Please don't make fun of me

Bien qu’il n’ait rien demandé, Maxence s’était vu assigner un binôme pour ces jeux olympiques. Le directeur de l’académie, contre qui Maxence nourrissait une animosité naissante à cause de ses décrets lui causant une grande détresse, estimait que c’était le devoir des Français, qui après tout accueillaient ces jeux olympiques.

Il s’était donc fait violence pour écrire une lettre à cette anglaise, dans la langue de cette dernière qu’il maitrisait après tout parfaitement l’ayant employée à de nombreuses reprises dans les différents pays où ses parents avaient déménagé avant la naissance de sa petite sœur. Il n’avait pas évoqué ses tocs, bien trop mal à l’aise à l’idée qu’elle se rit de lui et que leur collaboration se passe mal. Oh, bien sur, il reculait l’inévitable : aussi gentille qu’elle lui avait paru dans les courriers qu’ils avaient échangés, il ne faisait nul doute qu’elle se moquerait de lui une fois qu’elle verrait qu’il avait des TOC, et qu’il n’y résistait.

Ils s’étaient donnés rendez-vous au village olympique, dans le salon de thé créé dans ce dernier. Il avait privilégié ce dernier contrairement aux deux autres boutiques car il serait alors peut-être moins plein. Il n’avait toutefois pas pensé au froid mordant qu’il ferait, et au fait que les gens s’y précipiteraient pour se réchauffer avec une boisson fumante. Il constatait d’ailleurs, effaré, la foule qui se précipitait à l’intérieur du magasin. Heureusement, prévoyant, il avait réservé une table là-bas, un peu à l’écart des autres pour son propre confort.

Il attendait donc à l’entrée de Tea for Two, largement en avance d’une demi heure, voire d’une heure. Il faisait les cent pas pour tenter de calmer son stress, mais sa progression était rendue difficile, pas uniquement à cause de la foule, mais aussi à cause de l’application qu’il mettait à éviter un certain motif sur le sol, qui lui donnait une apparence étrange, comme quelqu’un de désorienté. La plupart des gens le regardaient curieusement, se demandant probablement s’il était sous l’emprise d’un alcool ou d’une drogue quelconques. Le jeune Hestia ne s’en rendait même pas compte, absorbé par sa tâche. Il en avait même oublié de regarder si la jeune anglaise qu’il devait accueillir arrivait.

A vrai dire, quand bien même il aurait regardé, il ne l’aurait probablement pas reconnue. Elle ne s’était que sommairement décrite dans les lettres qu’il avait reçues d’elles, et il ne savait pas du tout à qui s’attendre. Il espérait toutefois qu’ils se reconnaitraient rapidement, pour lui épargner la gêne de passer pour une idiot incapable de saluer convenablement la personne qu’il attendait. Mieux, il espérait qu’elle le reconnaitrait, et lui éviterait donc cet embarras.

Il tournait en rond depuis un moment déjà, ayant continué à faire les cent pas, tout en s’étant mis à compter les différents motifs de losange qu’il évitait soigneusement sur le sol.

Fiche (c) Espe

Please tell me everything will be alright

Maxence avait finalement décidé d’entrer dans la boutique, ayant bien trop froid, et se disant que sa correspondante forcée pourrait plus facilement l’y retrouver, vu la marée humaine qui défilait devant lui dans la rue. Il était donc entré, à proximité de la table qu’il avait réservé, et avait repris ses cent pas, évidemment aussi méticuleusement qu’à l’extérieur un motif de losange qui étrangement se retrouvait dans le salon de thé aussi.

Absorbé par sa tâche et ses pensées, il sursauta quand il entendit une voix proche de lui, et se retourna prestement. Une jeune fille blonde et très souriante le regardait, lui tendant la main, attendant visiblement un geste de sa part. Le temps qu’il reprenne ses esprits et assimile ses propos fut un peu long, mais il sourit légèrement à son tour. Ainsi, elle était venue, et n’avait pas fuit devant son comportement jugé depuis longtemps inadapté ? Elle n’était peut-être pas comme tous ces gens qui le jugeaient, se moquaient, le persécutaient, en quelque sorte.

« C’est bien moi. Je suis heureux que tu m’aies reconnu, j’avais peur d’aborder la mauvaise personne, et de passer pour un idiot… une fois de plus. »

Il avait baissé la voix, comme s’il s’agissait d’un réflexe, bien que cette phrase lui ait échappée. Il ne voulait pas importuner son interlocutrice avec ses problèmes inintéressants, et décida donc de changer de sujet… quand il constata la main qu’elle avait tendue vers lui, qu’il avait vue sans la voir. Instantanément, il rougit, extrêmement mal à l’aise. Il se mit à parler, et même à bafouiller.

« Je… Je suis dé… déso… désolé, je ne… peux… »

Il ne finit pas sa phrase, remarquant que sa main tremblait. Ce qu’il s’apprêtait à dire, ce refus de serrer sa main qu’il allait prononcer avait été stoppé net, quand il avait vu cela. Elle s’exposait ainsi, alors que de tels tremblements ne devaient pas être normaux, et il allait lui nier le droit de se saluer ainsi ? Bien évidemment, cette peur du contact avec les autres venait de sa maladie, mais elle se montrait si courageuse qu’il avait lui même honte. Hésitant, approchant puis retirant légèrement sa main, il finit par la serrer. A sa plus grande surprise, le contact ne fut pas désagréable. Nombre des élèves de Beauxbâtons s’étaient amusés à le toucher, sachant combien cela le déranger, juste pour rire du toqué de l’école, et le contact avait été extrêmement désagréable, le consumant, s’appropriant la partie touchée.

Rien de cela n’avait lieu avec Fulmina. Etait-ce parce que, grâce à ce simple geste, elle avait impressionné l’Hestia ? Etait-ce parce qu’il se sentait le désir de lui montrer qu’il ne craignait pas ce qui causait le tremblement de sa main, de son bras ? Il n’en savait trop rien, mais ce geste qui aurait semblé anodin pour n’importe qui d’autre l’avait un peu détendu. Très peu, mais suffisamment pour qu’il mène la jeune anglaise à la table qu’il avait réservée, éloigne la chaise pour qu’elle s’assoit, et s’assoit à son tour. Il fixa ses yeux sur la tasse en face de lui, et commença à jouer avec l’anse de celle-ci, de manière frénétique. Son visage apparaissait concentré, comme si ce qu’il faisait était d’une capitale importance.

Maxence aurait voulu briser ce rituel, mais il en était purement incapable. Il n’arrivait pas à arrêter le parcours de son doigt répétant inlassablement la forme circulaire de l’anse. C’était plus fort que lui, indépendant de sa volonté, il devait reproduire ce geste quatre vingt huit fois. Ce nombre s’était imposé à son esprit, et il était incapable de s’arrêter. Il était anxieux, à nouveau, que Fulmina décide de partir. Une fois son rituel fini, il se fit violence pour chasser toute pensée néfaste de sa tête qui pourrait lui faire recommencer son manège, qui pour une fois était discret et n’avait pas attiré l’attention des autres clients, et sourit légèrement.

« Je suis… désolé… C’est plus… plus fort que moi… Tu veux quelque chose à boire ? Tu veux que j’app… j’appelle un serveur, pour le menu ? Il fait… fait froid dehors, tu dois vouloir te réchauffer. »

Maxence, malgré sa maladie, ne bégayait pas. Ca n’était pas un de ses symptômes. Quelques fois, cependant, lorsqu’il était intimidé, ou plus stressé qu’habituellement, il lui arrivait de buter sur les mots. Il détestait que ça lui arrive en temps normal, et encore plus actuellement en présence de quelqu’un qui ne connaissait pas sa maladie… mais qui devait avoir compris que quelque chose n’était pas normal, ne serait-ce que par le fait qu’il n’ait pas parlé, alors qu’il agissait bizarrement avec sa tasse. Il ne supporterait pas de passer ces jeux olympiques avec quelqu’un qui rirait de ses TOC, bien qu’il ne le réalise pas, et cela ajoutait à son stress déjà bien grand.

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