage tout entier est un mystère. Qui trouble à nouveau Hermine.

    C’est elle qui a voulu le provoquer et c’est elle qui abandonne. Ses yeux lâchent ceux du professeur et honteux et faibles, ils fuient vers les fenêtres, vers le soleil rassurant qui inonde l’herbe de sa clarté habituelle et sincère. Ailleurs. Dehors. Un sentiment d’oppression envahit l’Hestia, compresse son cœur et agite un peu plus son souffle. La salle est tellement grande. Vide. Et ils sont tous les deux là, à quelques pas de son bureau, à moins d’un mètre l’un de l’autre. Elle sent la respiration calme de Lefebvre tout près d’elle, et cette sensation la glace. Il est trop près. Trop envahissant.

      « Pourquoi êtes-vous là ? »

    Les paroles de Lefebvre la frappent, la repoussent encore un peu plus loin. L’appui rassurant du mur, qu’elle avait un instant abandonné dans l’espoir de retrouver de sa contenance, accueille à nouveau son dos, brutalement.

    Le ton est sévère, sans appel. Il résonne comme une condamnation. Lefebvre ne joue pas. Plus. Pourquoi est-il si rude ? Il lui en veut d’être venue, d’être toujours là, de le scruter avec tant de curiosité. Il ne veut pas d’elle, et ses quelques mots sonnent comme des coups, chacun cherchant à l’éloigner un peu plus de lui. Collée au mur froid, Hermine garde les lèvres closes. Doucement, ses prunelles se tournent à nouveau vers l’homme, abandonnant leur mensongère contemplation des jardins de l’école. Elle est incapable de se concentrer sur quoi que ce soit d’autre que le professeur. Nouveau contact, déstabilisant. Le regard de Lefebvre est glacial et glaçant. Son corps entier est tendu, et ce sont ses yeux qui les premiers l’avouent à contre cœur, alors qu’ils laissent involontairement deviner derrière leur bleu apaisant, une agitation aussi indécente qu’inquiétante. Ils brillent. D’une lueur mystérieuse, inquiétante, furieuse. Connue… Ces prunelles et cette provocation froide, ces prunelles et ce contrôle insultant qu’il a sur elles, elle les a déjà croisés. Le visage de la jeune femme se crispe. Son dos se colle encore un peu mieux contre le mur, comme si elle espérait réussir à le traverser et s’évader de la salle, mais sa peau se contente de s’imprégner de la fraicheur des pierres rugueuses, qui frottent à travers ses vêtements. Elle ne peut plus reculer.

    L’oiseau fragile est pris au piège, les barreaux de sa cage sont d’un bleu sans fond et son maitre-chanteur un tourbillon. La candeur d’Hermine l’a d’un coup sec et définitif poussée dans les prunelles manipulatrices de l’homme, et elle y tourne, y vole, s’y énerve et se heurte à ces ombres fugaces qui abiment la cage et rendent le bleu bleuâtre, retenant prisonnière sa curiosité malsaine. Et l’oiseau s’essouffle en s’agitant, alors que de ses ailes curieuses et innocentes, il éprouve la résistance de chacun des barreaux ; parce qu’Hermine le scrute, le dévisage, analyse le moindre trouble qui semble traverser ses prunelles, tandis que son visage à elle exprime toutes ses interrogations, toute sa curiosité insatiable. Son corps est un arc tendu vers lui et cherche vainement à toucher sa faille, comme l’oiseau voletterait dans sa cage bleutée désespérant d’en déceler l’ouverture.

      « En réalité je venais récupérer mon dossier. »

    La réponse claque, est fausse et sonne faux. Le visage d’Hermine n’est plus que provocation et curiosité, ses pensées inquiétudes et interrogations. Ce n’est plus à son professeur qu’elle s’adresse, mais à l’inconnu qui réveille en elle tant de sentiments contradictoires et déstabilisants, tant de réactions inhabituelles et dérangeantes. Cet inconnu et le contrôle parfait qu’il a de lui-même, ce contrôle dont elle cherche maladroitement à briser les fondations, espérant qu’elles contiennent la clé de la cage bleue de son secret.

    Se détachant du mur, Hermine se rapproche sournoisement du professeur sans lâcher ses prunelles. Et elle s’immobilise tout près de lui, légèrement appuyée contre le bureau, frissonnant de son insolence. Sa main tremblante repousse, à peine, la sacoche de Lefebvre, pour pouvoir attraper son dossier et le faire glisser jusqu’au bout du bureau, entre eux deux.

    Ne cille pas, Hermine, calme les tressautements de tes doigts et assume jusqu'au bout ta provocation.


Dernière édition par Hermine C. Dulac le Mer 11 Juil - 20:06, édité 1 fois
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Message Posté Ven 27 Avr - 22:07.

À voir la façon dont vient sourdre encore la pierre contre son dos, maigre appui dans ce piège auquel elle semble prise, mon cœur se gonfle encore de cette force, laissant germer l’acuité autoritaire qui la clouera là jusqu’à ce qu’elle me délivre – d’une façon dont l’essence m’échappe encore, – la certitude que jamais mon noir secret n’éclatera entre ses lèvres. Je veux qu’elle l’avale, je veux qu’il l’étrangle ; je veux qu’à travers le silence, le poison lui coule dans la gorge, l’asphyxiant, la paralysant, engourdissant cette langue faute de pouvoir l’arracher. L’encre, ombre jouant sur les papiers qui couvrent mon bureau, se glisse à présent jusqu’aux veines qui palpitent : je ne suis plus qu’obscurs desseins, impitoyable machine capable de renier son humanité, pour mieux préserver sa fragile identité. L’âme tortueuse n’est pas éradiquée, elle est simplement folle à l’idée de devoir se soumettre encore au monstre ; elle se prépare à l’extrême nécessité, concède à l’invisible de s’embourber dans le crime s’il le faut. Promesse interdite, serment aussi inconscient qu’inviolable. J’ignore que, dès lors que de telles pensées déploient en moi leurs tentacules pour mieux étouffer l’émotion, je suis redevenu la sinistre bête qui rode toujours, décalquant sur mes traits son ombre despotique. Pas besoin de la réveiller : je suis son pantin. Juste un pantin, incapable de lever les yeux pour considérer les ficelles qui mènent sa danse macabre. Révélation inavouable, que je relègue dans les méandres d’un inconscient déjà débordant de ces pulsions malsaines. Les esquisses de la promesse disparaissent. Mais, partout où l’encre passe, elle laisse sa trace indélébile. S’enfouit, avant de s’enfuir. Le silence qui sera le tien, petit ange à l’air fourbe sous son auréole… s’il le faut, ça sera le silence d’un condamné.

« En réalité je venais récupérer mon dossier. » Le cœur se dégonfle aussi sec, en un affreux bruit de succion. Je le sens se rétracter dans sa coquille, laquelle menace de voler en un million d’éclat. Quelque part, dans le regard impérieux, s’est implantée la lueur vacillante de la peur. La peur qu’elle attrape un des morceaux pour me labourer la peau avec. Le sentiment que j’étais le prédateur et, elle, la proie entre mes griffes, s’évapore un peu mieux à chaque pas qu’elle esquisse vers le bureau, de sa démarche perfide lui conférant une fausse assurance. Je plante mon regard dans le sien, désireux soudain d’écarteler son âme à travers, d’épingler clairement ses pensées dans lesquelles je veux lire mon réconfort ; mais le gris mélancolique de ses yeux n’est qu’un miroir contrant mes assauts de mon propre reflet. Un tressaillement imperceptible m’électrifie la peau, tandis que l’orage s’installe, grondant à mes oreilles sifflantes. Les orbes bleues suintent le long de son bras afin de s’imprégner du geste qu’elle entreprend, incapables de se convaincre qu’il s’agit là d’un mirage lors qu’Hermine repousse la sacoche, pour mieux glisser le papier du dossier entre ses doigts tremblants.

Elle sait. Elle sait tout.

Les palpitations jusqu’au bout des doigts auraient dû me laisser deviner quelle rage sourde allait s’emparer de moi, me prévenir, m’en empêcher. Avant qu’il ne soit trop tard, avant que je ne me jette sur cette limite de non retour. Mais l’éclair de terreur qui me transperce allume, l’espace d’un instant, le désespoir au creux de mes yeux – juste le temps qu’on y discerne cette spirale infernale dans laquelle je m’enfonce, comme sous le coup d’un flash. Ces sables mouvants dans lesquels je m’embourbe. Un éclair, oui. Puis plus rien d’autre que la rancœur, la haine sublimée à son point culminant. La jeune femme – la frêle enfant dont les os se briseraient sous mon étreinte, – a saccagé mon monde, concentrant mon existence entière dans ce grain de sable, ce grain qui tombe inexorablement dans le ventre de la clepsydre. Mes doigts se referment autour de sa main, la serrant d’une force incontrôlable. Pourquoi ?! Comment a t-elle pu oser tirer sur cette corde ?! J’étais accoutumé à l’obscurité totale, et puis voilà qu’elle est arrivée, sournoise, remplissant mon univers d’une lumière si crue qu’elle en a révélé le sang sur les murs. J’étais consentant dans mon rôle de bourreau, avant qu’elle ne me précipite elle-même sur l’échafaud. Alors que la corde devait embraser sa peau sous l’emprise d’une dernière secousse, voilà qu’elle se prend à me la passer autour du cou : je la sens me brûler la peau. Mes doigts resserrent leur prise, avides d’imprimer dans sa chair leur volonté arbitraire, la lui inculquer comme une indiscutable loi. Mais voilà qu’elle s’insinue en moi ; qu’elle glisse, aguicheuse, contre ce voile et s’apprête à me le soustraire – ce dernier rempart, ce dernier recours. Cette dernière échappatoire.

Une secousse me révulse ; il ne me semble plus rien voir qu’un éternel rouge alors que je l’arrache à son dossier, enserrant ses poignets fragiles de mes mains moites, plaquant son corps contre son refuge de pierre avec une violence inouïe. Le souffle s'effare, le cœur s’arrache à sa prison d’os tandis que mon regard la foudroie, sous l’emprise des flammes dantesques qui en transpirent, éclat satanique soulignant la frénésie de ma haine, de cet effroi corrosif m’arrachant cet ultime et impitoyable instinct de survie. Mon regard est fou lorsqu’il dévore celui d’Hermine, mon corps plaqué contre ses formes fragiles, la tension implacable maintenant cette position douloureuse contre le mur. Sens les mâchoires de mon piège bouffer ta peau diaphane, pourrir jusqu’à l’or de ces mèches grésillant contre mon visage, misérable angelot. Sois sûre que je t’arracherai ton rictus en même temps que la lange.

La folie personnifiée la tient contre la paroi gelée, incontrôlable monstre dont la terreur est l’arme la plus redoutable : c’est l’allégorie du mal qui dilate le bleu chimérique de mon regard, me transmuant en animal fanatique. Je sens son souffle affolé me balayer les joues tandis que sa tête se tourne, tentant d’échapper à la proximité des crocs frôlant presque ses tendres lèvres. La pulsion me contrôle ; Augustin n’est plus qu’un cri perdu dans le silence, une larve qui se tord et se recroqueville dans sa souffrance, dans sa peur. Dans sa misère. Le démon m’habite ; la chose me ronge le ventre, bouillonnant de rage, d’impatience, prête à imploser ; la fougue dans mon regard ne se calme pas tandis que je tremble de tous mes membres, pesant plus encore contre cette silhouette paradoxalement si désirable. Je la sens contre moi, poisson hors de l’eau qui se débat mollement, me faisant sentir plus fort ses forces charnelles. Ses mains, abandonnées par le reflux du sang, blanchissent sous le joug d’une force aveugle ; ma voix est méconnaissable, lorsqu’elle crache ses mots sur les traits diaphanes de la femme trompeuse. « Ose esquisser un mot, à propos de moi. » Les muscles font danser des reflets insoupçonnés le long de la mâchoire quand, aliéné par la panique que je dissimule pour mieux la lui insuffler, je reprends mes menaces d’une voix glaçante et pleine de promesses macabres : « un seul mot, et tu peux dire adieu à ces belles lèvres. » Des accents d’une fausse sensualité traînent entre les lettres, alors que mes lèvres effleurent les siennes d’un geste malsain, y déversant cette tension insoutenable, déferlement palpable des sentiments contradictoires abrasant mon psychisme instable.

Je raffermis ma prise en rejetant sa tête contre la pierre, ne sachant comment je me retiens encore d’exploser contre le mur ce crâne bourré de révélations dangereuses. Mes yeux scrutent ses lèvres et, soudain, je voudrais fondre sur elles, aspirer par cette embrasure tous les souvenirs qui valsent dans sa mémoire, engloutir tout ce qui, en elle, pourrait contribuer à détruire cet équilibre durement acquis ; la vider, la démolir, l’asservir : peu importe. Le temps se suspend. « Me suis-je bien fait comprendre, mademoiselle Dulac ? »

Peu importe. Peu importe, pourvu qu’elle ne sache plus.
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