VULNERA SAMENTO FERME SES PORTES ▲
Merci à tous pour avoir pris part à cette formidable aventure.

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ϟ you belong to the world, and when it screams your name back, don't pretend you don't hear it.
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Message Posté Jeu 5 Déc - 17:26.
Le passé
Amènes moi revoir les 4000îles


informations particulièrement pas importantes
ϟ dénomination courante des participants ▬ Zadig O. Häkämies & Ismène H. Vasilis
ϟ  étiologie du statut subjectif ▬  Privé
ϟ  datation approximative du moment exact ▬ Milieu de mars 2057
ϟ  cadran lunaire appréciable ▬ Il est 18heures, à la fin du dernier cours de Zadig.
ϟ  météorologie sorcièrement acceptable ▬  Il fait plutôt froid dehors, mais en même temps, nous sommes dedans, alors on s'en fiche.
ϟ  saison saisissante et palpitante ▬  Saison 3
ϟ  intrigue globalement intriguante ▬ Prélude
ϟ chatiment divin exigible ▬  Non merci, chaton geu
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Message Posté Jeu 5 Déc - 18:47.


« You had my curiosity, but now you have my attention.»



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    « M. Häkämies ? » Il plaça sa cigarette entre ses lèvres éteintes et laissa la fumée se glisser à l’intérieur de lui, fugace et maligne, trop empoisonnée pour son être déjà meurtri. « M. Häkämies… ? » Il avait l’impression de revivre une scène de son existence et pendant quelques secondes, il laissa place aux souvenirs. Un sourire se figea sur son visage. Aussi étrange que cela soit, une femme l’avait déjà interpelé à deux reprises, de la même façon, dans une vie qui n’avait plus lieu d’être. Mais son sourire se retira dès l’instant où il prit conscience de la situation…finalement, sa vie n’était faite que de débris de son passé. Il n’avait aucun avenir, aucun futur, sauf celui de sauver sa sœur de l’enfer. De la préserver un tant soit peu de l’horreur. Qu’importe, si pour cela, il devait être du côté de Pritchard. Qu’importe, si pour cela…il devait renier ses propres idéaux et les valeurs qui avaient forgé son enfance. Il ferma ses paupières, tira sur sa cigarette plus violemment, encombrant ses poumons et finit par expirer, la tristesse imprégnée dans son souffle. « Oui ? » Il se tourna vers la voix et observa l’élève qui l’avait apostrophé. « Que se passe-t-il ? » Le gamin semblait décider à ne pas en dire plus, visiblement tétanisé par la vision de l’autorité. « Vous savez, je ne peux irrévocablement pas deviner votre requête si vous ne l’exprimez pas de façon claire. De préférence très claire, je peine parfois à saisir le français parlé par des jeunes étudiants pressés et pleins d’effervescence. » Un sourire pour l’encourager. « Euh…juste…je voulais…vous demander pour le devoir que nous devons rendre…vous voulez vraiment tous les points les plus sensibles du corps humain ? » Zadig prit un air sévère, sa main se raffermissant autour de sa canne, donnant à sa personne des allures plus fortes, mais aussi fantomatiques. Un rescapé de guerre. « Oui, mon cher ami. Si c’est précisé sur le parchemin, c’est que oui. Je rajoute rarement des mots pour le simple plaisir d’en rajouter, ils ont tous un intérêt. Je vous conseille donc de partir tout de suite pour commencer le travail. Il sera long et laborieux, n’est-ce-pas ? » Un silence glacial. « Oui, oui, Monsieur Häkämies. » Il partit, rougissant.

    Son deuxième cours n’allait pas tarder à reprendre. Il aurait préféré se glisser dans ses appartements, petit verre de whiskey et jazz, se prélassant avec un livre, que de devoir de nouveau expliquer l’anatomie humaine à des élèves plus ou moins intéressés. Cependant, il avait choisi cette voie en connaissance de cause et même s’il aimait s’en plaindre intérieurement, il se délectait de ce travail, du devoir d’enseigner. Il aimait cela. Peut-être moins que s’il avait pu être Auror…mais après tout, cette option était inenvisageable et ressasser le passé n’était ni bon ni sain. Il devait avancer ou du moins stagner dans cet état semi-léthargique qui le maintenait en vie jusqu’à ce que toute cette mascarade immonde se termine. Oui, pour le moment, il devrait se contenter de cela, de cette vie. C’était toujours mieux que d’attendre désespérément quelque chose qui n’arriverait irrévocablement jamais. « Bien. » Comme un dernier encouragement, il retourna dans l’amphithéâtre, rempli de plusieurs personnes, mais sûrement pas plein. Après tout, l’éducation n’était réservée qu’à une élite, n’est-ce-pas ? A cette pensée, il eut un sourire taquin, qui ne tarda pas à disparaître rapidement, dès l’instant où il fut installé à sa place. Inutile de penser à Pritchard et à la comédie macabre auquel il participait pour protéger Lotta. Il posa sa canne près de lui puis observa la petite assemblée. Des visages plus ou moins connus, des nouveaux. Des visages comme on les retient, comme on les oublie.

    « Bonjour à vous. Nous faisons aujourd’hui notre troisième cours et j’espère pour vous que vous êtes toujours intéressés. Si ce n’est pas le cas, rassurez-vous, les portes ne sont pas closes. Cependant si je puis me permettre, et n’ayez crainte, je vais me le permettre, il fait meilleur ici, qu’à l’extérieur. » Un sourire charmeur. Quelques retours agréables. « Bon. La semaine dernière nous avons enseigné l’anatomie globale, de façon très abstraite. Aujourd’hui, nous allons donc nous pencher sur un membre précis de votre merveilleux organisme : les mains. » Il sortit sa baguette et fit venir une main morte, découpée au poignet. Des petits cris de dégoût ne tardèrent pas à s’échapper des plus frileux, alors qu’une excitation palpable remplissait le cœur de certains. « Ne vous inquiétez, cette main a donné son autorisation pour cette séance. Tenez –il lança un nouveau sort, si bien que la main apparut bien visible pour tout le monde, comme si un écran géant était face à eux.- voilà, c’est mieux. Je peux la laisser flotter ainsi et vous expliquer son fonctionnement.» Il se plaça enfin de l’écran fictif, sa canne en main, et commença ses explications : « Sauf cas exceptionnel, une main est composée de cinq doigts. » Il charmait son auditoire, il le rendait plus malléable. Il le soumettait. Il était séducteur, il était joueur. Il était manipulateur. Et il plaisait. Il leur plaisait.

    Soudain, alors que les élèves devaient noter quelques informations primordiales sur la main, Zadig aperçut un visage qui n’était pas connu de cette époque. Un visage qui venait d’ailleurs. C’était flou. Indécis. Etrange. Mais il existait. Ce n’était pas un mirage ni une utopie. Il existait. Mais surtout, il n’avait rien à faire ici. Il connaissait chaque élève de ses groupes. Pas personnellement, ni avec exactitude, mais les visages étaient inscrits dans sa mémoire la plus vive. Elle…elle était dans une autre mémoire. Plus lointaine. Plus cruelle. Elle. Sans le vouloir véritablement, il abrégea rapidement son cours, laissant les élèves sortir avec dix minutes d’avance. Il ne manqua pas de donner les exercices pour la prochaine séance, mais son esprit était ailleurs. Il l’aperçut descendre les escaliers, la tête baissée, comme si elle venait de commettre un délit. Il l’interpella : « Vous. » Il ne restait que trois élèves, si bien qu’ils se retournèrent, mais Zadig les révoqua d’un signe de la tête. « Oui, vous, demoiselle. »
    Il ne restait plus qu’eux. « Mes cours ne sont pas réservés à n’importe qui, ma chère. Et j’ai une tendance à parfaitement avoir conscience de qui se trouve ou non dans mon cours. Surtout de ceux qui ne s’y trouvent pas. Dont une personne comme vous. Je ferais l’impasse sur cet incident, mais je ne veux plus vous revoir ici. » Il s’adossa contre son bureau, sortit une cigarette et l’alluma : « Je vous offre en échange un secret sur moi : je fume n’importe tout, mais j’adore fumer dans mes salles de classe. » Il plongea son regard dans le sien, lui sourit. Il savait qui elle était. Il venait de mettre le doigt sur le flou de ses souvenirs. Mais comment aborder cet événement sans perdre pied ? Sans faire référence à ce passé qu’il voulait supprimer de la surface de la Terre ? « On se connait. » Ce n’était pas une question, mais une affirmation. « La bataille de Beauxbâtons…je me souviens de vous. Vaguement, certes. Mais assez pour reconnaitre votre visage. » Il baissa la tête, observant sa canne. « Que faites-vous à vous cacher dans des cours auxquels vous ne pouvez visiblement pas participer ? »

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Message Posté Dim 8 Déc - 22:38.
Assise à son bureau dans son dortoir, Ismène parcoure ses feuilles des yeux à la recherche de notes sur un livre. Ses mains font voler doucement les feuilles alors que son regard ne semble pas prêt à s’arrêter tant qu’elle n’aura pas trouvé sa cible. Une feuille tombe, elle la ramasse d’un geste absent avant de la reposer sur le tas devant elle. Un pincement au cœur survint. Devant elle, se présente un croquis fait à la plume des muscles thoraciques. Nostalgique, la jeune femme parcourt la feuille des yeux se souvenant encore de ses anciens cours de médicomagie, de ce sentiment de comprendre la complexité du corps humain, de comprendre ce que l’on pouvait en retirer, de l’utilité de ces cours. Mais il fallait se faire une raison, ce temps était révolu, maintenant cela n’était qu’un souvenir presque lointain. Et puis merde.

Ψ

Le flot d’élève l’accompagne comme une vague accompagne une bouteille à la mer. Elle se laisse porter par celle-ci, aussi discrète et insignifiante qu’elle puisse l’être. Son regard ne se pose sur aucune silhouette, la peur d’être remarquée est beaucoup trop forte pour qu’Ismène mette sa fierté de côté.  Un, deux, trois, rideau. Elle passe les portes de l’amphithéâtre et jette un coup d’œil sur la salle de cours, cela lui avait manqué. Trop. Prestement, Ismène s’installe en haut afin d’avoir une vue dégagée sur tout et pose sur la table, parchemin et encre. Les autres ne semblent pas l’avoir remarqué, après tout elle n’a qu’un an de moins que la plupart des élèves et est probablement plus intelligente que la moitié. Elle s’assoit, note la date, attend.

« Bonjour à vous. Nous faisons aujourd’hui notre troisième cours et j’espère pour vous que vous êtes toujours intéressés. Si ce n’est pas le cas, rassurez-vous, les portes ne sont pas closes. Cependant si je puis me permettre, et n’ayez crainte, je vais me le permettre, il fait meilleur ici, qu’à l’extérieur. »

Elle sursaute. Cette voix. Elle ne l’avait jamais entendue si détendue, sereine et même charmeuse. Dans sa mémoire, c’était juste quelques paroles murmurées, crispées par la douleur, hésitantes, accompagnées de cris. C’était une voix gravée dans sa mémoire, une voix qui soudain lui fit lâcher sa plume qui éclaboussa d’encre son parchemin. La main était tremblante, la gorgée, elle, nouée. Celui qui était à ses côtés se tourna vers elle, mais en un regard Ismène fit vite comprendre à l’intrus qu’il ne devait pas s’en préoccuper. Ses pupilles fixèrent le professeur. Le souvenir qu’elle avait de cet homme était presque l’inverse de ce qu’elle voyait maintenant, la seule preuve que cela s’était réellement passée était cette canne, qu’il semblait presque exhiber.

Son attention est ailleurs lorsque la main apparait dans les airs et même après, lorsqu’elle se rend compte qu’une main est figée dans les airs, Ismène n’a aucune réaction. Impassible. Alors, elle se persuade qu’il ne l’a connait pas, qu’il ne l’a connaitrait jamais, qu’elle n’a rien à craindre. Ses doigts se reposent sur la plume et finalement Ismène laisse les mots s’inscrire sur le papier, essayant de ne pas faire paraitre le malaise qui l’habite. Durant une heure, l’esprit d’Ismène vague entre le cours et l’idée d’être aperçue. Alors, elle fait ce qu’elle fait à chaque fois, elle s’efforce d’être invisible, insignifiante. Une heure, juste une heure. Et comme signe de délivrance, la cloche sonne. Le brouhaha envahit la salle, certains se précipitent de partir, Ismène ne peut s’empêcher de l’espionner en coin, comme pour se persuader que ce n’est pas vraiment lui. C’est impossible. Son pas se fait lent, trop troublée par cette présence fantomatique pour aller plus vite.

Son regard fixe le sol, d’un air presque absent. Elle fait ce qu’elle peut pour partir sans qu’il la voie, qu’il l’oubli. C’est une confrontation qu’Ismène ne veut pas avoir, même si la curiosité la démange. Elle avait essayé de l’oublier, d’oublier ses cris, ses blessures, mais c’était gravé dans sa mémoire comme une marque au fer rouge. Insoutenable. Son esprit et son inconscient avait apprécié la torturer avec des visions, les nuits qui suivirent la bataille.

« Vous. »

Elle se fige à l’instant même où elle entend sa voix résonner. Il avait ce ton si autoritaire et direct qui montrait bien qu’on ne pouvait pas y échapper, que toute fuite serait vaine. Surtout avec Ismène, surtout avec celle qui mettait un point d’honneur à être la meilleure et à être bien vu par le corps professoral. Si la grecque allait chez un psychologue, ce dernier lui répondrait surement que ce désir de plaire viendrait probablement du rejet de son père, mais elle le savait pertinemment. Elle savait aussi qu’analyser sa propre psyché était le meilleur moyen de se rendre folle, que si elle commençait à analyser chacun de ses propres gestes, elle ne vivrait plus.

« Oui, vous, demoiselle. »

Sa main se crispe sur un pli de sa jupe. L’Athéna soupire, presque lasse. Sa tête se tourne lentement vers le professeur, une once de désappointement dans le regard. Les pas des autres élèves s’éloignèrent, laissant l’élève avec le professeur, laissant la fautive face au juge. Ismène ne savait pas quelle attitude véritablement adopter, certes il faudrait qu’elle accepte chaque phrase que prononcerait le professeur, il faudrait qu’elle se plonge dans des excuses qui selon elle, n’auraient jamais avoir lieu d’être. Satané fierté qui voulait montrer qu’elle n’avait pas tout à fait tort d’être là, que son entorse au règlement n’était pas une véritable faute.

« Mes cours ne sont pas réservés à n’importe qui, ma chère. Et j’ai une tendance à parfaitement avoir conscience de qui se trouve ou non dans mon cours. Surtout de ceux qui ne s’y trouvent pas. Dont une personne comme vous. Je ferais l’impasse sur cet incident, mais je ne veux plus vous revoir ici. »

Sa mâchoire se crispe doucement et Ismène réprime son envie de répliquer. Paraitre effrontée n’était probablement pas la meilleure technique à adopter. Alors la voici qui acquiesce doucement, son regard se baladait sur le bureau du professeur, s’arrêtant de babiole en babiole, évitant à tout prix la silhouette qui se dressait devant elle. C’est probablement sur la canne que son regard resta fixé le plus longtemps, impossible de s’en détacher trop longtemps, Ismène ne pouvait que regarder la preuve qui trônait en face d’elle.

« Je vous offre en échange un secret sur moi : je fume n’importe tout, mais j’adore fumer dans mes salles de classe. »

Ses pupilles azurs se lève et se plante dans le regard presque charmeur de son professeur. Le sien se teinte de cette fierté presque malsaine qui la caractérise parfois. Et comme à chaque fois que quelqu’un lui parlait, Ismène ne put s’empêcher de penser à ce que son père analyserait dans cette phrase, une manière de la mettre en confiance probablement, même certainement. C’était presque inutile avec elle. Comment être sur la défensive avec quelqu’un que vous avez vu entrain de souffrir ? Etrangement, pour une fois, sans qu’il le sache, c’était peut-être elle qui avait le dessus sur lui. De là à ce qu’elle s’en rende compte…

« On se connait. La bataille de Beauxbâtons…je me souviens de vous. Vaguement, certes. Mais assez pour reconnaitre votre visage. Que faites-vous à vous cacher dans des cours auxquels vous ne pouvez visiblement pas participer ? »

Comment expliquer sa présence, comment expliquer calmement qu’elle trouvait injuste qu’on la prive d’étudier une matière dans laquelle elle était douée ? Comment expliquer à quelqu’un de l’administration et donc apriori du côté de Pritchard qu’étudier que théoriquement était pour elle un affront, surtout lorsque l’on connaissait ses capacités et surtout son acharnement à être la meilleure ? Comment expliquer cette frustration à voir des idiots pouvoir user de leur baguette alors qu’elle ne pouvait pas ? Elle refoule ces questions qui resteraient sans réponse, elle sait bien que parler de telles choses étaient impossibles sans se faire réprimander durement par l’administration.

« Et je vous assure, je ne reviendrai plus. »

Son ton était franc, sans la moindre trace de timidité qui l’habitait normalement avec les inconnus. Là était toute la question, Ismène avait l’impression de le connaitre et sûrement pas comme ses autres élèves, d’une manière tout à fait différente. Elle lui avait crié de rester conscient, elle était la main qu’il écrasait alors qu’on lui administrait une potion sur ses blessures, c’est elle qui avait épongé le sang qui coulait sans fin de ses blessures. Il avait été la cible de ses cauchemars, il avait été le centre de son attention durant de longues heures.

« Effectivement, je vous ai croisé. J’étais celle qui s’efforçait de vous maintenir en vie et qui vous criait que vous n’aviez pas le droit de mourir ainsi. Vous m’avez tellement broyé la main que j’en ai eu des bleus durant des semaines. Je crois que je n’ai jamais autant crié sur quelqu’un de ma vie que sur vous. »

C’était la vérité. Pendant cette bataille, avec chaque blessé, une rage semblait l’habiter lorsqu’elle sentait qu’elle perdait une vie. Son acharnement si vif et presque maladif faisait que perdre quelqu’un qu’elle soignait la rendait malade. Mais au lieu de s’effondrer comme d’autres élèves, Ismène s’empressait de courir soigner un autre corps, elle essayait de ne pas penser aux vies perdues, la grecque essayait juste d’en sauver d’autres. Ce ne fut qu’après la bataille que tout lui revint en pleine figure, les morts, les cris, le sang qui vinrent la hanter durant tout l’été. Ce ne fut qu’après qu’elle eut des remords. Ce ne fut qu’après qu’elle prit conscience de la mort qui l’avait frôlé.

« Si j’étais là, c’est que je ne veux pas être impuissante si cela se reproduit. Si je n’avais pas suivi ce cours depuis ma première année à Beauxbâtons, j’aurai été incapable de faire quoi que ce soit durant la bataille. Et être inutile est un sentiment que je hais au plus haut point, croyez-moi. »

Sa voix était pleine d’assurance, Ismène croyait en ce qu’elle disait et cela se sentait, cela s’entendait. Elle faisait de ces personnes qui paraissent parfois insignifiantes, mais qui savent en quelques phrases, faire réagir un auditoire, mais qui la plupart du temps n’essayaient même pas. Les mots, c’était probablement les seules armes que la grecque disposait encore, dont elle avait le droit d’user. Surtout lorsqu’il s’agissait de plaide sa cause. C’est à ce moment-là qu’Ismène se rendit compte qu’elle était restée immobile depuis le début, qu’elle n’avait pas fait un seul mouvement, comme plantée à quelques mètres du professeur Häkämies. Elle s’avance, prend place sur l’estrade avec son assurance parfois déconcertante qui surgissait de nulle part. Alors elle s’accoude à côté de lui. Peu importe la fumée ou la distance qu’elle devait entretenir avec lui de par son rang. A côté de lui, elle parait minuscule, insignifiante. Ismène doit lever son regard, teinté de mélancolie vers lui.

« Vous savez, je me suis inquiétée pour vous. Et cela, même si je n’avais aucune idée de qui vous étiez. Et je vous en supplie, ne m’en voulez pas pour ça. »

Son regard se dirigea vers la canne. Preuve de son impuissance, preuve qu’elle aurait pu mieux faire. Les autres sont un combat permanent.
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Message Posté Mer 11 Déc - 14:35.


« La mort est bien lourde pour celui qui meurt trop connu des autres mais inconnu de lui-même. »



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    Il aurait voulu mettre un prénom sur son visage. Se rappeler d’elle, en bien, en mal, quelle importance. Il voulait simplement rendre la dénomination méritée à celle qui l’avait sauvé. Mais elle restait « son » inconnue. Il avait la propriété sur elle, sur son souvenir, sur cette main. Il la possédait. Et même si elle ne savait pas encore, elle le comprendrait bien assez tôt. Pourtant, elle aussi, le possédait. Elle avait l’emprise sur lui. Elle détenait sa personne et ses blessures, ses souvenirs et ses fêlures. Elle pouvait même être reine dans ce jeu cruel. Encore fallait-il qu’elle le comprenne. Qu’elle le réalise. Son âge, sans doute, et sa supposée faible expérience de la manipulation, du mensonge et de la cruauté, l’empêchait d’en prendre pleinement conscience. Mais dès qu’elle toucherait du doigt la chance qui lui était offerte, elle pourrait détenir les bonnes cartes et les jeter sur la table, avec un sourire de réussite. Elle gagnerait la partie. Et il se laisserait faire sans se débattre. Par respect pour elle, pour l’inconnue qu’elle fut, pour l’amour inconditionnel qui lui avait porté dans l’enfer de sa souffrance.

    C’était étrange d’aimer quelqu’un si profondément sans pour autant se rappeler avec exactitude de son visage, sans connaître son prénom ni même la personne. C’était étrange, mais bien réel. Il s’était accroché à elle si fermement, si intensément quand l’univers s’était effrité autour de lui, qu’il avait développé une tendresse et une affection immense pour cette femme, jeune fille qui l’avait aidé. Il avait ressassé longuement cet amour pour elle, lorsqu’il n’avait plus la force de se relever, d’avancer. Elle était symbole de courage mais aussi de désespoir…elle ne resurgissait que dans les moments les plus difficiles. Mais elle était là. Sa voix, sa main. Les deux éléments notables qui étaient inscrits à jamais en lui. Alors, dès l’instant où il avait entendu sa voix, c’était cette vague d’émotions intenses qui l’avaient assailli. L’amour en devenait plus fort et paradoxalement, il se teintait de désenchantement. Elle n’était plus l’inconnue. Elle était l’élève. Et pour cela, pour avoir brisé ce soutien mystique qu’il s’était construit, il la détestait. Il détestait cette jeune fille qui ne pourrait jamais plus être son inconnue.

    « Et je vous assure, je ne reviendrai plus. » Elle exhibait sa colère, sa revanche contre l’injustice et l’existence et il aurait aimé la conforter dans cette rage. Mais il ne pouvait pas. Il n’était que le pantin de cette mascarade que faisait représenter Pritchard. Un pantin asservi par le désir de sauver celle qu’il aimait plus que tout au monde. Sa sœur. Sa Lotta disparut des registres et de ce monde par sa volonté et par son soin. Il avait tout caché d’elle. De sa naissance à aujourd’hui. Si bien que personne, ni même-elle, ne pouvait savoir qu’elle était son frère. Fils unique, disait-on. Mais quelle ironie pour le garçon qui avait passé une moitié de sa vie à exister à travers le regard de sa fragile et adorable sœur. Maintenant il gardait le secret de cette vie qu’il avait partagée avec elle, et mentait encore et toujours. Pour la sauver, la préserver jusqu’à ce que la tempête frappe et s’éloigne. Jusqu’à ce que l’orage le frappe, lui. Quand tout serait terminé, quand il pourrait de nouveau entendre sa voix, et savoir que tout irait bien pour elle, qu’elle existerait aux yeux de tous, alors il pourrait partir. Eteindre le souffle manquant dans son corps et juste…partir. Partir…et cette fois-ci, son inconnue ne serait pas là pour l’empêcher d’abandonner. On meurt seul, n’est-ce pas ?

    Il releva le regard vers elle. Et osa l’affronter avec autant de franchise que les mots qu’elle prononçait. Il voulait lui faire comprendre, de la meilleure des manières, qu’il saisissait ses maux et qu’il était prêt à les soutenir, à les écouter. Mais il n’était même pas certain que cela soit utile, que ce regard puisse servir à se sauver de sa miséricorde. Il ne pourrait pas s’inventer une nouvelle virginité. Il était perverti par le vice et par le mal. Il n’y avait que cela de vrai dans ses gestes. Le reste n’était qu’un mensonge. Un mensonge convainquant. Mais il espérait qu’elle voit, à travers les divers visages qu’il prenait, la réalité nue et parfaite. Celle qui hurlait : je te soutiens, je te soutiens mon inconnue. Je te soutiens si fort et je veux t’épauler si longtemps…n’abandonnes pas. Ne fais pas comme moi. Ne participes pas à cette pièce de théâtre pour te sauver et sauver tes proches. Bats-toi. Bats-toi encore et encore. Mais il ne fallait pas rêver. Elle ne verrait rien de cela. Elle ne verrait qu’un pauvre fou, dont le malheur est inscrit sur les traits et sur les mots.

    « Effectivement, je vous ai croisé. J’étais celle qui s’efforçait de vous maintenir en vie et qui vous criait que vous n’aviez pas le droit de mourir ainsi. Vous m’avez tellement broyé la main que j’en ai eu des bleus durant des semaines. Je crois que je n’ai jamais autant crié sur quelqu’un de ma vie que sur vous. » Revancharde. Elle avait affronté l’horreur, elle continuait de le faire. Elle luttait corps et âme. Même maintenant. Elle hurlait encore. Mais sa voix était si loin. Ses désirs si dispersés dans l’univers. Il n’arrivait plus à les atteindre. Il n’y arrivait plus…il resta fixé sur elle. Son corps frissonnait de l’envie de la prendre de ses bras, de la sentir près de lui, de se redonner du courage et de la foi. Mais il ne pouvait pas. Car depuis l’accident, des millions de choses avaient changé. Un fossé s’était creusé. Et rien n’était aussi éprouvant que de se séparer des lourdes attaches du passé. Alors il se contenterait de ce silence caractéristique, de cette prestance douloureuse et de ce charme déplaisant. Il se contenterait de mettre un masque et d’attendre que les choses se taisent. Que les choses s’échappent. Que la vie l’emporte. Que tout explose. Abandonnes, abandonnes. Ne hurle pas. Ne te débats pas. Attends et crèves putain.

    « Si j’étais là, c’est que je ne veux pas être impuissante si cela se reproduit. Si je n’avais pas suivi ce cours depuis ma première année à Beauxbâtons, j’aurai été incapable de faire quoi que ce soit durant la bataille. Et être inutile est un sentiment que je hais au plus haut point, croyez-moi. »  Il inspira profondément. Cette critique était faite pour les gens comme lui, pour les traitres, pour les retournés…elle ne cachait pas son opinion, pas complètement. Elle était courageuse. Bien plus que la plupart des gens, pour dire de telles phrases au corps professoral et donc aux larbins de Pritchard, les éducateurs chaperonnés de la jeunesse. Elle était courageuse oui. Et pour cela, pour cette véhémence dans les mots, pour cette force dans les gestes, elle méritait bien plus de respect que quiconque. Elle prouvait encore une fois qu’elle était vraie, entière. Qu’elle ne jouait pas un jeu. Qu’elle vivait entièrement. Elle ne mentait pas. Soudain, alors que silence s’installait, elle sortit de sa torpeur, et vint s’approcher de lui. Il continua à fumer, son regard perché sur ses lèvres roses, sur son corps, et sur ses yeux bleus, trop bleus…trop perçants. Elle se plaça près de lui, dans une proximité qui aurait pu paraître déplacée, mais qui n’était que la succession logique de la relation ambiguë dans laquelle ils se trouvaient. Elle suivait son instinct. Elle suivait le vrai, se détachait du faux. Lui, avait oublié la vérité. Il ne faisait plus la distinction entre les deux. Il finissait par croire à ses propres mensonges.

    « Vous savez, je me suis inquiétée pour vous. Et cela, même si je n’avais aucune idée de qui vous étiez. Et je vous en supplie, ne m’en voulez pas pour ça. » Son cœur eut un raté. Son regard était baigné d’une douce mélancolie, qui striait l’âme. Il resta silencieux, un long moment, continuant de fumer, jusqu’à ce que le poison se consume entièrement. Puis il l’écrasa sur le sol, attendit. Que pouvait-il répondre à tout cela ? Que pouvait-il répondre à celle qu’il avait aimée d’une façon toute aussi irrationnelle qu’étrange ? Que pouvait-il répondre à ses inquiétudes, à ses interrogations ? Que pouvait-il répondre à sa colère ? A ses mots gorgés d’injustice ? Rien. Il était voué au silence. Un silence prenant, lourd. Et la seule légèreté qu’il put accorder à cet instant fut de lui prendre la main. Juste une fois. Juste un instant. Il voulait se souvenir de cette sensation sur sa peau. Il ne voulait pas oublier. Pas maintenant. Il voulait lui crier : « T’en vas pas, pas tout de suite. Arraches moi les tripes, tues moi s’il le faut, mais attends que la tempête se calme. Attends que ce moment se termine. Que ma main s’imprègne encore une fois de la tienne pour me redonner du courage. Pour me redonner la foi. S’il-te-plait mon inconnue. » Puis il la lâcha, prit une autre cigarette et s’éloigna d’elle. De sa présence rassurante. De sa personne. De tout ce qu’elle pouvait représenter.

    « Je ne vous en veux pas. » Il n’arrivait pas à dire plus. Il n’arrivait pas à lutter. Le geste qu’il avait eu, était plus significatif que la moindre de ses paroles.  Pourtant, il devait dire quelque chose. Il devait avoir du courage. « Je ne peux pas vous en vouloir. Vous….je vous… » Il prit une longue inspiration. Comment lui dire ? Comment lui avouer ? « J’ai eu pour vous une infinie reconnaissance. » Menteur. Il avait eu pour elle des sentiments aussi tortueux qu’humains. Ce n’était pas vraiment elle, certes, mais elle restait dans son imaginaire la femme que qu'il avait aimé dans la souffrance. Elle restait celle qui l'avait aidé, sauvé. « Vous pouvez partir maintenant. » Pourquoi ? Pourquoi ? Pour lutter contre l’horreur, pour lutter contre la réalité. Pour s’empêcher de faire tomber les barrières pour une simple « gamine » ? Pour s’empêcher de tout foirer pour elle…parce qu’il était capable du pire comme du meilleur pour elle, pour lui offrir sa rédemption, son pardon. Il était capable de tout. Sauf qu’il y avait Lotta. Il y avait sa sœur. Leur protection, leur vie. Il ferma les yeux. Il ferait les questions et les réponses. Il serait juge et bourreau. Il serait tout ça.

    « Non…restez. Restez, je vous en prie. Je…j’arrête de mentir. » Se mettre à nu. Il lança un sortilège, ferma les portes et fit en sorte que leur discussion ne puisse être entendue. « Dites-moi votre prénom…s’il-vous-plait. » Un dernier souffle brisé sur ses lèvres éteintes. « Je n’ai jamais eu le courage de savoir, de vous connaître, d’essayer de savoir qui vous étiez. Je n’ai jamais réussi à être courageux. Jamais. Vous avez été mon courage. J’ai longtemps pensé à vous. A votre main, à votre voix. Parfois à votre visage, mais je ne m’en souvenais pas assez. Mais vous avez été là, même quand vous ne l’étiez plus. Vous avez été là…je ne peux pas vous rendre l’appareil de la même façon…je ne peux pas. Les choses ont tellement changé. Je ne suis plus l’ancien Zadig. Je ne suis plus l’homme que vous avez vu. Je suis… » Il se montra en entier, sa canne, et sa cigarette, ses blessures, ses fêlures et ses mensonges : « ça. Juste ça. Vous n’avez pas été impuissante. Vous avez été mon soutien. Mon inconnue…vous êtes mon inconnue. Et aujourd’hui, je vous découvre enfin. » Il s’approcha d’elle, près de son visage. « Je vous ai aperçu tant de fois dans mes sombres cauchemars et je vous vois réellement enfin. » C'était un murmure. Près de son oreille, il lui soufflait ses mots. Il se recula, sachant que les limites avaient été depuis trop de temps dépassées.

    « Je vous le demande alors…que puis-je faire ? Je ne peux pas vous accepter dans ma classe. J’ai des principes, les principes du gouvernement. » Foutaises. Il avait juste le besoin de se redonner une contenance, de ne pas s’avouer vaincu face à elle. Il releva le regard, essayant de lui exprimer que son appartenance à Pritchard n’était qu’un ensemble de mensonge. Il avait besoin qu’elle sache. Il ne pouvait lui dire, mais elle devait comprendre. Il ne pouvait pas survivre si elle ne savait pas. Pour la simple et bonne raison qu’elle signifiait trop de choses, qu’elle était devenue trop importante dans son esprit pour ne pas connaître l’entière vérité. « Dites moi juste…ce que je peux faire. »

    ***


    Je me mis à nu, comme un gosse, comme un fautif. Je me mis à nu, comme pour une première fois. J’avais la rage au cœur, mais l’horreur au ventre. J’avais peur. J’avais si peur. Il n’y avait que son regard pour me maintenir en vie. Il n’y avait que cette chance-la, que cette maigre chance pour que je lutte. Que j’ hurle contre le gouvernement, contre Pritchard. Je pouvais tout faire pour elle. Tout. Même s’il fallait me mettre en danger. Elle avait été ma main pour survivre. J’espérais devenir la sienne.
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Message Posté Mer 18 Déc - 2:40.
Elle crie. De toutes ses forces. A un point qu’elle sent sa gorge se dessécher peu à peu. L’espace et le temps n’existe plus. Le monde est enfoui, il n’y a plus que lui, étendu, ce sang, eux. Juste eux. Elle se répète en boucle dans sa tête, Bon sang, quand est-ce que les médicomages arrivent ? Qu’est-ce qu’ils foutent ? Ils arrivent quand ? . La pensée est plus présente, bientôt la seule qui semble cohérente dans l’esprit logique d’Ismène. Cela résonne. Sa respiration est brutale, elle se force à respirer, parce qu’en réalité elle oublie. Elle s’oublie. Il n’y a que lui qui compte et il lui fait bien savoir. Elle avait posé sa main sur sa poitrine, sage, douce. Juste pour lui dire qu’elle était là, que même s’il ne l’entendait pas, que même s’il ne la voyait pas, il n’était pas seul. Ismène panique. Ismène reste silencieuse, son regard rivé sur lui, uniquement sur lui. Elle dévisage, essaye de deviner sa voix, son caractère, sa vie. Elle sent son palpitant qui s’étrangle, elle se sent si impuissante. Et puis il y avait eu ce geste brusque qui lui extirpe une expiration. Parce qu’elle avait encore oublié de respirer. Asphyxie. La main ensanglantée attrape la sienne et la serre. A un tel point que ses jointures deviennent blanches, à un tel point qu’elle ne la sent plus au bout de quelques secondes. Du coup, elle crie. Encore. Je suis là. Tu sais, j’ai pas confiance en moi, j’ai pas d’espérance. Les mots s’étranglent, ils semblent de trop. Pourtant Ismène continue à crier, à parler, à murmurer. Elle prie. Ne l’emmène pas s’il te plait, lus tard, pas maintenant, pas tout de suite. Elle la conjure de le laisser en paix. Lui. L’inconnu. Elle pourrait ne pas s’en soucier, il pourrait être comme les autres. Mais il y avait cette main qui serrait la sienne si fort que cela était impossible d’y échapper, il y avait ce visage crispé par la douleur qui lui faisait face. Alors elle passe une main dans ses cheveux. Elle le calme. Le sang vermeil coule, imbibe ses vêtements, laisse autour d’eux une mare de sang qui s’étend lentement. Alors elle prie, encore plus fort. C’est idiot, parce que les miracles, les prières ce n’est que pour ceux qui ont la foi. Mais c’est plus fort qu’elle. Elle le prie, lui de ne pas partir, de ne pas la laisser là. Avec son corps vide.

Elle s’en souvient. Tellement. Avec une force qui lui faisait croire qu’elle n’avait devant elle qu’un fantôme, qu’un songe qui était là pour la hanter. Oui c’était ça. Il voulait détruire la fragilité de son esprit en jouant avec. Sadique. Il n’avait pas le droit, d’être ici, d’agir ainsi. Il était le songe, il était l’être qui vacillait entre la mort et la vie, il était celui qui l’avait entrainé dans ce gouffre. Celui qui faisait que durant des nuits entières, son corps était agité par des spasmes, que dès qu’elle se coupait elle revoyait cette mare de sang autour d’elle. Ismène mourrait de ne pas savoir. Ismène mourrait d’être dans l’ignorance. Et maintenant elle souffrait de savoir, de l’avoir en face de lui. Le palpitant s’étrangle encore de cette vision, il s’étrangle de cette situation, il réagit probablement plus que ce que laisse entrevoir Ismène. Qui se veut si impassible et fragile, qui encore et toujours ne laisse pas le temps aux autres de comprendre ce qu’elle ressent, qui ne laisse d’elle qu’une image d’une jeune femme paradoxale au possible.

L’esprit est torturé. Entre le réel et le rêve, la réalité semble trop abstraite. Elle aimerait le toucher. Juste pour se prouver à elle-même ainsi qu’à son cerveau si détérioré, qu’il existe, vraiment. Qu’elle n’est pas toute seule, à parler à un songe. Mais elle ne le fera pas. Elle n’osera jamais. Pourtant ils avaient été proches. Trop proches pour qu’ils en sortent indemnes. Mais Ismène ne voulait pas s’en sortir si facilement. Cela serait trop rapide, trop facile. Elle avait besoin de plus qu’un regard, qu’un merci, elle avait besoin de plus que de savoir que désormais il la connaissait. Elle voulait quelque chose qui n’existait pas, elle désirait étancher ce sentiment qui la prenait à la gorge, elle voulait étreindre jusqu’à l’étouffement cette peur qui parfois ne la lâchait pas. Elle voulait le regarder et ne plus sentir cette asphyxie, ce sentiment de perdre pied, de chuter. Tourner la page. Misère. C’était bien là son problème, passer à autre chose, clore l’histoire, clore le songe, clore le cauchemar. Alors Ismène l’affronte. Tient bon.

Le silence s’insinue entre eux. Ismène le regarde, lui le passé. Il sait qu’elle le voit, mais pas comme les autres. Elle le connait. Elle était le lien, entre l’ancien Zadig et le nouveau, elle était le lien qui ravivait sa conscience, elle était celle qui tenaient dans ses mains les morceaux d’un puzzle détruit qu’il fallait assembler avec un autre. La colère disparue bien trop vite de ses traits, il était dur, il était froid, il était distant. Comme elle. Il creusait cette tranchée entre lui et les autres qui lui permettaient de survivre, qui lui permettait de se protéger de leurs ignominies. Comme elle. Cela causerait sa perte. Comme elle. Et puis le silence s’estompe, les paroles prennent place. La Grecque sent que ces mots il les sort avec difficulté, il se vide. C’est épuisant de parler. De dire la vérité.

« Je ne vous en veux pas. Je ne peux pas vous en vouloir. Vous….je vous… J’ai eu pour vous une infinie reconnaissance. Vous pouvez partir maintenant. »

Si tu veux on parle de toi, si tu veux on parle de moi. Parlons de ta future vengeance que tu auras toi sur moi, disons entrecoupée de silence. Non ce ne pouvait se finir ainsi. C’était trop brusque, trop étrange, elle avait besoin de plus. L’esprit est insatisfait, les émotions bouillonnent. La respiration s’accélère sous la colère. Il rendait les choses simples, il les bâclait avec une facilité qui ne convenait pas à Blondie. Mais s’imposer rendrait les choses encore plus délicates, se révolter serait inacceptable. Elle avait le droit à plus que cela. Elle, elle s’en voulait. Alors Ismène ferme les yeux quelques secondes, l’image de la canne reste gravée à l’intérieur de sa pupille, symbole de sa défaillance, de son impuissance. Ismène ne voulait pas le voir marcher avec. Entendre le bruit régulier de la canne sur le sol. Elle voulait la prendre et la jeter, la briser. Rompre cette preuve qu’elle avait failli. Que c’était à cause d’elle qu’il était en vie, que c’était à cause d’elle qu’il était ainsi. Alors elle acquiesce. Elle prend appui sur ses jambes légèrement tremblantes, ne lui accorde pas un regard et tourne.

Un pas. Deux. Pas plus.

« Non…restez. Restez, je vous en prie. Je…j’arrête de mentir. »

On est bien seuls pour une fois, On dirait bien qu’on est parti pour une danse. Cela n’ira pas plus loin tu vois. Ismène expire l’air qui restait entravé dans ses poumons. L’esprit se vide. Le bouillonnement s’éloigne. Il était détestable, désagréable à incendier son âme pour ensuite la plonger dans une eau glaciale. Il était sinistre à jouer sans même le savoir avec elle. Marionnette, sa marionnette. Ismène esquissait un mouvement, il tirait sur les ficelles. Elle osait parler, il contrôlait d’un geste ses mots. Elle se débat de ses liens qui l’entravent, elle chérit ses liens qui l’attachent à l’ombre, au fantôme, à la moitié d’être qui se tient derrière elle. Les portes se ferment. Le tango commence.

«  Dites-moi votre prénom…s’il-vous-plait. »

Un soupir. Une espérance. Pourquoi ? Lui aussi, il voulait mettre un mot sur la présence, sur la chimère qu’elle était ? Pourquoi ? Il voulait qu’elle vive ? Qu’elle respire, juste à côté de lui ? Qu’ils se frôlent, s’écartent, esquissent quelques pas, s’ignorent. Dans un tango, c’était l’homme qui menait, mais quitte à malmener les choses, c’était elle qui avait le pouvoir. Qui décidait. La balance vacille entre l’emprise de l’un sur l’autre, c’est inquiétant. Mais la plainte est entendue, elle reste. De toute manière les portes qui se ferment lui montrent que le choix est imposé. Ismène déglutit, se tourne et le regarde. Elle sait qu’il cherche ses mots, que la tranchée s’efface peu à peu entre eux.

«  Je n’ai jamais eu le courage de savoir, de vous connaître, d’essayer de savoir qui vous étiez. Je n’ai jamais réussi à être courageux. Jamais. Vous avez été mon courage. J’ai longtemps pensé à vous. A votre main, à votre voix. Parfois à votre visage, mais je ne m’en souvenais pas assez. Mais vous avez été là, même quand vous ne l’étiez plus. Vous avez été là…je ne peux pas vous rendre l’appareil de la même façon…je ne peux pas. Les choses ont tellement changé. Je ne suis plus l’ancien Zadig. Je ne suis plus l’homme que vous avez vu. Je suis… ça. Juste ça. Vous n’avez pas été impuissante. Vous avez été mon soutien. Mon inconnue…vous êtes mon inconnue. Et aujourd’hui, je vous découvre enfin. »

Il est proche. Elle voudrait presque le toucher. Juste encore. Reprendre cette main qui la broyait. Juste approcher ses doigts de ces traits trop crispés, trop fermés. Son regard se perd, il ne doit pas refléter grand-chose. Si ce n’est cette mélancolie qui s’empare d’elle, si ce n’est ce tremblement imperceptible de son être. Tais-toi. Oui qu’il se taise. Il n’avait pas le droit de dire des choses pareilles. Et comme si la tension n’était pas aussi palpable, il s’avance vers elle. Non, pas autant. Ismène veut partir, Ismène veut fuir. C’est plus facile. Mais elle reste plantée là. Ses poings se serrent. Elle résiste aux émotions et aux souvenirs qui la submerge. Elle ne ferme plus les yeux, sinon elle le voit allongé sur le sol. Elle le voit, lui, vivant.

« Je vous ai aperçu tant de fois dans mes sombres cauchemars et je vous vois réellement enfin »

Les mots sont murmurés. Puis il s’efface. Trop vite. Son regard suit ce professeur qui s’éloigne d’elle. Que pouvait-il voir d’autre en elle qu’une gamine ? Que pouvait-il voir d’autre en elle que cet être décharné à l’âme fêlée, que cette danseuse à la passion bien trop enivrante pour ne pas y laisser sa peau ? Que voyait-il ? Elle aurait bien aimé le savoir. Elle au contraire avait trop vu. Trop entendu. Ismène avait trop senti son sang s’imbiber de ses vêtements, elle avait trop baigné dans le liquide rougeâtre pour avoir la conscience tranquille.

« Je vous le demande alors…que puis-je faire ? Je ne peux pas vous accepter dans ma classe. J’ai des principes, les principes du gouvernement. Dites moi juste…ce que je peux faire. Dites moi juste…ce que je peux faire. »

Etre là. Lui donner la preuve qu’il était vivant. C’était suffisant pour elle. Etre là, à ses côtés, juste pour qu’elle s’efforce de croire en ce qu’elle voyait. Pour un esprit cartésien comme le sien, cela semblait terriblement simple. Mais Ismène complique les choses. Ismène complique toujours les choses. Elle déteste la facilité. C’est vulgaire la facilité. Cela sonne creux. Il est encore trop proche d’elle, Ismène a besoin d’espace. C’est presque incontrôlable, tout semble incontrôlable. Blondie force ses pupilles à regarder ailleurs, ses bras se croisent sur la poitrine, un pas en arrière. Distante sécurisante.

« Ismène. C’est juste Ismène. Il aurait mieux valu que je ne vous parle pas, que je parte. Comme ça, jamais vous n’auriez pu comprendre qui j’étais. Je serai restée l’atome inconnu. C’est bien être un atome inconnu. Cela permet de ne pas trop fouiller dans sa mémoire, de ne pas en sortir les fantômes qui vous hantent. »

Elle s’en voulait de ne plus être l’inconnue. Elle s’en voulait d’être face à lui. Son regard aimanté se retourne vers Zadig. Ce n’était plus un professeur, c’était juste Zadig. Même l’appeler ainsi était étrange. Il était l’autre, il était lui. Il était le corps souffrant, il était les cris de douleurs. Il ne devait être rien d’autre. C’est étrange de voir un fantôme se matérialiser ainsi. C’est étrange d’être témoin d’une telle scène.

« Regardez-moi. »

Elle ordonne et il exécute. La voix était froide, autoritaire, presque distante. On dirait qu’elle s’adressait à n’importe qui, on dirait qu’elle s’adressait à un élève et non à un professeur. Regarde là. Crois-là. Les mots s’envolent de sa bouche avec une facilité déconcertante, Ismène se veut rassurante, Ismène veut lui montrer ce qu’elle voit, qui il est et non ce qu’il pense renvoyer.

« Vous êtes le même. Vous avez changé, comme moi j’ai changé. Et vous définir à cause de votre de canne, de vos blessures, c’est ridicule. Vous savez que vous êtes plus que cela. Moi je le sais. D’autres le savent. On évolue. Parfois dans le mauvais sens, parfois de la mauvaise manière. Je resterai la voix qui vous criait de rester en vie et vous resterez le corps tremblant auquel je me suis accrochée. Mais vous savez, je suis contente de voir que vous êtes plus que le fantôme de mes cauchemars, c’est rassurant de voir que l’on gagne parfois sur nos songes. »

Les mots. Toujours et encore les mots. Ils étaient sa délivrance, sa plus belle arme. Elle les maniait avec douceur et justesse comme d’autres avec les baguettes. Le regard se fait plus doux. Elle a sauté le fossé qui les séparait. La tranchée n’existe plus entre eux. Ismène reprend son attitude de gamine, de petite poupée. Et laisse entendre une dernière expiation.

« Je veux apprendre. Laissez-moi apprendre. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Peut importe la manière, mais je veux apprendre ce qui me revient. Je ne veux pas être inutile. »

Reste à savoir si l’on trace, un trait, un point dans notre espace.
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Message Posté Mar 21 Jan - 19:42.


« Les blessures des yeux d’œdipe, qui ont saigné si longtemps, se cicatrisent. »



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    « Essayez de vous relever, doucement. » Il tremble, mais ses muscles sont bandés. Il tremble, mais son courage est dégainé. Il tremble, mais il ne veut pas abandonner. Il tremble, mais c’est son combat. Personne ne peut lui arracher. Personne. « Doucement, M.Häkämies. » Il sourit et attrape la main de l’infirmière, pour se soutenir. Et une fois debout, il réalise qu’il est contre elle, la proximité devenant presque étouffante. Elle rougit, détourne le regard, restant cependant professionnelle au point de ne pas le repousser. « Zadig, c’est mon prénom. Vu les circonstances, je ne serais pas vexé si vous me nommez ainsi. » C’est à son tour de sourire, révélant une délicatesse fragile, et pourtant une force impressionnante au coin de ses lèvres. « M. Häkämies, je suis contrainte de vous demander de vous reculer. Je suis un peu gênée par les circonstances, justement. » Il plonge son regard dans le sien et y décèle le brin de malice qu’il recherche désespéramment. Alors, il se recule, chancelant. Il n’est pas certain qu’il pourra tenir plus longtemps ainsi, son dos figé dans la douleur et ses jambes plus indécises que jamais. « Encore un peu plus, voulez-vous bien ? » Il accepte et continue de s’éloigner d’elle, ses yeux plongés dans l’immensité des siens, essayant de faire céder les barrières, d’exploser les principes. Soudain, elle fronce les sourcils, et ce n’est plus elle qu’il voit. Ce n’est plus l’infirmière. C’est l’autre, l’inconnue de cette nuit. Son cœur a un raté, et il se sent tomber. Alors instinctivement, comme un vieux et increvable réflexe, il sert la main de l’infirmière, comme s’il serait celle de son inconnue. « Et bien, vous avez réussi à faire quelques pas. Vous voyez, tout est possible…Zadig. Etrange prénom, d’ailleurs. » L’inconnue aurait pu dire la même phrase, entre ses lèvres rougies par la peur et l’horreur. L’inconnue qui se trouvait aujourd’hui en face de lui. Plus vivace et véritable que jamais. Loin de ses rêves chimériques.

    Il se sentait si faible devant elle. Devant sa colère, devant son incompréhension. Devant les souvenirs qu’elle ravivait. Il se sentait si faible…Mais pourtant, elle lui redonnait une étrange puissance. Elle lui permettait de combattre quelque chose d’incompréhensible, de combattre des pensées qu’il ne jugeait pas pouvoir écraser. Elle lui redonnait un nouveau souffle. Lui accordait une rédemption non méritée. Elle devenait une chance de survivre, malgré la situation, malgré la difficulté. Elle lui offrait un espoir, une porte ouverte vers une autre vie. Elle devenait la lumière au bout du chemin. Une lumière pâle et insaisissable, mais qui apportait aux hommes une rage de vivre incontrôlable. Qui lui apportait une envie de résister, de lutter. De se relever de l’horreur et de vivre. Vivre.  Les battements de son cœur en devenaient plus dominants, plus intenses. Plus fougueux, plus tendres, plus saisissants. Il n’avait pas ressenti cela depuis longtemps. Il n’avait pas pu. Mais devant, elle, devant son inconnue, tout était remis sur la table, tout était remis en cause. Elle jouait une nouvelle partie. Elle avait les cartes en main.  Il n’était que le pantin de cette scène. Mais le rôle lui suffisait. Il espérait simplement pouvoir continuer à l’avoir prêt de lui, de pouvoir retenir sa main. Il la voulait.

    « Ismène. C’est juste Ismène. Il aurait mieux valu que je ne vous parle pas, que je parte. Comme ça, jamais vous n’auriez pu comprendre qui j’étais. Je serai restée l’atome inconnu. C’est bien être un atome inconnu. Cela permet de ne pas trop fouiller dans sa mémoire, de ne pas en sortir les fantômes qui vous hantent. » Il baissa le regard et nota tout ce qu’elle venait de dire, chacun de ses mots venant buter contre la paroi de son cœur. L’atome inconnu…C’était donc ainsi qu’elle se définissait ? C’était donc ce qu’elle pensait véritablement de tout cela ? Il aurait voulu la rassurer, il aurait voulu répondre, apporter une nouvelle pierre à l’édifice fragile qu’ils construisaient, mais il ne restait concentré que sur son prénom, sur cet atome inconnu, sur cette femme. Ismène. La fille incestueuse d’Œdipe. Alors, elle aussi, son prénom était marqué par la littérature, par des écrits affranchis, par des histoires qui ne pourraient jamais leur appartenir ? Elle aussi, était maudite à vie, pour ne pas avoir pu choisir sa famille ? Son père, sa mère Jocaste ?  Pauvre Ismène…Œdipe était sur la route de Bauchau, Antigone et Clios accompagnant le vieil homme et elle restait seule, dans les murailles dorées de Thèbes. Ismène…résonnant dans sa tête comme une douloureuse litanie. C’était étrange de voir à quel point ils étaient liés, par des détails insignifiants mais pourtant primordiaux à l’oreille de ceux qui savent écouter ou aux yeux de ceux qui veulent voir. Il y avait d’abord leur histoire commune, magnétisant les souffrances et les souvenirs poignants, puis le reste : la facilité déconcertante avec laquelle leurs mains pouvaient se frôler, se compléter, les stigmates d’un passé gravées dans les striures de leurs paumes ; leurs regards aux reflets océaniques qui se glissaient l’un vers l’autre avec autant d’horreur que de curiosité ; leurs courbures exprimant des cauchemars similaires, du sang aux cris, de la lumière aux nuits sombres et impénétrables ; puis enfin, leur destin…chacun devant lutter avec les histoires de leur dénomination respective. Il y avait Ismène, la tendre sœur d’Antigone, bafouée par la malédiction d’Œdipe, celui ci même étant son créateur et son bourreau. Puis il y avait Zadig, dont l’héroïsme était perdu sous la plume de Voltaire. Finalement, ils n’étaient pas les véritables héros de ces livres : ils subissaient l’un comme l’autre le Destin.

    « Regardez-moi. » Il s’exécuta. Pourtant, il ne fuyait pas son regard. Mais quelque chose en lui devait le retenir de la contempler avec exactitude. Il devait juste observer les ombres qui reflétaient sur son visage blafard, dont le sang avait quitté le corps dès l’instant où les souvenirs avaient imprégné l’esprit.  Alors dès que cette voix empreinte de puissance et pourtant de fragilité avait brisé le silence courroucé de jugements de la pièce vide, il avait pu enlever le voile. Aveugle jusqu’alors, il devenait voyant. Tout était plus chatoyant, et pourtant plus ardu à voir avec précision. Et elle était au centre. Mais était-ce véritablement la réalité ? Etait-ce le pâle reflet de ses souvenirs ? Etait-ce l’hologramme qu’elle préférait renvoyer au lieu d’elle, entière et authentique ? Qui es-tu Ismène ? Que caches-tu ? Quelle est ton histoire ? Qu’il y a-t-il au plus profond de toi ? Comment sera ta peau sous mon toucher ? Ismène, je te vois. Je te vois très bien. Mais je ne sais pas où est la limite entre mes souvenirs et ce que nous vivons.  Pourtant, mon regard ne se détache plus de toi.

    « Vous êtes le même. Vous avez changé, comme moi j’ai changé. Et vous définir à cause de votre canne, de vos blessures, c’est ridicule. Vous savez que vous êtes plus que cela. Moi je le sais. D’autres le savent. On évolue. Parfois dans le mauvais sens, parfois de la mauvaise manière. Je resterai la voix qui vous criait de rester en vie et vous resterez le corps tremblant auquel je me suis accrochée. Mais vous savez, je suis contente de voir que vous êtes plus que le fantôme de mes cauchemars, c’est rassurant de voir que l’on gagne parfois sur nos songes. » Le même ? Elle se trompait si facilement sur la réalité. Il était devenu un mensonge. Bien entendu, qu’il était plus qu’une canne ou qu’une blessure, mais rien n’était vrai aujourd’hui. Ses blessures étaient devenues son identité à travers tous les simulacres qu’il se forçait à dessiner. A dessiner pour elle…pour Lotta, sa tendre et splendide petite sœur. Ah Lotta…il revoyait son sourire, comme on revoit la lumière divine. Il revoyait ses yeux comme on revoit le bonheur, à l’état pur. Elle n’était pas un mensonge. Elle n’était pas le vide. Elle était entière, créatrice et passionnée. Lotta…Si loin de lui et pourtant si près. Mais ce qu’il y avait de plus cruel dans cette danse de pensées et de souvenirs…c’est qu’il la voyait comme si elle avait disparu, comme si elle était morte. Car dans le fond, c’est ce qu’il y avait de plus simple pour continuer à jouer cette comédie. Se rappeler qu’elle n’était pas si loin finalement, pousserait le vice à son apogée, si bien qu’il céderait un jour, pour la voir une dernière fois.

    Oui, elle resterait la voix. Oui, il resterait le corps meurtri. Mais, il y avait d’autres choses à partager, d’autres choses à combler. Ils n’étaient pas cantonnés à un rôle. Il y avait une suite à l’histoire. Une suite à leur passion. Il s’approcha d’elle, doucement, presque un mouvement imperceptible. Il nota les variances de son regard. Sévère, il prenait des teintes plus douceâtres et plus délicieuses. Mais, à l’intérieur, une flamme continuait de jaillir. Elle ne s’éteignait jamais, ne faiblissait pas. Elle restait là, dans ses iris, dans ses yeux, dans son regard. Et cela lui rappelait une musique. On entendait en premier lieu une tendresse dans les notes. Molles et apaisantes. Mais derrière, elles prenaient des accents plus graves. Plus violents. Plus vivaces. Ismène jouait de ses yeux comme de la musique, liant la mélodie au rythme de ses émotions. Et cela ne faisait qu’augmenter l’amour et l’attachement tortueux  qu’il lui portait. Son inconnue aux notes sucrées et suaves…Mais il savait aussi que tout cela n’était qu’un vague sentiment venu des profondeurs de ses souffrances, qui finirait par se taire, par son illogique et son incohérence. Ce n’était qu’une gamine. Une simple gamine. Et il ne l’aimait pas de la façon conventionnelle dont les hommes aimaient les autres. Il l’aimait, d’une manière unique. L’amour a plusieurs visages.

    « Je veux apprendre. Laissez-moi apprendre. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Peut importe la manière, mais je veux apprendre ce qui me revient. Je ne veux pas être inutile. » Apprendre…quel doux mot et pourtant quelle source d’espoirs et d’avenir. Il baissa les yeux, tiraillé entre plusieurs interrogations et finit par reprendre une cigarette, ses gestes se faisant plus las, plus fatigués. Apprendre…que pouvait-il lui offrir ? Que pouvait-il donner ? Rien, finalement, rien qui ne compromettrait son image et ses secrets. Mais c’était elle…c’était son inconnue…c’était Ismène. Il alluma la cigarette et se mit à fumer intensément. Comme s’il espérait mourir plutôt que de choisir. Plutôt que de devoir avancer. Plutôt que de devoir apprendre. Le silence pesait sur eux, engourdissait chaque souffle. Puis la décision fut prise.

    « D’accord. » Il se rapprocha d’elle, sa carrure venant se figer auprès de cet être incompréhensible, ses yeux perçants se glissant sur son visage jusqu’à son regard. Il soufflait le chaud, le froid. Mais il ne jouait pas. Il était attiré par ce qu’elle était. Il voulait sentir sa peau sur ses doigts, sur ses lèvres. Il voulait se rappeler d’elle, au moment les plus douloureux de son existence. Il ne voulait pas briser ce qu’il avait fait d’elle, de son image. Il voulait garder son inconnue, mais y découvrir la curiosité de ce qu’elle était entièrement. Alors comme pour sceller sa confirmation à sa requête aussi légitime que respectable, il prit sa main. Ultime souvenir, ultime signe. Cette main…et il déposa sur sa joue un baiser tremblant, comme le remerciement qu’il ne pourrait jamais dire véritablement. Comme pour lui souffler cette promesse qui lui faisait. « Vous n’êtes pas inutile…Ismène. » Il respira son parfum et s’éloigna enfin d’elle, le vice ayant été  poussé à son paroxysme.

    « Mais, il va falloir faire les choses correctement. Il va falloir... » Garder mes secrets… « Garder des règles précises. » Il enchaîna. « Je sais que ce n’est pas forcément évident à comprendre, mais…je ne suis pas plus libre que vous. Je suis…un pantin dans une comédie que je ne maîtrise que rarement. » Il fallait qu’il lui avoue. Qu’il lui avoue que son allégeance à Pritchard n’était qu’une utopie, qu’une carte falsifiée pour préserver ceux qu’il aimait. Il fallait qu’il avoue…décharger ce lourd secret, un jour. « Mais avant cette discussion que nous devons avoir aujourd’hui…je dois vous demander quelque chose. Vous faire promettre…un serment inviolable. Oui. Après tout la mort nous lie depuis le début, n’est-ce pas ? » Il relança quelques sortilèges de protection. Il était prêt à dévoiler le reste de l’iceberg. La partie sous l’eau.

    « Je… je…sachez que ce n’est pas si facile. Si évident. Mais tout cela, est une immense mascarade. Oui, Ismène, une mascarade. Je suis soumis à des devoirs que je ne pourrais jamais refuser. Le premier, est de garder mon image. De garder cette allégeance à Pritchard. Cette terrible allégeance. Et cela, pour des raisons que vous ne pouvez comprendre. Pour des raisons que je ne peux dire, pas encore, pas maintenant. La deuxième, c’est vous. Aussi étrange que cela soit, vous venez de rentrer dans le cercle aussi privilégié que terrible, des gens auxquels je dois m’agenouiller. Mais comment concilier les deux ? La seule façon…la seule façon…c’est de savoir que jamais vous ne parlerez. Jamais vous ne céderez à la tentation de révéler le marché que nous allons établir. J’achète votre silence par la force…mais je l’achète pour nous deux. » C’était incompréhensible. Il ne savait comment dire les choses, comment les mettre à exécution. Il ne savait comment cacher ses propres sentiments ni même comment les révéler. Il était perdu dans une étrange situation de malaise. « Je m’excuse pour mes propos, que je sais flou et difficile à comprendre. Acceptez-vous simplement le serment inviolable ? » Il espérait que jamais elle ne lui demande pourquoi il faisait cela pour elle. Il espérait qu’elle comprendrait naturellement. Il espérait qu’elle se souviendrait de son pouls bringuebalant lorsqu’il avait pris sa main…il espérait.
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