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Got a secret, can you keep it ? [PM]
ϟ you belong to the world, and when it screams your name back, don't pretend you don't hear it.
Amadeus Debussy
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Message Posté Ven 18 Nov - 18:15.
still young and angry




STATUT DU SUJET : privé
NOM DES PARTICIPANTS : Artémis, Auguste & Amadeus.
DATE : Début Mai, peu de temps avant la Troisième Tâche.
HEURE : 12hoo
METEO : Ciel dégagé
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE GLOBALE EN COURS : oo9 ; Résistance
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE DU FORUM EN COURS : oo8 : Libération
INTERVENTION DE DOMINUS TENEBRAE : Non

Amadeus Debussy
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Message Posté Ven 18 Nov - 19:03.
Lettre.
Mon très cher et bien aimé beau-fils,

Tu as déclaré la guerre, tu n'en récolteras que le goût amer de ta capitulation. Mon pauvre petit... Les temps sont durs et l'Organisation semble prospérer, n'as-tu pas peur que le droit du sang ne soit légitimé de nouveau, comme c'était le cas sous le règne du Seigneur des Ténèbres ? Ton père si... Voilà pourquoi nous te préservons de tout cela, en t'offrant la joie d'être uni à une noble et grande famille dont le sang pur rachètera le tien, souillé. Ta fiancée se nomme Anastasie Debraie.

Pour de plus amples informations, contacte-moi au plus vite mon chéri. Si toutefois tu ressors vivant de Beauxbâtons.

Prends soin de toi,
Miranda.

Ps : Une rencontre avec la famille Debraie sera organisée au plus vite. Tente d'apprendre l'art de la diplomatie entre temps...

Ma mâchoire se crispa sous l'impulsion d'une colère mauvaise et froide, je la sentais vibrer jusqu'à mes entrailles grondantes, s'infiltrer haineusement jusque dans mes artères : mon sang n'était plus que venin, ma respiration glacée portait les effluves tacites d'un courroux demandant vengeance, et mes doigts fins se refermèrent avec force autour du parchemin, le broyant furieusement dans une sombre accalmie. Une insulte se faufila hors de mes lèvres blêmes, tandis que d'un geste brusque j'envoyais valser la missive de malheur au sol, retenant un cri de rage et de colère que je réprimais d'un souffle saccadé. Payant mon silence outré par un palpitant au rythme endiablé ainsi qu'un regard assassin, je sentais que j'allais imploser si je restais ici. Une nouvelle insulte, juron qui ne passait habituellement jamais la barrière de mes lèvres, jasa en un clairon sonore tandis que je pris la porte, m'évadant de ma chambre à la recherche d'air frais ; ma tête me tournait avec tant de virulence, que j'avais cette impression soudaine de vivre un cauchemar. Oui bien sûr, je rêvais. Ou bien cette harpie ne s'était adonnée qu'à une mauvaise blague : si c'était bien cela, alors je ne me permettais pas même de rire jaune. Son humour était pourri jusqu'à la moëlle, aussi creux que sa tête blonde et vicieux que sa langue de vipère. Je l'exécrais, la haïssais d'une ferveur démente, je les détestais tous. Aussi bien ma belle-mère que ce Zeus venant de me croiser et osant m'accorder un bref sourire en guise de bonjour ; rictus hébété qui n'attisa que mon mépris. Je nourrissais à l'égard du monde un profond dégoût, une abominable répugnance, une farouche animosité, et j'éprouvais ce besoin malsain mais salvateur de tous les détruire un à un. Qu'ils souffrent, autant que l'agonie m'étreignait le coeur : et l'envie de gueuler à la face du monde qu'ils aillent tous se faire voir, que je n'étais pas fait pour vivre en laisse, que je n'avais que dix-huit ans. Dix-huit ; encore jeune et fringant, rebelle et naïf, assoiffé de conquête et de liberté, pas d'amour à son actif mais seulement quelques amourettes de passages ; de celles qui vous nourrissent l'âme mais ne vous la broie pas encore. Je haïssais le monde à l'instant, le vomissais d'une rancoeur âcre : comment pouvait-il se permettre de tourner rond sans moi, comment pouvait-il fermer les yeux lorsqu'on entravait ma liberté, comment pouvait-il être aussi hypocrite ? Diable que je hais les Hommes, Merlin que j'exècre le monde tout entier. Et je me sentais mourir sous le joug cruel de ces mots que je ressassais sans cesse : ta fiancée se nomme Anastasie Debraie. Debraie... Mon air se renfrogna comme j'accélérais ma course ; j'avais trouvé ma victime, mon souffre-douleur, mon expiateur. Il allait payer la dette des autres, simplement parce que je l'avais décidé ainsi.

J'entrais furieusement dans la salle à manger, ma colère sauvage passa néanmoins inaperçue tant je me fondais dans la masse informe : les environs étaient pleins à craquer, accueillant élèves de Beauxbâtons comme étudiants étrangers, il régnait en son sein une cacophonie détonante aiguisant mes foudres. Il y avait comme de l'électricité dans l'air. « Debraie ! » Ma main porta un coup furibond sur l'épaule d'Auguste, alors même que le jeune homme assis à la table ne m'avait vu arriver. Debout, j'observais d'un oeil furieux et mauvais celui que j'accusais comme l'auteur de tous mes maux : ma colère n'avait d'égale que mon impulsivité éveillée. Je n'étais plus l'Amadeus flegmatique que tout le monde connaissait, je n'étais plus roc ; j'étais devenu les flammes de l'enfer. Rougissantes et dévorant tout sur leur passage, innocents et candides, coupables et lâches. Tout, et tout le monde. Par ailleurs une lueur assassine luisait dans l'antre de mon regard noisette alors que j'attendais ma confrontation avec Auguste. Lorsqu'enfin celui-ci se retourna surpris, je sifflai d'une voix suave et glaciale. « Lève-toi. » Aucune réaction pour le moment ; fait légitime avec quelque peu de recul, car mon irruption s'apparentait à une tornade dévastant tout sur son passage après un calme plat relatif. Autour de nous, tintement de verres, rires feutrés et conversations s'estompèrent peu à peu ; les curieux tournèrent leurs grands yeux interrogatifs vers notre tablée, sous le regard troublé d'Artémis lui aussi présent. D'une poigne violente, je frappais cette fois sur la clavicule de mon souffre-douleur, perdant toute notion de raison et de retenue. « Lève-toi avant que je démonte ta face ! » Des plaintes interloquées fusèrent ici et là; mais peu m'importait les regards outrés, les questionnements gênants, les rictus railleurs. Peu m'importait si je ne me reconnaissais plus, j'avais laissé la violence prendre possession de mon corps et il m'était impossible de l'exorciser.


Dernière édition par Amadeus Debussy le Sam 19 Nov - 12:59, édité 1 fois
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Message Posté Sam 19 Nov - 1:11.
La lettre de sa mère reçue quelques jours plus tôt avait suscité chez le garçon plusieurs réactions. De l'ébahissement, d'abord, aujourd'hui disparu, mais aussi de la colère, une rage sourde et envahissante. Puis la culpabilité d'être lui-même et d'infliger ça à sa soeur. Il en avait voulu à sa mère également, pour l'avoir prévenu à l'avance. Comment avait-elle pu lui imposer ça ? Et surtout le forcer à garder le silence ? Porter cette nouvelle comme un fardeau et ne rien pouvoir dire à la jeune fille qu'il aimait tant était une véritable torture. Aussi, n'avait-il pas pu tenir plus longtemps et avait-il ressenti le besoin d'en parler à Artémis. C'était le seul en mesure de le soutenir dans cet instant. Julien n'aurait pas saisi l'ampleur du malheur, il était conditionné par cette image de parfait héritier et il n'aurait pu comprendre en quoi c'était si horrible d'être fiancé contre sa volonté. C'est du moins ce qu'il imaginait. Aussi ce matin-là avait-il demandé à son ami d'enfance de se joindre à lui pour le déjeuner, il avait des choses à lui raconter, il devait vider son sac. Ils avaient commencé à discuter dès la sortie des cours. C'était surtout Auguste qui parlait, c'était lui qui avait besoin d'extériorisé toute cette affaire, c'était lui qui avait besoin d'un appui sur lequel se reposer.

C'était d'autant plus difficile pour lui d'apprendre cette nouvelle, puisqu'il se savait à l'origine du projet. L'honnêteté étant de mise dans la famille, on avait expliqué aux deux enfants pourquoi de telles mesures seraient prises. C'était resté très évasif pour gus, totalement abstrait et il n'y avait jusqu'alors jamais cru. Comment pouvait-il y croire ? Mais les quelques mots couchés sur le papier avaient soudainement ancré la nouvelle dans la réalité. Il comprenait quelque part pourquoi la décision avait été prise, mais il s'en voulait tellement. Il se souvenait distinctement des mots de sa grand-mère et du regard de sa mère, baissé, à côté d'elle. Elle n'osait pas les regarder, comme si elle avait honte de ce qu'on allait leur annoncer. Et elle pouvait. Si le jeune homme n'avait pas été aussi bien élevé, il aurait sans doute fait un scandale, malgré qu'il soit dans l'intimité. Mais il s'était contenté de rester à sa place, se contenant grâce à toute la force de sa volonté. Et la sentence était tombée, comme un couperet. Auguste étant homosexuel, il ne pourrait faire perdurer le sang et le nom des Debraie, aussi c'était à Anastasie que revenait cette charge et pour assurer l'avenir de la famille, on s'occuperait de lui trouver un époux digne d'elle. On lui imposerait un mari. Les deux femmes leur avaient annoncé ça le plus naturellement du monde et elles s'attendaient à ce qu'ils s'en réjouissent ? Elles s'étaient grandement trompées. Si Anastasie n'avait rien dit et qu'elle s'était contentée de fuir vers sa chambre, le jeune homme était resté face à elle et les avait regardé avec mépris pendant de longues minutes. Il était resté silencieux et les avait écoutées tenter de se justifier. Il s'était finalement levé, avec calme et distinction et était allé voir sa soeur, pour essayer de la consoler. Ils avaient passé le reste de la journée allongés sur le lit de la demoiselle à discuter. Ils avaient dormi ensemble cette nuit là et n'avaient pas adressé un seul mot aux matriarches du reste de leur séjour.

Ils avaient bien fait comprendre leur point de vue, mais la jeune femme avait finalement approuvé la décision une fois revenue à Beauxbâtons. Pour lui. Pour son frère. Pour qu'il ne se force pas, qu'il ne se sacrifie pas. Elle le connaissait et elle savait qu'il le ferait pour elle, comme il avait déjà dû le faire pour des choses dont elle n'était même pas au courant. Il la protégeait trop. Et le garçon avait finalement accepté l'idée, pour la bonne et simple raison que ce n'était qu'un projet, des phrases lancées dans le vent. Mais aujourd'hui ce projet avait un nom et pas des plus agréable. Amadeus Debussy. Certainement le pire beau-frère qu'il pouvait imaginer. Un être certes à l'allure gracieuse et à l'apparence agréable, mais aux manières beaucoup moins plaisantes. Du moins lui ne les aimait pas. Au contraire. Et ses fréquentations n'étaient pas forcément pour lui plaire, quoi qu'en dise Artémis, Hugo n'était pas une fréquentation acceptable. Un frisson parcouru son échine en pensant à lui.

Ou peut-être était-ce cette présence derrière lui qu'il n'avait jusqu'alors pas senti. Cette présence qui maintenant se manifestait. Et pas de la façon la plus douce qui soit. Le blond marqua un temps d'arrêt pendant lequel il frotta son épaule. Il se retourna, doucement, pour se retrouver face à celui dont il avait parlé quelques minutes plus tôt. C'était une surprise, aussi loin qu'il se souvenait, ils tentaient de s'éviter au maximum. Et au regard de la lueure qui brillait dans ses yeux, il n'était pas animé des meilleures intentions. L'ordre qu'il reçut ensuite l'offusqua, qui était-il pour oser venir l'agresser et lui dire ce genre de choses. On ne parlait pas aux gens de cette façon et encore moins à un Debraie. Choqué, il ne savait comment réagir, il était bien trop outré pour pouvoir répondre quoi que ce soit. Et il n'était pas le seul, les bruits s'estompaient dans la salle, tous les yeux se tournaient vers eux. Il aurait pu rester comme ça un moment encore, s'il n'avait pas reçu un coup dans le clavicule. La douleur lui coupa la respiration. Le dégout s'incrustait dans son regard tandis qu'il fixait le brun. Il était totalement abasourdis, pour qui se prenait-il ? Il se redressa, lentement, dignement et lui fit face, rassemblant les fragments de courage dont il pouvait faire preuve parfois. S'il n'était pas fier, personne n'aurait pu le remarquer, il paraissait plus sûr de lui que jamais, prêt à faire face à tout.

Qu'est-ce-que tu me veux, Debussy ?

Artémis de Sainte-Croix
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♦ Nota Bene
:
: quelques adjectifs pour vous définir
: ce que vous avez sur vous



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Message Posté Dim 20 Nov - 21:22.
    Artémis était inquiet. Inquiet, préoccupé, nerveux, voire un peu angoissée ; sa concentration déjà peu glorieuse d’Hypnos lui faisait cruellement défaut, ses cours tombaient dans l’oreille d’un sourd la plupart du temps et il avait fini par être mis à l’écart des cours pratiques tant son potentiel catastrophique avait doublé. Et cela seulement en quelques jours. Artémis n’était pas familier de ces états d’âme, il n’était pas familier de la gravité ou du trouble de l’esprit, ce n’était pas dans sa nature et sans doute cela ne le serait-il jamais ; il vivait, et vivre, ce n’était pas difficile. Ce ne l’était pas, pour lui.

    Pourtant, il en avait connu, des moments de doute et de remise en question, mais jamais seul ; jamais vraiment seul. Et ça passait, toujours rapidement ; Artémis, naturel, ne s’embêtait pas de formalités pour poser les bonnes questions aux personnes concernées, et celles-ci, prises au dépourvu, lui répondaient, d’une quelconque manière, ou il comprenait – quand il était en mesure de comprendre. Et il ne comprenait pas Auguste. Il ne comprenait pas ce qui le poussait à le fuir, de même qu’il ne comprenait pas lui-même pourquoi il le laissait faire et s’ingéniait lui aussi à lui laisser une marge pour respirer. Par instinct ? Peut-être, il sentait que c’était ce qui était le mieux pour son ami d’enfance mais cette distance qui se creusait entre eux le préoccupait, l’inquiétait, parce qu’il avait l’impression d’avoir son rôle à jouer dans cette histoire.

    Et ce n’était pas grand-chose à côté de cet ersatz de baiser qu’Auguste lui avait donné avant de quitter le Jardin des bleuets dans lequel ils s’étaient retrouvés à la fin du mois dernier. Auguste était devenu avare en contacts physiques, ne serait-ce qu’être épaule contre épaule dans les couloirs semblait relever de l’inconcevable pour deux jeunes hommes seulement amis. Alors, pourquoi ? Artémis se mordit la lèvre inférieure alors qu’il tirait sur le nœud de sa cravate pour le relâcher un peu, avant de se tourner vers son lit où était recroquevillée Lola.

    L’espagnole était arrivée quelques jours plus tôt à Beauxbâtons avec la délégation de son école à l’occasion de la Troisième tâche ; Artémis, excité comme un enfant avant de découvrir le pied du sapin de Noël recouvert de cadeaux aux couleurs chatoyantes, avait attendu impatiemment de revoir son amie dont il n’avait plus eu de nouvelle durant le mois précédent, coupés du monde comme toutes les écoles l’avaient été. S’il n’avait pas été intimement persuadé que rien n’était arrivé à Lola, sans doute aurait-il plus mal vécu l’occupation qu’avait connue l’Académie, même si, à son échelle, il ne représentait aucun danger pour l’Organisation – au mieux, juste une puce dans le pelage du lion. Il avait gardé d’elle un souvenir si heureux, si rayonnant qu’il fut choqué de croiser ce regard vide, hagard, ce pauvre sourire, faible, qu’il lui avait adressé. Une phrase, une seule phrase, et l’Hypnos avait immédiatement emmenée la jeune femme dans son dortoir, d’où elle n’était plus sortie. Artémis s’approcha doucement du lit et s’agenouilla devant elle, passant une main douce dans la chevelure brune de Lola, tentant d’attirer son attention.

      « T…u ne veux vraim…ent pas venir déj…euner ? »

    Il ne savait que dire de plus pour la convaincre de venir avec lui, retrouver du monde, ne serait-ce que prendre l’air ; prostrée, la jeune femme avait l’allure d’une poupée de chiffon posée là et Artémis n’avait d’autres options que de manifester son soutien, de quelques manières que ce soit, à Lola, passant la majorité de son temps en sa compagnie, courant la rejoindre dès la fin des cours ; la laisser seule n’était pas envisageable pour lui. Il se faisait un sang d’encre pour elle.

    Sauf que ce midi, Auguste avait aussi besoin de lui. Artémis embrassa le front de Lola avant de se relever et de quitter son dortoir, rejoignant son ami d’enfance à l’entrée de la Salle des banquets. Sans un mot, ils se dirigèrent tous deux vers la table des Hestia où, de manière presque trop naturelle, Artémis s’installa sans s’attirer le moindre regard surpris.

      « An…astasie ? »

    Artémis n’osa pas prononcer le prénom désormais indéfectiblement associé au prénom de son amour d’enfance. L’Hypnos, ahuri, passait en boucle l’information dans sa tête : un mariage arrangé afin d’assurer la descendance pure des Debraie par le biais d’Anastasie, l’un des êtres les plus doux à son cœur, et d’Amadeus. Amadeus Debussy. Il secoua la tête. Avait-on idée ? Artémis ne détachait pas la nouvelle de son passif avec l’Hadès qui, dès leur première année, l’avait pris en grippe, et lui, sans doute par un quelconque instinct de survie, s’ingéniait à l’éviter pour ne pas avoir à lui faire face, malgré cette emprise particulière qu’il avait sur lui, cette dimension du personnage qu’il ne parvenait pas à saisir, qui le fascinait dans la démesure de sa prestance décadente. Quelques fois, il était arrivé à Hugo de tenter d’inverser la balance quant à sa vision du jeune Debussy, mais Artémis, farouchement inflexible et gardant infectée sa blessure d’enfant terrifié, restait sur ses positions. Il n’avait pas confiance en Amadeus, et apprendre qu’il avait désormais sa vie de liée avec celle de sa douce Anastasie le troublait.

    Et ce d’autant plus qu’il ne pouvait que concevoir une forte appréhension du mariage arrangé en lui-même, quel que soit les protagonistes. Lola crevait dans son dortoir parce que l’homme qu’elle aimait allait se marier, dans quelques jours, à Vaux-sur-les-Pins par seul désirs de leurs parents. Anastasie, sa douce Anastasie… L’imaginer souffrir incendiait son âme.

    Artémis sursauta violemment lorsque le couperet de la voix d’Amadeus claqua dans la rumeur envahissante des conversations entremêlées. Instinctivement, l’Hypnos se leva, glissant à côté d’Auguste qui, lui aussi, s’était levé suite à l’abrupte invective de l’Hadès, rongé par une fureur froide tapie au fond de son regard implacable. Autour d’eux, les conversations perdaient de leur intensité, troquant les paroles enjouées, survoltées aux murmures suspicieux, intrigués ou, pire, excités par la présente altercation. Artémis, absorbé, était acculé par la présence imposante d’Amadeus écrasant la sienne, faible et fluette alors qu’assombrie par ses préoccupations, ses inquiétudes et ce pressentiment envahissant qui lui soulevait le cœur alors qu’Amadeus le dévisageait avec un mépris ostensible.
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Message Posté Lun 21 Nov - 18:56.
J'observais, furibond, Auguste se lever dans une réserve flegmatique. Ma voix rageuse et ferme ne témoignait pas d'une volonté de le voir trembler, geindre, frémir, sous l'élan fougueux de ma colère claquant l'air avec panache. Je n'étais pas assez vil pour jouer d'une force physique que je n'avais de toute évidence pas, pas assez vicieux pour penser à l'humilier devant tout le monde, pas assez crapuleux pour espérer le voir se muer en une statue de sel fondant sous l'assaut de ses propres larmes. Je n'étais rien de tout cela, j'étais simplement porté par une hargne dévastatrice qui ravalait la moindre parcelle de raison osant poindre à la lueur de mes yeux assassins. Je ne désirais que vomir ma colère à la tête de celui que j'incriminais comme unique coupable : je l'avais désigné lui comme souffre-douleur, celui qui apaiserait mes démons hurlant d'une douleur pétrifiée. Intérieurement pourtant, je portais en étendard cette haine qui me rongeait les os, et il me fallait transpercer Auguste de ses javelots enfiellés pour mieux exorciser cette colère insoutenable : non je ne voulais pas qu'il pose genou à terre, qu'il s'excuse, qu'il gémisse. Je voulais le détruire, que sa mort soit fulgurante et rapide à défaut d'être lente et douloureuse. Je me fichais bien de sa souffrance, je ne désirais plus que passer la mienne : dans un duel sans doute, à coup de poings probablement. Car le raffinement et l'élégance firent place à la bestialité éveillée dans le creux de mon impulsivité ; aussi je serrais les poings à en faire trembler mon corps de douleur : j'exultais d'une rage que je ne retenais plus, fourmillant dans ma chair dans quelques soubresauts frénétiques, prêt à imploser. Et pour mieux rester en vie, c'était lui qui recevait toute ma violence ; il faut toujours une victime, elles sont là pour justifier la flagellation.

Sans crier gare donc, mes démons rugirent à l'unisson dans un cri qui se mua en une voix rocailleuse s'échappant de mes lèvres dès lors que mes yeux mordoré se posèrent sur Artémis. Ce fou, cet idiot, ce naïf... s'érigeait lui aussi contre ma colère alors que l'invective n'avait été donné qu'à son abruti d'ami. Mais rebelle-toi donc, que je morde d'avantage, que les cris des victimes s'amoncèlent, que je soulage plus rapidement mon corps de cette hargne qui n'en peut plus de stagner. Je ne demande que cela : d'avantage de sacrifiés pour ôter le goût âcre du sang qui nargue mon palais. « On t'a sonné le bègue ? C'est entre ta dulcinée et moi que ça se passe ! » Non je n'étais habituellement pas de ceux qui se moquaient des autres, accaparant leurs complexes pour mieux m'en faire des armes perfides et impures. Mais cet élan de colère mua le moindre de mes mots en des sifflements venimeux, sournois et corrosifs, prêt à imprégner leurs âmes et leur chair d'une violence qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier. Les bleus d'un poing abattu sur le corps disparaissent, quand la profondeur des mots empoisonnent pour toute une vie. Mais peu m'importait, plus rien ne m'importait. Peu m'importait le silence alentour, rompu par des rires mauvaises ou des indignations se muant en des soupirs lâches, peu m'importait ces démons rugissant qui ne se libéraient que sous l'impulsion de mon attitude assassine, peu m'importait surtout de savoir que demander l'annulation des fiançailles n'était qu'un espoir creux et avorté. Je me forçais à y croire, à espérer pouvoir y mettre un terme, ne serait-ce que par la force des mots abrupts ou la portée de ma violence : non je ne l'épouserais pas. « Qu'est-ce-que tu me veux, Debussy ? » Jaugeant Auguste d'un regard dédaigneux de la tête aux pieds, j'eus pour toute réponse un sifflement insolent. « Tu la fermes et tu écoutes : je n'épouserais pas ta soeur. Tu vas donc faire en sorte qu'ils changent d'avis, peu m'importe comment tu t'y prends, c'est pas mon problème. Soit ils annulent et je te fous la paix, soit tu n'arrives à rien, ce qui ne serait pas une première, et je fais de ta vie un enfer. Alors pleure, geins, gueule à qui veut l'entendre pour changer la donne. Suce un oncle ou deux s'il le faut puisque tu sembles n'avoir que ce talent, mais annule-moi ça ! » Vulgarité quand tu nous tiens... Un trait que je n'avais que rarement pour moi, excepté pour les colères les plus fulgurantes, pour les chagrins les plus vils, pour les espoirs mort-nés. Mon attaque verbale ne témoignait que de ma fébrilité, de mon incapacité à contrôler la situation, de ma faculté à me faire naïf quant à la situation : je savais qu'Auguste ne serait jamais un remède à tous mes problèmes, mais ma hargne, bestiale, s'acharnait sur lui au moins autant que la malchance s'acharnait sur moi. Je voulais qu'il crève, au même titre que je crevais sous ses yeux. Sous leurs yeux. Nous étions les lions dans la fosse, ils n'étaient plus que le public se régalant d'un spectacle morbide. Et je n'en pouvais plus, d'asphyxier de sanglots qui ne naîtraient jamais à mes yeux, gonflés de peine et de rage.

La colère pour seul exutoire.
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Message Posté Mar 22 Nov - 0:03.
La maîtrise d'Auguste Debraie avait depuis longtemps fait ses preuves au sein de l'académie et elle ne cessait de susciter l'admiration de tous. L'élève, du haut de ses dix-sept ans savait même mieux se contrôler que certains enseignants de Beauxbâtons et il aurait pu leur donner des leçons. C'était une de ses qualités que tous respectaient, parce qu'eux-mêmes en étaient incapables. Et ce jour-la encore, devant l'ensemble des étudiants qui s'offusquaient face à un tel comportement, alors qu'ils n'étaient même pas impliqués, lui semblait impassible. Rien ne semblait l'atteindre. S'il avait d'abord été animé par la surprise, il avait reprit toute sa contenance et paraissait inébranlable. Il se tenait désormais face à l'autre garçon et lui tenait tête. Il sembla pourtant frémir quand son ami d'enfance se leva. En cet instant, qu'Artémis se tienne à ses côtés ne semblait pas vraiment le rendre plus fort, au contraire, une faible lueur d'inquiétude traversa son regard. Il avait peur pour lui, peur de ce dont était capable le jeune homme debout en face d'eux. Et il avait raison de se faire du soucis. Il eut à peine le temps de se lever que déjà il en prenait pour son grade. Et c'était tout à fait le genre d'insulte qu'il savait être les plus douloureuses pour l'Hypnos. Le mot dulciné le fit frémir, était-il possible qu'il soit au courant de quelque chose ? Il déglutit, troublé un très bref instant par ce terme et l'idée qu'il soit démasqué. Il étouffa tant bien que mal la panique qui lui nouait l'estomac et veilla à garder cette figure fière. Alors qu'il ne s'était autorisé aucun contact avec lui depuis plusieurs jours, il posa sa main sur son bras, comme pour le rassurer, ou lui dire qu'il s'occupait de cette affaire. Après tout c'était lui qui était visé dans cet affrontement, pas son camarade.

L'autre semblait bouillir de haine. Il n'était pas juste en colère, il était rongé par la rage. Le blond se fit la remarque jamais il ne s'était mis dans un tel état. Il douta l'espace d'un instant de pouvoir gérer cette affaire, ne disait-on pas qu'il y avait plus fort que soit ? Il finit tout de même par se ressaisir et se prépara à lutter. Il n'avait rien laissé paraître de son trouble. Du moins, seuls ses camarades les plus proches avaient pu lire dans ses yeux, éventuellement. Mais pour les autres autour, il avait gardé cette image de statue de marbre que rien ne pouvait altérer. Le mépris s'incrusta dans son regard tandis qu'il le portait sur son adversaire. Il le trouvait bien minable ce midi-là. Il s'emportait, se ridiculisait, la colère prenait le dessus et il n'était plus que son instrument. Et le jeune Debraie avait le malheur de se trouver sur sa route. Probablement qu'il n'était pas directement en cause dans cette affaire. Et quand il eu droit à un semblant d'explications, qui sonnait davantage comme un fouilli de menaces et d'insultes. Il était pathétique, il pensait lui faire peur, l'intimider lui faire du mal avec ce genre de vulgarité ? Il n'était rien et le jeune homme n'en était que plus dédaigneux à son égard. Autour d'eux les chuchotement se faisaient plus intenses. Tous étaient outré du comportement de Debussy et même si les couards n'osaient intervenir, il semblait soutenir les victimes de l'agression. Mais il ne leur accordait pas la moindre importance, il ne s'occupait pas d'eux, ils n'avaient pas à se mêler de ses affaires privées. Il fit un pas en avant, se rapprochant d'Amadeus.

Parce que tu crois vraiment que votre union m'enchante ? Tu penses vraiment que l'idée de voir ma soeur mariée à un type comme toi me fait plaisir ? Tu imagines sincèrement que je n'espère pas mieux qu'un minable dans ton genre pour partager sa vie ? Elle mérite tellement mieux. Trois jours que je suis au courant et que j'en ai la nausée.

Tout en disant ces mots ils s'était rapproché de lui, à ses risques et périls, il était maintenant à quelques centimètres de l'autre garçon et penchait la tête vers son oreille. Il murmura avec plus de dégout que jamais des mots qui criaient de vérité.

Et ne rend pas responsable de tes propres faiblessses. Contrairement à toi, je n'ai rien a prouver à personne, les murmures qui circulent autour de nous le confirme. Tu dis vouloir me faire vivre un enfer, mais tu n'en as pas les moyens, j'ai leur soutient, toi non. Tu comptes faire quoi ? Me harceler ? M'insulter ? Je suis bien au-dessus de ça.

Il recula d'un pas, se replaçant à côté de son ami, regardant le violoniste avec froideur, presque avec dégout. La dureté de ses traits était impressionnante, son regard était polaire. Il était prêt à en découdre, il était hors de question de se laisser faire. Et puis il voulait tellement épargner Artémis. En pensant à lui il ne put s'empêcher de détourner les yeux sur lui, ils s'adoucirent immédiatement et toute son affection fit fondre la glace. Cela ne dura que quelques secondes, mais c'était bien suffisant pour être remarqué. Il referma son visage à toute émotion, il ne devait plus se laisser distraire, il devait se tenir prêt, la contre attaque serait violent. Il serra les poings. Il imaginait facilement celui de l'autre s'écraser contre sa joue. Il supporterait la douleur, il ne se battrait pas comme un vulgaire Moldue. Il était l'Héritier de la maison Debraie, il ferait honneur à son clan. Pour eux tous et pour elle, surtout, oui, surtout pour Anastasie.

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Message Posté Mer 23 Nov - 20:57.
    Le poignard empoisonné s’enfonça dans son cœur, déchirant sauvagement sa chair frémissante en lambeaux écarlates. Le bègue. Artémis tiqua, ramena ses bras contre sa poitrine, les serrant fort autour de sa taille, ses ongles pénétrant dans ses cotes. Le bègue. Tendu comme une corde d’arc, le contact de la paume d’Auguste sur son bras l’électrisa ; d’un mouvement brusque, il se dégagea à peine frôlé par les doigts de son ami d’enfance, machinalement, instinctivement. Une boule de nerfs, d’énergie confondue, Artémis tremblait. Pas de peur, ni secoué par des pleurs refoulés ; il tremblait de cette blessure mal cicatrisée, de la mesquinerie fielleuse de ce garçon pédant, des sueurs froides du venin injecté dans ses veines, dans son âme alors qu’Amadeus, sans scrupules, effritait cette brèche de plâtre avec hargne. Il détourna le regard, les mâchoires crispées.

    Il avait occulté tout le reste. Peu importait le regard des autres, peu importaient leurs rumeurs, leurs murmures de quelque nature qu’ils soient, ou même l’implication de cette phrase qui, pour lui, s’était interrompue à cette seule insulte, à cette flèche chauffée au fer blanc fichée dans sa poitrine. Il chercha Hugo, trouva Gabrielle dans l’assemblée, mais rien, rien ne parvenait à lui faire oublier la blessure sanguinolente qui s’épanchait en rivières pourpres. Il avait mal, et se sentait humilié, humilié d’être traité de la sorte par un garçon de la même année que lui à qui il n’avait jamais cherché le moindre problème, les évitant justement. Humilié d’avoir aussi, peut-être, un peu cru qu’Amadeus valait la peine de s’intéresser à lui. Humilié.

    Artémis n’avait plus la même approche des piques lancées sur son handicap ou autre sujet de moquerie dont il pouvait faire les frais. Il n’en riait pas, ne s’énervait pas pour autant pour si peu de choses. Il en gardait seulement un amer souvenir qui ressurgissait dans ses relations fantomatiques avec la personne concernée. Pourtant, c’était si bas… et ça venait d’Amadeus Debussy, ce garçon qui, s’il ne l’avait pas conçu comme un ennemi ni même comme un monstre despotique, avait laissé une impression de dignité dans son passage. Quelqu’un qui se battait à armes égales ou, à tout le moins, n’était pas vainement blessant juste pour asseoir une bancale supériorité dans un combat, quel qu’il soit. Etait-ce dont là la véritable personnalité de l’Hadès, était-ce donc là ce qu’avait cherché à défendre Hugo avec si peu de succès ? Dans un demi-songe, Artémis percevait la réponse d’Auguste, fidèle à sa réputation qui le prêtait pour imperturbable, conservant prestance et contrôle de soi en toutes circonstances, même à cet instant, même aux prises avec l’un des suppôts du Seigneur des enfers alors qu’il défendait la vie terrestre, le foyer et l’ordre de par son écurie. Personnalités contraires, affrontement ambitieux, et lui, jeune Hypnos, n’avait d’armes que sa créativité et sa liberté d’esprit alors qu’il restait sous le joug tyrannique de ses émotions.

    Il n’avait rien, sinon lui-même et sa force en sa faveur.

    Artémis n’était pas offensif, n’avait pas la moindre lueur de défi dans son regard inhabituellement assombri. Neutre, il avait de nouveau posé le regard sur Amadeus, le dévisageant, n’ayant aucune conscience du monde alentours, aucune conscience de ce regard que porta sur lui Auguste, aucune conscience de la volonté soutenue de son ami d’enfance de l’épargner des foudres de l’Hadès qui s’en était pris à lui alors qu’il n’avait rien dit, formulé la moindre réplique, qu’il s’était juste levé parce que s’il n’était pas un Debraie, il n’en demeurait pas moins concerné par cette union disharmonieuse de l’une des plus douces créatures sur terre avec une vipère sournoise.

      « Ca t…e va b…ien d’acc…user le monde de ce dont il n…’est pas resp…onsable. »

    Bègue. Il n’était pas bègue, il avait une malformation des muscles vocaux, était-ce sa faute s’il était né avec un handicap qu’il se traînerait toute sa vie ? Est-ce qu’il pensait que ça lui faisait plaisir d’avoir mal chaque fois qu’il prenait la parole et de créer presque des cataclysmes quand les formules magiques étaient trop compliquées pour sa voix difficile ?

      « Ca te p…laît pas mais jusq…u’ici, on n’y p…eut pas grand-chose. Et je ne suis p…as certain qu…’Anastasie soit p…lus ravie que t…oi de cette union… ingrate. »

    Sans doute jouait-il avec le feu, mais ce n’était plus ce qui comptait maintenant. Il n’était plus un enfant, plus une poupée de porcelaine que l’on devait protéger parce qu’il était une cible facile. Il assumait.
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Message Posté Mer 23 Nov - 22:39.
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Ainsi se présenta mon miroir à double tranchant : une sombre personnalité, fière, froide, revêche, passionnée, passionnante peut-être. Et la colère, mauvaise, musée par une hargne despotique ; tyrannisant mon coeur et mon esprit, m'avait mué en monstre. L'abattement en vérité me fit sortir de mes gonds : attaquer pour mieux se défendre. Je n'étais pas le fauve dépeçant ses victimes, j'étais le loup qui, meurtri dans sa chair venait à montrer les crocs, hurlant sa rancoeur si fort qu'il en avait planté les canines dans le coeur de ses confrères. Et je suivais tête baissée la sombre fatalité, ce coup du destin, comme la misère poursuit la traîne pouilleuse d'une fille de joie. Ils ne m'avaient rien fait pourtant, et jamais je n'aurais été capable de mots si crus dans un instant de confusion moindre. Mais l'opium de ma colère avait éveillé mes démons au lieu de les endormir, il me fallait frapper pour me protéger, donner les coups pour ne plus les recevoir. J'avais choisi mes martyrs, ceux qui porteraient la croix de mon injustice. Il avait seulement fallu que je les tue à la pointe de mes mots fielleux... Je gardais pourtant ce secret immonde, logé sournoisement dans le tréfonds de mes entrailles embrasées par la douce folie, et je me vengeais, ingrat, sur des innocents dont le crime n'avait été que faire partie de ma vie au mauvais moment, pour le mauvais discours. Ces naïfs, offusqués par mes propos et indignés par ma rage, ne comprenaient donc pas ce qui se tramait en moi en cet instant : je me haïssais de m'être laissé prendre au piège. Et par cette haine chérie par ma colère, je l'exultais d'une violence terrible quitte à le payer par ma dignité. Chaque insulte crachée était mon exutoire, chaque coup porté me faisait tant de bien. C'était sournois, c'était mesquin, c'était diablement égoïste.

La tête me tourna un instant lorsque je sentis mes tempes battre d'un flux surfait et endiablé, mon coeur éventré par la colère se démenait comme un diable, quand mon corps chétif et affaibli appelait à l'aide. Mes mains, tremblantes et renfrognées par l'injustice, témoignaient d'un manque dont je ne pouvais plus me passer ; ces fameux dopants dont on blâmait les conséquences funestes. Des foutaises. Sevré malgré moi, fatigué, affamé, abattu ; je haïssais tout et tout le monde, à commencer par moi et finissant par les autres. Mais lui aussi, je le détestais. Debraie. Avec ses faux airs candides et son insolente gaieté qu'il affichait d'un sourire niais. Sa manie d'aimer les hommes et de laisser à sa soeur le devoir de progéniture. Sa façon d'être aimé, d'aimer aussi sans doute plus que de raison. Il me donnait tant de nausées que je lui vomissais des insultes à la figure, insultes qui ne me ressemblaient guère et portant la couleur de mes démons en étendard. Diable qu'on m'exorcise, je crains que mon humanité s'envole. « Parce que tu crois vraiment que votre union m'enchante ? Tu penses vraiment que l'idée de voir ma soeur mariée à un type comme toi me fait plaisir ? Tu imagines sincèrement que je n'espère pas mieux qu'un minable dans ton genre pour partager sa vie ? Elle mérite tellement mieux. Trois jours que je suis au courant et que j'en ai la nausée.  » Savoir qu'il était au courant depuis si longtemps amena mon coeur haineux au bord de mes lèvres n'aspirant plus qu'à l'éjecter de ma poitrine pour mieux m'en débarrasser, las et furibond. Néanmoins je soutins ses yeux impudents d'un port de tête altier et d'une mâchoire crispée, l'ambre de mon regard luisant de mille flammes que je retenais alors avec difficulté. Mon estomac bouillonnait de cette hargne retenue, ravalée par une raison qui daigna enfin se montrer. La prestance calme d'Auguste avait appelé la mienne : pourquoi scander l'injustice lorsque le coupable n'écoute pas. Pourquoi se démener, pourquoi se débattre, pourquoi tant d'énergie lorsque le bourreau n'attends plus que votre dernier souffle. Car oui, Debraie était mon bourreau : son nom tout entier portait mes tourments et mes chaînes, et je ne vouais à son sang qu'un intime mépris qui me tordit l'estomac. Je ne pus néanmoins retenir un bref sourire en coin, moins par provocation que réel cynisme en vérité : qu'il était plaisant d'entendre la mignonne parler de nausées, surtout lorsque son prince charmant n'était pas bien loin. Mes yeux jusque là plombés par des lueurs froides, s'illumina de quelques étincelles mesquines et sournoises. Attaquer pour mieux se défendre.

«  Et ne rend pas responsable de tes propres faiblesses. Contrairement à toi, je n'ai rien a prouver à personne, les murmures qui circulent autour de nous le confirme. Tu dis vouloir me faire vivre un enfer, mais tu n'en as pas les moyens, j'ai leur soutient, toi non. Tu comptes faire quoi ? Me harceler ? M'insulter ?  Je suis bien au-dessus de ça. » Cette fois je ne pus m'empêcher de lever un regard dédaigneux vers le plafond : voilà qu'il tentait de soulever une faille, un point faible que je ne possédais pas. Je me fichais du soutien qu'il avait pour lui, je bénissais ma solitude comme je me fichais du soit-disant bonheur qu'il pouvait avoir en étant bien entouré. Car c'était mon individualisme qui m'avait toujours sauvé, c'était mon individualisme qui porterait mes rêves jusqu'au concret, c'était mon individualisme qui me préservait de la stupidité humaine : preuve en était que je n'étais au courant de mon union avec une demoiselle depuis dix minutes à peine, et déjà la boîte de Pandore s'était ouverte à mon désavantage. Un bref rire s'échappa de mes lèvres blêmes comme un soupir, tandis que je reposais mes yeux polaires sur Auguste. Et ma voix, glacée et glaçante, jaugea de lui murmurer ma vérité au même titre qu'il me murmurait la sienne, méprisable. « Mon pauvre Auguste. Si tu savais comme je me moque des langues de vipères et de ton pseudo sermon sur les valeurs humaines. Elles n'existent pas : regarde ce que tes parents ont fait à ta soeur. Descend de ton nuage. » Ma solitude me seyait bien, quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense, quoiqu'on en juge. La musique pour toute compagne, le venin des autres pour tout remède, et cela me convenait fort bien. J'eus à peine fini ma phrase que déjà, Artémis prit la parole. J'entendais alors dans la salle quelques murmures moqueurs, s'élevant déjà en raillerie contre le handicap de l'Hypnos que j'avais jugé quelques secondes plus tôt. N'écoutant néanmoins pas ces voix perfides, je m'abstins de faire tout commentaire désagréable : ni en mots, ni en pensées. Preuve que l'insulte crachée à la figure d'Artémis n'avait été que colère et non pas sournoiserie : je ne regrettais pas cependant de m'être autant emporté. A mes yeux ils demeuraient encore les coupables de ma condition injuste. Parce que je l'avais décidé ainsi. « Ca te p…laît pas mais jusq…u’ici, on n’y p…eut pas grand-chose. Et je ne suis p…as certain qu…’Anastasie soit p…lus ravie que t…oi de cette union… ingrate. » Je relevai alors la tête, digne malgré cette colère encore chaude bouillonnant dans mes entrailles. Mais soit, puisqu'ils ne daignaient pas admettre qu'ils étaient fautifs... Un silence pesant succéda aux paroles sages d'Artémis, mais la retombée n'en fut que plus mordante. « Tu devrais surveiller ta dulcinée de plus près. Contrairement à ce qu'il raconte, il a encore beaucoup à prouver. » Et mes prunelles enfiellées se braquèrent sur Auguste, jaugeant avec froideur son visage soudain pâle. « Je ne suis peut-être pas aimé de beaucoup, mais je ne mens pas au peu d'amis qui m'entourent. Ta mère ne t'a donc rien appris, Auguste ? » Sifflement venimeux, oeillade méprisante et colère au creux de l'estomac. Je darde à nouveau Artémis sans un sourire, impassible, prince et bourreau, et je toise cette mine étonnée qu'il a alors pour lui. « Cela t'étonne, vraiment ? Ne sois pas si naïf, tout le monde ici a bien compris que ton 'ami' ne cherche qu'à te coincer dans les couloirs en vérité. D'ailleurs... » Je fronçai les sourcils d'une moue faussement pensive et compatissante, tournant cette fois mes yeux bruns sur Auguste dont la pâleur allait grandissante. « ...peut-être est-ce déjà fait car je m'inquiète de savoir que tu aies tant de nausées ma chère. »

C'était ça, faire de ta vie un enfer. Qu'importait si le prix à payer était mon éternelle solitude comme Auguste l'avait si bien clamé.


Dernière édition par Amadeus Debussy le Lun 19 Déc - 1:12, édité 1 fois
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Message Posté Jeu 24 Nov - 1:14.
Même s'il comprenait l'hypersensibilité de son ami sur le moment, ce rejet lui fit mal, il ne pouvait s'en empêcher. Et une fois de plus son regard le trahissait. Personne ne verrait rien, son visage était impassible, mais il y avait tout de même dans ses yeux des traces de ce rêve brisé. Il concevait sa douleur, il l'imaginait. Il n'y avait rien de pire pour l'Hypnos, rien de semblable. C'était une plaie qui ne se refermait pas et l'effleurer la réouvrait instantanément, à chaque fois. Il le vit chercher du regard Gabrielle, ou Hugo sans doutes, mais il ne posa pas ses yeux dans les siens, à aucun moment. Il en voulait à Amadeus, certes, mais il se sentait surtout coupable. C'était à cause de lui, c'était parce qu'il l'avait mêlé à ses histoires qu'il se retrouvait maintenant impliqué dans cette querelle et qu'il devait subir tout ça. Mais leur assaillant ne lui laissa pas le temps d'esquisser un autre geste pour le réconforter, il l'attaqua directement, bassement, en soulevant un argument que lui-même ne pouvait réfuter, puisqu'il lui faisait horreur. Et pour Auguste c'était déjà trop tard. Il n'avait pas eu le temps de se reprendre, il était bien trop préoccupé par le brun qui semblait souffrir le martyre à ses côtés. Il encaissa le premier assaut, sans broncher, il avait encore de la réserve, on ne le mettait pas à terre si facilement. La réponse ne vint malheureusement pas. Il tenta de rester dignes, tous les regards convergeaient vers eux, il détestait ça. Il rêvait de voir un professeur venir les arrêter, il rêvait de voir l'un de ses collègues préfets intervenir, les séparer, ou les éloigner de l'attroupement d'élèves. Mais non, personne ne vint à son secours, tous semblaient subjugués par cette dispute, ils semblaient aimer se repaitre de leurs malheurs, de cette histoire qui ne les regardait en rien. Et le blond les détestait pour ça. Il leur en voulait de rester là, curieux, il haïssait leur manque d'éducation. Il leur en voulait à eux. Il voulait leur hurler sa rage, son dégout. Parce qu'il savait d'avance que cette bataille serait perdue, il savait qu'il ne pourrait pas battre le violoniste à ce petit jeu. Il n'était pas maître de ce terrain, au contraire, ses armes étaient de bois, celle de Debussy étaient de fer. Il allait perdre et ils assisteraient tous à sa chute.

Artémis ne l'aida pas en répliquant. L'assistance obscène se moquait de lui, de cette différence qu'ils méprisaient. L'attention de l'Hestia ne pouvait se recentrer sur celui qui les agressait, il s'inquiétait bien trop, il avait peur de voir son ami s'enfoncer un peu plus dans ses propres ténèbres. Et puis il l'aimait tellement trop pour supporter de le voir souffrir. Sa conviction, son attention était ébranlée, sa fin était proche, il le savait. Il aurait tant aimé qu'il lui porte un coup décisif, mais non, il devait certainement vouloir lui faire mal, le sourire glacial qu'il affichait ne cessait de l'en convaincre. Il déglutit, une fausse assurance jetée sur ses traits, comme un défi. Comment résister à l'envier de briser cette image parfaite après tout ? La sagesse des mots de dessinateur semblèrent apaiser la foule un instant, mais ils ne calmèrent pas leur bourreau. Le premier assaut ne se fit pas prier plus longtemps, comme il le pensait. S'il l'attendait, il n'y était pas préparée. Son visage blêmit. Il tenta de se retenir, mais le mal était déjà fait, en partie. Son masque venait de s'ébrécher. Un murmure parcouru l'assistance. Personne n'avait encore jamais vu ça au sein de l'académie. Et ça ne s'arrêterait pas là. Il le sentait. Il ne trouvait les mots qui lui permettraient de répliquer, de sortir la tête de l'eau quelques instants, rien ne lui venait. Dans son regard braqué sur l'Hadès, se mêlaient haine et effrois. C'était tout ce qu'il était capable de faire, il était vaincu, il attendait d'être terrassé. Il posa ses yeux sur Artémis quelques secondes, résigné.

Le second coup porté le transperça de part en part. Il recula d'un coup sous le choc, incapable de lutter. Autour de lui la rumeur s'amplifiait. Tout le monde savait maintenant. Tout le monde était au courant de ce qu'il tentait de garder pour lui depuis des mois. Cette vérité enfin dévoilée le détruisait et cette oeillade méprisante l'anéantissait. Il ne tenait pas pour important le jugement de ce genre de personnages. Mais ce dédain entrain en résonance avec ses propres pensées. Lui-même se reprochait cette faiblesse. Jamais il n'aurait dû laisser ses sentiments prendre une telle ampleur. Maintenant il était trop tard et il recevait son châtiment. Troisième attaque. Il tomba lourdement sur sa chaise. Et il baissa la tête. Les larmes lui montaient aux yeux, il ne tiendrait pas. Tout seraient alors témoins de ce spectacle bien navrant. Il n'arrivait même pas à se ressaisir, à se contrôler, lui qui était si fier de cette image inébranlable. Sa main agrippa le coussin de l'assise, qu'il serra de toutes ses forces. Il n'osait plus lever les yeux, il n'osait plus croiser de regards. Il avait honte. Honte de lui-même, honte de ses sentiments. Honte de ce désir qui l'envahissait quand il sentait le parfum envoutant de son ami. Et surtout il avait honte de ne pouvoir le réprimer. Il ne se contentait pas trainer ses sentiments dans la boue. Il les salissait, les avilissait, il leur enlevait la passion, pour ne leur laisser que la pulsion, l'acte physique bestial. Les bruits semblaient s'être tus autour d'eux. Comme si les spectateurs prenaient soudainement conscience de la gravité de la scène. Comme s'ils entraient en deuil de l'image qu'il se faisait de ce préfet modèle que beaucoup idéalisaient. Mais non. Il était humain. Et il était faible.

Son estomac se serrait au creux de son ventre. Il se sentait mal. Il aurait tout donné pour ne jamais avoir été dans la salle ce midi-là. Dans un sursaut de folie, il releva la tête vers lui, la source de son mal-être. Mais malgré sa volonté de lui tenir tête encore quelques instants, il ne put que s'incliner pour de bon tandis qu'une lame brûlante plongeait en lui, dernier heurt. Il était humilié. Un frisson le parcouru et ses larmes se mirent à glisser sur se joues. Il étouffait, il n'arrivait pas à respirer correctement. Il tentait de se contenir, mais bravant ses efforts un sanglot s'échappa d'entre ses lèvres. Il sentit le regard de cet amour qu'il pensait envolé à jamais peser sur sa nuque, il aurait souhaité qu'il ne le voit jamais aussi méprisable. Il sentit sa peau brûler sous les yeux satisfaits de cet ennemi cruel. Et puis tous les autres, il les sentait l'épier. C'est ce qu'il tolérait le moins. Il se redressa. Croisa les yeux d'Anastasie, un peu plus loin. Il voulait se jeter dans ses bras. Que tous les autres partent en fumée et rester dans ses bras chaleureux. Mais il restait là, perdu, confus, il ne savait plus quoi penser, il ne savait plus quoi faire, il n'avait plus la force de faire quoi que ce soit sinon attendre et pleurer. Il était comme une marionnette à qui l'on vient de couper les fils.

Il pensait avoir perdu le plus important...
Artémis de Sainte-Croix
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Message Posté Ven 25 Nov - 0:26.
    Quelques secondes d’éternité. L’Eden n’avait l’image de la perfection que tant que le serpent n’y a pas répandu son poison. Le miroir se brisait en milliers d’éclats cristallins, pluie diluvienne s’il en fallait sur son existence illusoire, bercée par ses rêves, sa créativité et sa perception du monde sans doute trop juvénile. Sa volonté de croire que tout un chacun était bon jusqu’à preuve du contraire, sa fascination pour ce qui n’avait pas de sens, pour ce qu’il ne parvenait pas à toucher du doigt, pour ce qui l’intriguait, pour ce que son instinct lui chuchotait. Où avait-il donc passé ces huit dernières années, derrière quelle vitre trompeuse s’était-il installé pour s’être ainsi fourvoyé en chemin ? Quelques phrases, quelques mots, qui changeaient la face du monde. De son monde. Amadeus, qui perdait figure humaine au profit de la Colère, indomptable, impénétrable et indécente, péché capital qui n’avaient de limites que les siennes, aussi lointaines que l’horizon reculait alors qu’on s’en approchait. Et Auguste, un ami d’enfance, un soutien, un appui infaillible, une idéalisation, qui perdait sa contenance au profit de l’humaine vulnérabilité. Des mots, poignards effilés, lancés par myriades, atteignant leurs cibles.

    Artémis assistait au morbide spectacle. Muet. Stupéfait. Intrigué. Indécis. Hésitant. Impuissant.

    Ce qu’il disait n’avait pas de sens. N’est-ce pas, que cela n’avait pas de sens ? N’est-ce pas, qu’il ne pouvait préjuger de la sincérité de son ami d’enfance ? N’est-ce pas ? Artémis cherchait des réponses. Dans les prunelles d’Amadeus, ou mieux, dans celles d’Auguste ; Auguste soudainement effondré, Auguste soudainement abattu, incapable de rétorquer quoique ce soit, incapable d’arrêter le fiel de l’Hadès de se répandre dans les fils de leur amitié. Artémis croisa le regard d’Auguste, Artémis sentit son sang se glacer. Il préjugeait donc vrai… C’était vrai ? Artémis voulait croire que non, Artémis cherchait dans le regard de son ami d’enfance le démenti qu’il attendait ; qu’il ne trouvait pas. Qu’as-tu fait ? Auguste restait muet, Auguste restait sans réaction, Auguste était résigné ; et Amadeus, captant son attention par un regard intimidant, impérieux, dans lequel coule le clair poison de sa dignité blessée, mère de sa fureur désespérée.

      « Qu… Qu…oi ? »

    Le coincer… dans les couloirs ? Les prunelles d’Artémis se voilèrent, sous le choc d’une formulation dont l’essence glauque ne lui échappait pas. Il voulut démentir mais sa voix resta coincé au fond de sa gorge, et ce n’était, cette fois, pas la faute de sa malformation. Son instinct, son traître instinct. Ses doigts se crispèrent sur ses côtes, son regard glissa sur son ami ; sur son ami d’enfance. Un hoquet l’étouffa, trouvant l’Hestia effondré sur son siège, désarmé, convaincu, vaincu. Il avouait. Il avouait au reste de l’assistance par son seul mutisme, par ses tremblements qui avaient pris d’assaut son corps, dissimulés dans ses mains serrant convulsivement l’assise du siège où il était retombé, en proie à sa vulnérabilité touché en plein cœur, à son âme éventrée encore vivante. Des larmes ruisselaient sur ses joues, transportant avec elles une confirmation qu’Artémis peinait à entrevoir, qui lui soulevait le cœur tant elle l’emprisonnait au sein de chaînes chauffées à blanc, rappelant avec elles un afflux de souvenirs qui gifla l’Hypnos, le forçant à sortir de ce songe éveillé qu’il avait cru être la réalité.

    Il ne peut exister de relations saines. Elles sont toutes empoisonnées dès le départ.

    Auguste s’était enchaîné à lui sans savoir ce qui l’attendait et Artémis, sans savoir le mal qu’il allait lui faire. Son rôle avait été celui du bourreau. Son rôle avait été de donner la pelle qui avait servi à son ami pour creuser ce fossé entre eux au début de l’année. Son rôle… avait été de l’assassiner à petit feu, ne comprenant pas ces gestes imprévus et rares, ces attentions dont on pouvait douter de l’amitié tant elles étaient nombreuses, poussées, intimes. Il venait le réveiller le matin, l’attendait alors qu’il se préparait. Il était toujours prêt à le suivre s’il le lui demandait, même à des cours de Potions optionnels où il n’avait pas d’intérêt à se tenir. Et… et ce jour, cette fin d’après-midi au Jardin des bleuets. Ces confidences. Cette approche qu’il avait prise pour des invitations amicales parce qu’il n’avait pas la même conception de la proximité que le commun des étudiants. Ce baiser. Cet ersatz de baiser, suivi d’une fuite dont il n’avait plus eu d’échos de toute la soirée. Stupide. Il était stupide. Stupide, ingrat, impardonnable.

    C’était lui. Bordel, c’était lui, qui l’avait fait souffrir pendant un an. C’était à lui qu’avait été adressé ces confidences sur l’amour unilatéral, puissant et unique qu’éprouvait Auguste. Oui, Artémis parlait d’amour. Parce qu’Artémis connaissait Auguste, il le connaissait et savait qu’il avait bien trop de respect pour les autres pour simplement les entrevoir comme une possibilité délicieuse de les coincer dans un couloir. Artémis parlait d’amour, et comprenait que c’était de l’amour. Comprenait enfin. Comprenait enfin l’amour interdit et la torture à vif de son ami d’enfance durant toute l’année. Il l’avait fait souffrir pendant un an. Une. Longue. Année.

    Il n’arrivait plus à respirer. Son cœur battait pour survivre. Survivre. Des larmes, échos des diamants perlant sur les joues de son ami d’enfance, brûlait ses yeux coupables, cette blessure ouverte, béant sur le monstre qu’il était. Sur le bourreau infâme qu’il s’était construit. Ses doigts auraient pu percer ses côtes.

    Il détourna le regard, incapable d’assumer l’œuvre de sa cruauté. Il l’avait assassiné.

    Et lui aussi.

      « Même les vamp…ires ont plus de c…lasse et de dign…ité en volant nos vies p…our sauver les leurs. »

    Affronter, faire face. Il avait mal, il crevait de sa culpabilité qui rongeait ses tripes, obstruait sa gorge d’une boule incandescente. Devait-il l’en remercier ? Pas de la façon dont il l’avait utilisée. Pas avec l’évidente volonté de poignarder qui l’avait conduit à piétiner sans scrupules ce qui avait de l’importance pour l’Hestia, pour l’Hypnos. Pour eux. Ses bras toujours serrés contre lui, il affrontait Amadeus. Blessé, indigné, accablé, coupable. Monstrueux. Je suis un monstre.

      « C…omment p…eux-tu te reg…arder en face ? Hadès lui-même n’a p…as été aussi mesqu…in et vil. »

    Ses larmes ne coulèrent pas. Elles cessèrent de briller. Son regard ne flancha pas.

    Son cœur, lui, n’avait pas eu ce courage.
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Message Posté Ven 25 Nov - 16:10.
Je n'étais pas convaincu par ses larmes : en vérité je ne les regardais pas. Ce n'était pas pour rien que l'on m'affublait d'une misanthropie peu ou proue légère, je n'avais ni l'empathie nécessaire pour vivre en harmonie avec mes semblables, ni même leur optimisme insupportable qui les aveuglait éhontément sur le monde entier. Preuve en était que mes deux interlocuteurs semblaient voir l'univers comme quelque chose de merveilleux où la race humaine était capable des meilleures choses, et un peu moins des mauvaises : l'un scandait le soutien de ses amis, quand l'autre croyait en des amitiés intenses désintéressées. Mais vois Auguste, comme personne ne vient à ta rescousse malgré ton regard qui cherche des visages familiers. Vois donc, mon cher naïf, pourquoi ton ami d'enfance t'estime à ce point : c'est le désir et l'envie qui le font rester à tes côtés. Un peu d'amour sans doute, peut-être beaucoup, mais diable je n'ai jamais vu Amour aussi cruel, aussi barbare, aussi assassin que lorsque je vous vois tous deux réunis. Et c'était moi l'aveugle ? Moi le monstre, moi l'impudent, moi l'horrible personnage ? Je ne faisais que leur ouvrir les yeux quand je leur servais au même titre mon propre malheur : secouer mes chaînes sous leur nez avait au moins eu le mérite de leur ouvrir les yeux et de leur faire comprendre qu'eux aussi en portaient à leur manière. Qu'importait qu'on me haïsse ou qu'on me méprise, pour quelques larmes coulées sur les joues de l'Hestia : il y a toujours un méchant dans l'histoire, sans quoi elle en demeure bien moins palpitante. Ma vie n'était pourtant pas une scène de théâtre, quoiqu'en disent mes détracteurs me jugeant un peu trop imposant en terme de personnalité : on avait bien assez de Dante ou autres Zola sur Terre pour daigner rejouer une Divine Comédie ou la bêtise humaine... Seulement cette colère habituellement imprenable, tenue prisonnière dans les bastions de mon flegme à toute épreuve, n'avait pas tenu le choc sous cette déconvenue. Je n'étais plus libre de choisir qui je désirais de chérir, d'aimer, de protéger. Je n'étais plus libre de tracer mon chemin... Mais bon sang, je délirais : en réalité je n'avais jamais été libre, puisque d'une seule missive voilà qu'une tierce personne pouvait contrôler ma vie. Ne pas contrôler une situation m'avait toujours mis hors de moi, et il eut fallu que cette situation ne soit autre que mon existence elle-même pour que j'explose d'une hargne presque bestiale.

Autour de nous les murmures, outrés, amusés, indignés. J'ignorais encore que j'étais allé trop loin, quand bien même dans le fond, je me fichais bien de sa souffrance. Manque d'empathie, vous dis-je. Encore que, si ses sanglots avaient eu pour son quelques notes larmoyantes d'un violon souffreteux, mon coeur aurait battu la chamade dans un tambour indolent. « Même les vamp…ires ont plus de c…lasse et de dign…ité en volant nos vies p…our sauver les leurs. » Aucune réponse si ce n'était le duel de nos regards qui se soutenaient d'une lueur presque pugnace, déterminée. Les mots d'Artémis ne me touchèrent pas : non pas parce que j'étais fait de roc ou de glace, mais parce que je trouvais ma cause juste. Ma défense était juste, mon attaque était juste, leur souffrance n'était que justice rendue. Pourquoi tant de vagues pour si peu de secousses au final... Je ne les comprenais pas, au même titre qu'ils ne me comprenaient pas non plus. Quoi de plus normal, nous n'étions vraiment pas de la même planète... Ou était-ce moi qui n'en n'avait jamais vraiment fait partie. Aucune idée, ce n'était pas mon problème et je m'en fichais royalement. « C…omment p…eux-tu te reg…arder en face ? Hadès lui-même n’a p…as été aussi mesqu…in et vil. » « Bien sûr qu'il l'était. » soufflais-je d'une voix suave et glaçante, coupant l'Hypnos dans son élan. « Parce que lui non plus n'était pas libre. Profitez du semblant de liberté que vous pensez avoir, vous méritez bien ça, n'est-ce pas. Puisque vous êtes si honnêtes et droits, pourquoi vous porteriez des chaînes, vous. » Oui, à vous honnêtes et lumineux héros, défenseurs de la veuve et de l'orphelin, allez-y, profitez donc et fermez les yeux. Etait-ce ma faute si j'étais le seul à les ouvrir ? « Je vais te dire ce qui n'est pas digne ni classe. C'est de pouvoir aimer librement la personne qu'on a choisi, mais de ne jamais le lui dire, à cause de lâcheté... La vérité blesse. Et ce n'est que maintenant que vous l'apprenez ? Bande de naïfs. » N'attendant plus d'autres réactions, je dardais une dernière fois Artémis sans même porter mon regard noir sur l'Hestia abattu, et tournai les talons pour mieux quitter les lieux, foudroyant du regard au passage quelques curieux offusqués. La dignité voilait mes traits froids, malgré l'incartade, mais ce ne fut que la crainte qui poussa les badauds à s'écarter sur mon chemin.

Je suis l'obscur qui dévore votre lumière. Le pessimisme qui broie et ne concède que la vérité ; tranchante, humiliante, impitoyable. Tant pis pour vous. Ce n'est plus mon problème, c'est le notre.


Dernière édition par Amadeus Debussy le Ven 25 Nov - 18:46, édité 1 fois
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Message Posté Ven 25 Nov - 18:35.
Entendre Artémis parler autant lui serrait le coeur. Pas seulement parce qu'il sentait la douleur que provoquait les mots arrachés à sa gorge, à cette voix fragile, mais tout simplement parce qu'il était là, près de lui, alors qu'il aurait dû partir, fuir, s'éloigner du blond, cette catastrophe ambulante qui détruisait tout. Il leur faisait du mal, il ruinait tout ce qu'ils avaient construit durant ces longues années d'amitié. Il venait tout briser avec ses sentiments de midinette à la noix. Mais non, en ami fidèle, l'Hypnos prenait sa défense. Pas directement, mais ses attaques étaient bien significatives. Néanmoins il ne méritait pas qu'on prenne sa défense. Il était responsable de ce qui lui arrivait. C'était entièrement sa faute, et il s'en rendait compte. Il brisait ces liens si forts, il était à l'origine de ce mariage arrangé. Il était la cause de tous leurs malheurs. Il se sentait mal, il était en colère, contre lui-même. Il luttait contre ses cris, pour ne pas les laisser s'échapper, il luttait contre ses sanglots, pour les étouffer. Il luttait contre ses larmes, enfin, pour qu'elles cessent de couler. Pour qu'il puisse quitter cette pièce avec un peu de dignité, juste un peu.

Et il y arrivait, non sans mal, de toutes ses forces il se retenait, avec toute sa volonté il se maîtrisait. Bientôt les flots se tarirent. Il ne pleurait plus, un semblant de masque s'était posé sur son visage, malgré les yeux rougis et les traces sur ses joues. Il se redressa, doucement, se déployant sur sa chaise. Il n'était plus qu'une image, tout était détruit en lui. Une coquille vide. La bêtise de son assaillant ne le fit même pas sourire. Comment pouvait-il penser qu'il était libre ? Il ne l'était pas, et ne le serait sans doutes jamais. Il était déjà prisonnier de ce nom, prisonnier des apparences qu'on lui avait imposées dès l'enfance et dont il avait fait une règle de vie. Et enfin, il était prisonnier de ces sentiments qui n'apportaient que de la douleur. C'était sans doute le pire, parce que c'est lui-même qui s'infligeait ces chaînes. Mais lui ne cherchait plus à s'en défaire, il était résigné à vivre avec ces brides autour du coup. Mais il n'était pas libre, ça non, et ne le serait sans doutes jamais.

Il resta de marbre face à cette toute dernière attaque. Il ne pouvait plus rien éprouver, il était déjà dans le pire état possible, il n'était plus à ça près. Et puis cette phrase était tellement vraie. Il n'était qu'un lâche, incapable de dire ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait. Parce qu'il avait peur. Il était faible. Indigne de tous. Mais il n'était pas d'accord, il savait le mal que faisait la vérité, il le savait trop bien et c'était pour cela qu'il l'avait cachée pendant tant de temps. Et a cet instant, dans cette salle, il avait la preuve qu'il avait bien fait de ne rien dire. La vérité avait soufflé sur eux un vent de désolation. La vérité avait tout fait voler en éclat. Tout était brisé en milliers de morceaux, à commencer par lui.

Il le regarda s'éloigner, cet homme, cause de son malheur. Son regard n'exprimait même pas le mépris qu'il aurait pu ressentir à son égard.

Il se retrouva là, au milieu de tous ces regards. Il ne savait trop quoi faire. Il était toujours assis, aussi ne risquait-il pas de voir ses jambes se dérober sous lui. Il tenta de rester digne un moment, mais jamais il n'osa regarder Artémis. Il voyait sa soeur et ses yeux pleins de douleur qui le regardait, de loin. La petite ne s'était pas mêlée à la dispute et c'était bien mieux ainsi. Il se leva, soudain, alors que personne ne s'y attendait. Etrangement fier il traversa la pièce, le regard blessé, mais les traits figés en un masque imperturbable. Ses yeux ne croisèrent aucun visage jusqu'à sa sortie. Il les évitait. On s'écartait avec respect sur son passage. Ils avaient tous souvent assisté à des conflits qui se réglaient entre ces murs, mais jamais la victime terrassée ne s'en sortait avec une telle allure. On devinait qu'il était en piteux était, mais il y avait une noblesse dans son maintient, malgré cette plaie, qui suffisait à vous impressionner. A peine eut-il franchit la pièce que les murmures s'élevèrent, devenait bientôt un brouhaha grossier. Dans le couloir le jeune Debraie tentait d'aller le plus vite possible, sans pourtant courir. Il ne savait pas où aller, il ne voulait pas qu'on le retrouve. Il sentit alors une main enserrer la sienne et il croisa les iris d'Anastasie qui se tenait près de lui. Elle déposa un baiser sur sa joue, il fondit pour laisser transparaitre toute sa tristesse. Elle l'emmena jusqu'à sa chambre et ils s'allongèrent, tous les deux. D'abord, en silence, puis petit à petit, au fil des heures, les langues se délièrent et ils discutèrent jusque tard dans la nuit, comme cela leurs arrivaient dans les situations les plus difficiles. Il ne voulait voir personne, et l'idée d'affronter la totalité des étudiants le lendemain le dégoûtait comme elle le terrifiait.

Mais il ne pouvait rester cacher indéfiniment.

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Message Posté Mar 29 Nov - 22:10.
    C’était donc cela ? Le défaut de liberté, entravée par leurs chaînes de naissance, emportait nécessairement la mesquinerie pour vivre ? Pour se sentir vivre ? Non. Non, Artémis n’était pas d’accord avec la logique d’Amadeus. Et de quel droit préjugeait-il qu’ils n’avaient pas leurs chaînes, eux aussi ? Auguste avait-il été libre pendant toute cette année où son ami d’enfance n’avait pas été fichu de se rendre compte qu’il était amoureux de lui, comme il venait si gentiment de lui confirmer, histoire d’être bien certain d’avoir foutu le bordel dans leur relation sacrée ? N’était-ce pas une chaîne que de ne pas pouvoir se rendre compte que quelqu’un éprouve bien plus de l’amitié à son égard, pour un jeune garçon qui n’avait l’ambition que d’être aimable envers tout le monde, qui ne pouvait concevoir faire du mal aux autres ? Oui, c’était naïf, oui, c’était enfantin, et oui, c’était Artémis. Artémis qui ne bégayait pas, qui avait une malformation des muscles de la parole, connard. Il fulminait. Il fulminait autant qu’il crevait de sa culpabilité, autant qu’il se mutilait de sa stupidité.

    Il quittait la salle comme un prince, et Auguste comme un condamné gracié, chargé du poids de sa faute et humilié d’avoir bénéficié de la pitié de son bourreau. Il ne restait que lui, que le petit garçon pris au piège dans une discussion de grands, réputation qui avait survécu aux années se succédant les unes aux autres. Hypnos. Un enfant. Un enfant rêveur, un enfant naïf. Un enfant. Une main se posant sur son épaule le fit sursauter et, toujours sur les nerfs, il se déroba vivement de la poigne qui s’était doucement abattu sur lui. Son regard hanté croisa celui de Cygnus, plein d’une compassion dégueulasse, plein d’une pitié écœurante. Son cœur explosa, sa patience fila entre ses doigts, son hypocrisie dérapa ; il est conseillé de ne jamais réveillé un somnambule.

      « Va te trouver un autre veracrasse esseulé à prendre sous ton aile, j’en ai ma claque de te servir de bestiole de compagnie pour ton image populaire. »

    Sa voix était légèrement rocailleuse, et si cette diction fut irréprochable, l’adrénaline qui en était la cause n’était pas suffisante pour couvrir l’intense brûlure qui incendia sa gorge. Pourtant, Artémis resta sur ses positions, pourtant, le regard soudainement aiguisé qu’il avait posé sur son cousin, incandescent, sombre, inhabituel, ne cilla pas. Pas pour la surprise choquée qui s’était peinte sur le visage de Cygnus, pas pour le silence de cathédrale qui s’était installé suite à son exploit. Vous ne le saviez pas ? Vous n’auriez jamais dû le savoir. Sa respiration était rapide. Il recula, enroulant de nouveau les bras autour de sa taille, tourna les talons, contourna les tables qui le séparait de la sienne sans un regard pour quiconque, quand bien même il croiserait un regard, et rejoignit les Hypnos qui, comme tous les autres, avaient assisté à la scène, n’avait pu perdre une miette de l’échange houleux dont ils avaient été les infortunés spectateurs. Ou, selon les points de vue, les heureux spectateurs.

    Artémis était peut-être naïf, peut-être insouciant, il n’était pas con, et connaissait le mécanisme d’une école où les étudiants étaient confinés les uns avec les autres, vivant les uns sur les autres, sans autre figure d’autorité que ces professeurs désintéressés par la vie de leurs élèves. Il en avait fait les frais quand il y était entré. Pourquoi pas maintenant qu’il avait dix-sept ans ? Pourquoi pas pour une histoire aussi croustillante ? Amadeus s’en fichait, il n’était que l’instigateur d’une vérité qui ne le concernait pas. Artémis n’y apportait aucune importance : il avait appris à se respecter, les avis des autres, même sur un sujet aussi sensible, ne lui importait pas. En revanche… Ce n’était peut-être pas le cas d’Auguste.

    Auguste. Artémis laissa tomber sa tête entre ses bras croisés sur sa table, s’enfonçant dans la pénombre. Il sentit plus qu’il ne vit Ivoire, sa cousine, prendre place à ses côtés tandis que la rumeur des conversations reprenait forme, s’élevait de nouveau dans la pièce principale de l’Académie, colportant avis sur avis, critiques, moqueries ou indignations ; qu’en savait-il, il ne s’y intéressait pas. Tout ce qu’il voulait savoir était comment se portait Auguste, comment se portait son ami d’enfance écorché, brisé par la mesquinerie d’un Hadès blessé dans son ego par un mariage arrangé que l’Hestia n’avait pas non plus demandé.

    Artémis n’estimait cependant plus avoir ce droit, ne plus avoir ce privilège. Il avait lacéré son ami d’enfance pendant un an. Il n’avait plus ce doit, il n’avait plus ce privilège.

    Le reste de la journée passa comme dans un rêve. Il n’écouta qu’à moitié les cours, fut de nouveau dispensé des exercices pratiques et ne brilla réellement qu’en Soins aux Créatures magiques, où son attention fut captée par la créature qu’ils étudiaient. Il ne revit pas Auguste, ni Anastasie, ni Amadeus ; après le dîner, il se terra dans son dortoir, lové dans les bras de Lola à qui il n’avait encore rien dit, mais qui ressentait cette nécessité viscérale du garçon d’avoir une présence chaleureuse dans laquelle se recroqueviller.


Dernière édition par Artémis de Sainte-Croix le Mar 29 Nov - 22:14, édité 1 fois
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